Donald Trump a accepté jeudi de rencontrer prochainement le leader nord-coréen Kim Jong-un, avec lequel il s'était engagé dans une agressive joute verbale depuis son arrivée au pouvoir. Une première historique entre les deux pays, après 70 ans de tensions.
Un soldat sud-coréen passe devant un écran montrant
Donald Trump et Kim Jong-un, le 9 mars, à Séoul.
La fin de sept longues décennies de tensions est-elle proche? Les États-Unis et la Corée du Nord ont entériné jeudi le principe d'une rencontre entre Donald Trump et Kim Jong-un. Si le lieu et la date sont encore inconnus, cette entrevue est d'ores et déjà historique, compte tenu du fait que les deux pays ont connu depuis la guerre de Corée, au milieu du XXe siècle, des relations marquées par de très vives tensions entrecoupées de courtes périodes de dégel.
En 1945, l'occupation nippone de la péninsule coréenne prend fin avec la défaite du Japon à l'issue de la Seconde guerre mondiale. La Corée est divisée selon le 38e parallèle entre un Nord soutenu par les Soviétiques sous le règne de Kim Il-sung, et un Sud protégé par les États-Unis.
En juin 1950, la Corée du Nord envahit le Sud, avec le soutien de la Chine et de l'URSS. Une coalition emmenée par les États-Unis reprend Séoul. En juillet 1953, un armistice, jamais transformé en accord de paix, est signé et Washington impose des sanctions à la Corée du Nord.
En janvier 1968, le USS Pueblo, un "navire-espion" américain, est capturé par la Corée du Nord. Après onze mois de détention, les 83 membres d'équipage américains sont libérés.
Selon Pyongyang, le navire avait violé ses eaux territoriales, ce que les États-Unis ont nié. En 1969, Pyongyang abat un avion de reconnaissance américain.
En juin 1994, l'ex-président américain Jimmy Carter effectue un voyage inédit en Corée du Nord. En octobre, cette année-là, trois mois après la mort de Kim Il-sung auquel succède son fils Kim Jong-il, Pyongyang et Washington signent un accord bilatéral. La Corée du Nord s'engage à geler et démanteler son programme nucléaire militaire, en échange de la construction de réacteurs civils.
En 1999, un an après le premier tir de missile balistique à longue portée, Kim Jong-il décrète un moratoire sur les essais de missiles. Washington allège ses sanctions. En octobre 2000, la secrétaire d'État Madeleine Albright rencontre Kim Jong-il à Pyongyang.
En janvier 2002, le président américain George W. Bush qualifie la Corée du Nord, avec l'Irak et l'Iran, d'"axe du mal". En octobre, Washington accuse Pyongyang de conduire un programme secret d'uranium hautement enrichi, violant ainsi l'accord de 1994.
En août 2004, la Corée du Nord déclare qu'il lui est "impossible" de participer à de nouvelles négociations sur son programme nucléaire avec les États-Unis, traitant le président Bush de "tyran" pire qu'Hitler et d'"imbécile politique". En 2006, Pyongyang lance son premier essai nucléaire.
En octobre 2008, les États-Unis retirent la Corée du Nord de leur liste des États soutenant le terrorisme, en échange du contrôle de "toutes les installations nucléaires" du régime communiste.
Pyongyang figurait depuis 1988 sur cette liste noire en raison de son implication présumée dans la destruction d'un avion de ligne sud-coréen en 1987, qui a fait 115 morts.
En janvier 2016, un étudiant américain, Otto Warmbier, est arrêté puis condamné à 15 ans de travaux forcés pour le vol d'une affiche de propagande. Il est mort en juin 2017, une semaine après avoir été rapatrié dans le coma aux États-Unis.
Plusieurs Américains ont été emprisonnés des années avant de recouvrer la liberté. Trois d'entre eux sont toujours détenus.
Le 2 janvier 2017, Donald Trump affirme que la Corée du Nord ne sera jamais en mesure de développer une "arme nucléaire capable d'atteindre le territoire américain". En juillet, Pyongyang procède à deux tirs de missile intercontinental: "Tout le territoire américain est à notre portée", déclare Kim Jong-un, fils cadet de Kim Jong-il, qui a succédé à son père en décembre 2011.
Le 8 août, Donald Trump promet le "feu et la colère" sur le Nord, trois semaines avant que Pyongyang n'envoie un missile balistique au-dessus du Japon. Le 3 septembre, les Nord-Coréens réalisent leur sixième essai nucléaire, affirmant avoir testé une bombe H.
Après avoir menacé devant l'ONU de "détruire totalement" la Corée du Nord et qualifié son dirigeant d'"homme-fusée" embarqué dans une "mission suicide", Donald Trump fait voler le 23 septembre des bombardiers américains près des côtes nord-coréennes. Une réponse à l'éventualité émise par Pyongyang d'un essai nucléaire dans le Pacifique. Réplique immédiate de la Corée du Nord, qui menace d'abattre les avions à l'avenir et accuse Donald Trump de lui avoir "déclaré la guerre".
En février 2018, les Jeux d'hiver de Pyeongchang, en Corée du Sud, marquent un rapprochement soudain des deux Corée et des émissaires des deux pays se rencontrent à Pyongyang. Le conseiller à la sécurité de la présidence sud-coréenne, Chung Eui-yong, Kim Jong-un évoque la possibilité d'un "dialogue franc" avec les États-Unis pour discuter de la dénucléarisation et assure qu'il suspendra tout essai nucléaire ou de missile pendant ces discussions.
Le 8 mars, lors d'une visite à la Maison-Blanche, Chung Eui-yong annonce que Kim Jong-un a invité le président Trump à une rencontre d'ici mai. La présidence américaine confirme que Donald Trump a accepté cette invitation.
|