Dans nos douars, la grande majorité des femmes accouche à la maison, avec l'aide d'une accoucheuse traditionnelle. L’accoucheuse traditionnelle opère jour et nuit, tous les jours de la semaine, moyennant quelques oeufs ou un pin de sucre ou un peu de farine etc…).
Sa connaissance gynécologique est doublée d’un pouvoir magique. Elle aide l’enfant à venir au monde. Elle parle de manière constante aux femmes qui sont en train d’accoucher; elle masse leurs dos et leurs ventre, tente de soulager leur douleur, en les invitant de respirer de l’air frais et en prenant soin des nouveau-nés après la naissance. Si celui-ci tarde, elle prescrit une toilette intime avec une infusion de cumin, réputé ocytocique, et de la lavande, antiseptique et protecteur contre les mauvais génies. La coloquinte et le laurier-rose sont utilisés pour accélérer les contractions, mais aussi comme abortifs. L’arsenal thérapeutique de la qabla est assez réduit, par contre sa fonction symbolique « donner la vie » est grande. Elle est aussi magicienne et règne sur les rîtes de stérilité demandée par la parturiente. Elle réveille l’enfant endormi (ragued en arabe) ; il s’agit d’une croyance retrouvée dans l’ensemble du Maroc en particulier et du monde arabe en général selon laquelle un enfant peut d’endormir dans le ventre de sa mère, justifiant ainsi une éventuelle stérilité, ou au contraire une grossesse pendant l’absence de son mari. On réveille l’enfant endormi en ingérant un décocté de henné ayant reposé une nuit à la clarté de la lune. La qabla lave aussi les morts. Il s’agit d’une personnage respecté dans notre communauté rurale qui occupe un lieu symbolique redoutable, l’articulation entre la vie et la mort.
Pour accoucher «en soit disant milieu surveillé au centre de santé d’Ain Défali!», les femmes des villages les plus reculés doivent parcourir jusqu'à 30 kilomètres. L'essentiel du trajet est fait en transport clandestin grâce aux « Khattafas des Pic up et des camionnettes 207 », ce qui entraîne pour les familles des coûts considérables. De plus, tous les douars ne sont pas reliés à Ain Défali centre par une piste carrossable, et il n'est pas rare que des femmes enceintes sur le point d'accoucher fassent jusqu'à dix kilomètres à pied pour atteindre la route et l’unique centre de santé de notre commune qui manque de personnel compétent et de matériel.
Ain Défali n'a pas de semblable au Maroc et pour découvrir ses merveilles, le meilleur moyen est de la visiter.
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