- Le diabète de type 1
La seule manière de corriger cette carence consiste à pratiquer des injections exogènes d’insuline. Le diabète de type 1 survient le plus souvent chez l’enfant, voire le nourrisson, l’adolescent et l’adulte jeune. Le début est pratiquement toujours assez aigu.
Le diabète de l’enfant est aisément décelable, du fait que l’enfant boit beaucoup (polydipsie) et urine énormément (polyurie) : on parle alors de polyuro-polydpsie (PUPD). A ces deux signes s’ajoute aussi l’amaigrissement. C’est même parfois d’emblée un coma.
Ce diabète, aussi appelé insulinodépendant, nécessite ainsi plusieurs injections par jour. Ce qui nécessite une constante implication des patients ou des parents, même si de nouveaux dispositifs permettent aujourd’hui d’alléger le fardeau de leur quotidien.
Une dernière donnée : la fréquence du diabète de type 1 est en augmentation. "Facteurs épigénétiques, hormonaux ou autres perturbateurs endocriniens, son taux de prévalence est de 4,5 % par an
- Le diabète de type 2 (93 % des patients).
- Un état prédiabétique, avec une glycémie un peu élevée, de manière régulière. A ce stade-là, il est important de mettre en place des mesures hygiéno-diététiques, dont une activité physique régulière et régulation de l’alimentation avec une diminution des apports caloriques et en sucre – objectif, perte de poids de 5 à 10 % – c’est le plus souvent réversible, ce qui vaut aussi pour un diabète débutant ;
- L’entrée dans le diabète, maladie chronique qui s’accompagne au fil du temps d’un certain nombre de complications, avec des atteintes des nerfs ou des artères, nécessitant un suivi médical strict, tout en poursuivant une activité physique adaptée.
Insidieuse, cette forme de diabète, de loin la plus répandue, peut longtemps passée inaperçue. "Entre 20 et 30 % des patients sont diagnostiqués au moment d’une complication, c’est-à-dire un infarctus, une insuffisance cardiaque, un accident vasculaire cérébral ou plus récemment une Covid.
Et si le diabète de type 2 a longtemps été considéré comme une maladie liée à l’âge – âge moyen de diagnostic, 67 ans –, il a tendance aujourd’hui à affecter des personnes de plus en plus jeunes. "Aux Etats-Unis, 40 % des adolescents seraient prédiabétiques, en raison d’un surpoids important dans cette population". De fait, le diabète de type 2 est souvent lié au mode de vie. L’occidentalisation de l’alimentation dans certaines régions du monde jusque-là épargnées, comme l’Asie et même l’Afrique, est à l’origine d’une flambée de cas de diabète de type 2.
- Le diabète gestationnel
- Le diabète insipide
- Quelles sont les causes du diabète ?
Diabète de type 1
Ce diabète, qui correspond à une diminution, puis à un arrêt de la production de l’insuline par le pancréas, est due à une réaction anormale du système immunitaire. On parle de maladie auto-immune, liée à une prédisposition génétique. Des facteurs environnementaux, comme le stress ou l’exposition à des toxines, seraient responsables de son développement. Le risque d’être atteint d’un diabète de type 1 est plus élevé lorsqu’un parent proche, père, mère, présente lui-même un diabète de type 1. Il y a une prévalence familiale nette.
Diabète de type 2
Le risque de survenue de cette forme de diabète existe si la personne présente une prédisposition génétique. Par exemple, les enfants de mères diabétiques ont plus de risque d’avoir du diabète. Mais d’autres déterminants sont grandement suspectés d’être associés, tels le mode de vie : alimentation, sédentarité, tabac.
Quels sont les facteurs de risque ?Le sexe, en tout cas dans le diabète de type 2 qui touche davantage les hommes que les femmes – inégalité qui pourrait se résorber en raison de la part plus importante de femmes qui fument et/ou sont inactives, entre autres ;
Le tabac ;
La sédentarité ;
Le surpoids et l’obésité abdominale (tour de taille) ;
Une alimentation trop riche en sucre, en graisse et plats ultra-transformés.
Le tabagisme, l’hypercholestérolémie et l’hypertension artérielle sont souvent associées au diabète de type 2. "Entre 60 et 70 % des diabétiques de type 2 sont hypertendus, c’est pourquoi la Fédération française des diabétiques fait régulièrement des campagnes de prévention sur ce lien entre hypertension et diabète, comme pour le tabac", rappelle Jean-François Thébaut.
Et d’ajouter que les personnes atteintes de diabète sont également sensibles aux infections : "L’étude EPI-phare de pharmaco-épidémiologie montre une sur-prescription de traitements antidiabétiques dans la phase post-Covid. Reste à savoir si le virus en est vraiment la cause ou s’il ne s’agit pas plutôt de la conséquence du changement de nos habitudes de vie, notamment durant les confinements successifs".
Quels sont les symptômes ?
Les symptômes sont différents en fonction des diabète.
Diabète de type 1
Soif intense, envie d’uriner, fatigue, perte de poids sont parmi les symptômes les plus fréquents.
Diabète de type 2
Il n’y a pas de symptômes à proprement parler. Le diabète de type 2 évolue à bas bruit et ce sont souvent les signes d’une complication qui alertent, comme une infection au niveau des pieds, un problème de vision ou le besoin d’uriner. Entre 20 et 30 % des diabétiques diagnostiqués sont déjà au stade des complications.
Comment pose-t-on le diagnostic ?
En l’absence de signes, notamment pour le diabète de type 2, il faut penser à faire des bilans sanguins réguliers, si rien ne nécessite d’en faire plus souvent. Ne pas hésiter à le demander à son médecin traitant de faire doser sa glycémie. Le risque, c’est que le diagnostic soit posé à l’occasion de la survenue d’une complication, c’est-à-dire à un stade déjà avancée de la maladie.
Bon à savoir : il existe un test pour calculer son risque de diabète de type 2 pour les dix prochaines années. "Mis au point et validé par la Finlande, le FINDRISC, il consiste en 8 questions très simples et standardisées, avec un score sur 25, décode Jean-François Thébaut. Un score supérieur à 12 au terme de ce questionnaire signifie un petit risque d’avoir du diabète, etc., jusqu’à 20 et plus, un résultat synonyme de risque important". En conclusion, quel que soit votre âge, un score supérieur à 12 – voire 15 – doit vous conduire à faire une prise de sang. La Fédération Française des diabétiques le propose chaque année, lors d’une semaine nationale d’information et de prévention.
Un taux de glycémie supérieur à 1,26 g/l, à jeun, à deux mois de distance, marque l’entrée dans le diabète.
Quels sont les traitements ?
La prise en charge doit toujours être médicale.
Les enfants sont suivis par des pédiatres spécialisés en diabétologie. Les adultes atteints de diabète de type 1 le plus souvent par des médecins spécialistes en diabétologie. Les personnes atteintes de diabète de type 2 sont généralement prises en charge par leur médecin généraliste. Mais un avis spécialisé auprès d’un diabétologue est très utile, dans la plupart des cas, et devient indispensable quand le diabète s’aggrave et se complique, en particulier lors qu’il nécessite l’adjonction d’une insulinothérapie.
Diabète de type 1
Le traitement de référence reste l’insuline. Elle peut être injectée sous forme de piqûres, journalières ou plurijournalières, en fonction du taux de glycémie, de son activité et de son alimentation : on parle d’insulinothérapie dynamique. Concrètement le patient adapte les doses selon ses besoins. Deux moyens de surveillance de la glycémie : les glucomètres (une petite piqûre au bout du doigt) ou, plus récents et plus efficients, les capteurs de mesure du glucose en continu. L’injection d’insuline peut aussi être faite par des pompes à insuline ou des pompes dites à boucle semi-fermée ou hybrides qui associent un capteur de glucose, une pompe pour injecter l’insuline et un algorithme d’intelligence artificielle qui calcule la dose en fonction du taux de glycémie.
Et cela peut également être nécessaire pour les diabétiques de type 2 traités par insulinothérapie en piqûres ou par pompe, après épuisement des autres mesures thérapeutiques médicamenteuses, souligne Jean-François Thébaut.
Diabète de type 2
La prise en charge passe d’abord par un traitement non médicamenteux. Activité physique adaptée et ajustements diététiques, puis par des médicaments, la metformine, très souvent au début, seule ou associée à d’autres molécules. En fonction du profil du patient et de l’évolution de la maladie, on s’oriente vers un traitement personnalisé. Objectif, stabiliser le diabète et prévenir les complications. Et si cela ne suffit pas, le traitement sera l’insuline.
Le patient doit s’astreindre à un dosage sanguin régulier de l’hémoglobine glyquée. Cet indice renseigne sur le taux moyen de glucose au cours des 2 à 3 précédents mois. En fonction du résultat, des mesures pourront être prises pour corriger une éventuelle hausse de ce marqueur. Un diabète bien équilibré correspond à un dosage de < 7 % à adapter en fonction de l’âge et des complications.
Quelles sont les complications ?
Elles sont de deux ordres :
- La microangiopathie diabétique. Trois organes cibles principalement : la rétinopathie diabétique, 1ere cause de cécité en France, la néphropathie, 1ere cause de dialyse du rein, et la neuropathie périphérique, 1ere cause d’amputation ;
- La macroangiopathie diabétique. Cette complication correspond à l’atteinte des gros vaisseaux (infarctus, artérite des membres inférieurs et AVC). Les deux tiers des patients diabétiques décéderont des suites d’un accident cardio-neuro-vasculaire.
Pour dépister ces complications parfois sans signe d’alerte ou non ressenties (insensibilité au niveau du pied, par exemple) et prévenir le risque d’aggravation, le patient diabétique doit effectuer régulièrement un certain nombre d’examens et de bilans de prévention des complications (prévention tertiaire).
Comme le stipulent les recommandations de la Haute Autorité de santé, ces examens sont pris en charge par l’Assurance maladie :
En ophtalmologie, avec un fond de l’œil tous les ans ou deux ans, selon la gravité du diabète ;
- En cardiologie, avec un électrocardiogramme, voire une épreuve d’effort tous les ans ou deux ans, selon sévérité. Une échographie-doppler au niveau des artères du cou est également indiqué pour repérer d’éventuelles plaques d’athérome ;
- En podologie, une visite annuelle pour vérifier qu’il n’y a pas de plaie à même de s’infecter – insensibilité du membre ;
- Une prise de sang par an au minimum, avec une recherche d’albumine dans les urines pour s’assurer que la fonction rénale est satisfaisante ;
- Une hémoglobine glyquée tous les 3 mois pour vérifier que le diabète est équilibré, pour éviter un coma diabétique.
Sans oublier le rendez annuel chez le chirurgien-dentiste : les patients diabétiques sont plus sujets aux infections bactériennes gingivo-buccales qui, si elles ne sont pas soignées, peuvent migrer dans l’organisme. Or l’insensibilité induite par le diabète peut retarder la prise en charge d’une gingivite ou d’une parodontite.
Vivre avec le diabète : quelles implications?
Quelles doses d’insuline, que vais-je manger, ai-je contrôlé ma glycémie, etc. "On dit qu’une personne qui a un diabète sous insuline est obligé d’y penser une centaine de fois par jour", témoigne Jean-François Thébaut qui plaide en faveur de l’élargissement de la mise à disposition des lecteurs de glycémie en continu pour tous ceux qui le souhaitent soit pour surveiller leur glycémie soit pour apprendre à mieux se connaitre : c’est le principe de l’éducation thérapeutique du patient.
Entre les prises médicamenteuses quotidiennes contre le diabète, les différents examens de dépistage et tous les autres traitements à prendre, en prévention des maladies cardiaques ou de l’hypertension, etc., le diabète est une maladie à plein temps qui impacte durablement des changements de modes de vie. D’où l’intérêt de l’accompagnement et de l’éducation thérapeutique des patients, des échanges entre patients, via les cafés-rencontres et les réseaux sociaux, et des ateliers proposés par les associations de patients, à l’instar de la FFD avec le Slow Diabète, un programme d’accompagnement virtuel en vingt-et-un jours, avec deux contenus, selon le type de diabète dont on souffre.
Stress, sommeil, exercices physiques et nutrition : ces échanges sont l’occasion de conseils sur l’hygiène de vie, l’une des clés du traitement du patient diabétique.
Quelle alimentation ?
Le mieux, c’est de consulter un diététicien, au moins au début, pour mettre en place de nouvelles règles, en fonction du profil du patient (sportif ou non, etc.). Mais en dehors des établissements hospitaliers, cette prise en charge n’est pas remboursée par l’Assurance maladie. Toutefois, il convient de privilégier une alimentation équilibrée qui ne bannit aucun nutriment. Glucoses, lipides et protéines doivent être maintenus. Les grandes lignes :
- - Limiter les apports en sucre, en particulier l’alcool, les gâteaux ou les confitures, mais aussi en gras, notamment la charcuterie, sans oublier les produits salés (plats industriels) ;
- -Favoriser les aliments frais et non transformés – légumes, davantage que certains fruits très sucrés, céréales complètes, légumineuses dont l’index glycémique est bas, fruits à coque – le poisson, les produits laitiers, la viande blanche (moins grasse) et les féculents.
- S’il ne faut rien bannir, Jean-François Thébaut invite à faire attention à la taille des portions, en prévention du surpoids. Un suivi alimentaire au quotidien aidera à mieux vous connaître et, donc, à mieux gérer l’équilibre du diabète
- Il faut surtout avoir une grande défiance vis-à-vis des remèdes miracles, notamment proposés sur les réseaux sociaux, qui reposent au mieux sur des déséquilibres nutritionnels potentiellement très dangereux, au pire sur des pratiques sectaires, régimes cétogènes en tête".
- Enfin, l’activité physique adaptée reste recommandée. Marche, vélo, ménage, bricolage, natation, jardinage, etc., tout compte pour peu que ces pratiques soient régulières – idéalement 150 minutes par semaine. Si l’objectif des 10 000 pas quotidiens est effectivement un "gold standard", de récentes études montrent que 6000 pas réduisent déjà le risque cardio-vasculaire de manière importante.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire