Aux confins du sud-ouest de la Chine, non loin de la frontière Tibétaine, réside un peuple qui intrigue le reste du monde pour ses coutumes, mais surtout pour sa vision de l'amour et de la relation intime. Les Mosos sont le dernier peuple matriarcal et ont gagné le titre de communauté-modèle à l'occasion du cinquantième anniversaire de l'ONU.
Les femmes, au centre de la communauté
Les femmes, au centre de la communauté
L'harmonie comme principe de vie.
Chez ce peuple matriarcal, le mariage n'existe pas. Chacun est libre de vivre sa sexualité comme il l'entend, mais sans la notion d'engagement. Pour eux, le mariage représente une menace à l'harmonie ; une valeur essentielle pour laquelle chacun oeuvre, l'harmonie passant avant toute chose, notamment l'argent. Ainsi, ils estiment qu'être marié revient à se vendre dans une forme d'illusion : les Mosos pensent qu'il est insensé de se promettre la passion éternelle, puisque personne ne sait de quoi demain sera fait.
Aucune promesse, aucune trahison.
Les principes économiques d'une famille reposent sur tous les membres qui la composent. Chaque personne a un rôle à jouer, il est donc impensable qu'il quitte le foyer pour un amour qu'il peut de toute manière fréquenter à sa guise. Le fait de refuser le mariage inclut donc une sexualité vécue librement, sans domination entre les sexes et sans fidélité.
Cela ne signifie pas qu'un homme et une femme, tous deux amoureux, aillent coucher dans le lit d'autres partenaires. Simplement ils ne jugent pas nécessaire d'en faire une promesse, puisque celle-ci pourrait être brisée. Lorsqu'une séparation survient, elle se fait dans la douceur et le respect de l'autre. Chacun faisant en sorte que l'harmonie persiste.
L'amour sans tabou.
Dès l'âge de 13 ans, les enfants atteignent leur majorité. Les filles obtiennent leur propre chambre et sont donc libres de découvrir le sexe, mais peuvent prendre tout le temps nécessaire jusqu'à ce qu'elles se sentent prêtes à devenir femme. Au début d'une relation elles restent discrètes, car elles ne sont pas forcées de révéler le nom de celui qui escalade la maison et se glisse dans leur chambre, à leur famille. Lorsque l'amour est là, alors le compagnon est accepté au même titre qu'un ami de la famille, il pourra aider dans la maison et s'occuper des enfants de sa bien-aimée, qu'ils soient de lui ou non.
La place de la mère.
Les pères biologiques ne sont pas contraints de visiter leur progéniture. Chez les Mosos, ce sont les oncles qui détiennent le rôle de père. Ils traitent leurs neveux et nièces comme nous nous occuperions de nos propres enfants. Pour eux, il est donc primordial que leur soeur ait une descendance. Les oncles ont bien plus de droits que les pères sur leurs enfants. Lorsque la mère de famille décède, c'est sa première fille qui est destinée à la remplacer dans son rôle : elle aussi deviendra "Ama" ou "Dabou", selon le terme employé dans le village. Une "Ama" décide des tâches à accomplir pour la journée et donne les instructions, tandis qu'elle s'occupera de la maison où vivent ses enfants et petits-enfants.
Transmettre les traditions.
Chaque soir, les membres de la famille se réunissent autour du feu qui brûle continuellement grâce à leur mère. Elle veille sur les siens et s'assure que sa première fille prendra, comme elle, son rôle à coeur. Il est important pour elle de savoir que son aînée prendra plaisir à s'occuper de sa famille, ici aussi l'harmonie compte. Parfois les filles destinées à remplacer leur mère auraient préféré étudier, mais les régions qui bordent le lac Lugu manquent cruellement d'instituteurs qualifiés.
Depuis huit siècles, les femmes travaillent dans les champs pendant que les hommes s'occupent des enfants. Mais en dehors de cette mission, ce sont eux qui bâtissent les maisons et gèrent les affaires extérieures au village. Certains d'entre eux sont choisis pour leurs aptitudes scolaires et, si leur mère accepte, sont envoyés au Tibet afin de recevoir une formation de Lama auprès de grands maîtres Bouddhistes. Ils reviendront plus tard au village pour devenir des chefs religieux.
L'art de s'aimer.
Lorsque ces derniers organisent les fêtes célébrant les ancêtres ou la nature, ils ne participent pas aux jeux de séduction des autres Mosos. Ces rites sont l'occasion de danser et de charmer l'autre, sans se cacher. Personne ne viendra juger le choix d'un partenaire ni la manière de le séduire, souvent pleine de poésie par des regards attentionnés ou quelques chatouilles. Tous les Mosos peuvent profiter librement de leurs passions et aiment concevoir le couple comme une relation basée sur l'amour et le sexe.
Que pouvons-nous penser de ce modèle qui exclut la promesse de fidélité ? Pourrions-nous accepter d'aimer sans vivre aux côtés de la personne convoitée ? Nous qui voyons si souvent des couples qui se séparent dans le déchirement, pourrions-nous prendre exemple sur les Mosos ? L'harmonie de la famille est la valeur qu'ils défendent le plus, leurs traditions prouvent qu'ils y parviennent. Ne serait-ce donc pas la clé du bonheur ?