Ça a commencé avec une heure de running par semaine. Puis deux. Puis trois. Et puis on a fini par ne plus les compter. S’il est recommandé de faire du sport régulièrement, le trop peut être nocif. Un comportement qui porte un nom : la bigorexie. Reconnue comme addiction depuis les années 90, la bigorexie prend de l’ampleur. On fait le point avec Elliot Rubio, médecin du sport.
Comment repérer une addiction au sport ?
Pas un jour ne passe sans une session à la salle de sport ou un jogging. Et si par malheur on loupe sa séance, c’est le drame : angoisse, sueurs froides, culpabilité… Des signes qui ne laissent que très peu de place au doute. « L’addiction représente une conduite menée par une absence d’indépendance et de liberté ». Elle se caractérise par « un désir compulsif de consommer, un désintérêt global pour tout ce qui ne concerne pas l’activité dont le sportif est dépendant, des troubles du comportement et souvent des signes de dépressions ».
Le plus inquiétant ? « A l’inverse des addictions physiques comme le tabagisme par exemple, l’addiction comportementale est très difficile à détecter, alerte le professionnel de la santé. Lorsque la pratique de l’activité physique est importante, on a tendance à penser que c’est une bonne chose. On n’imagine pas que cela puisse être mauvais pour la santé. Du coup, c’est compliqué de faire la part des choses et de réaliser que son rapport au sport est peut-être devenu malsain ».
Selon l’OMS, la bigorexie se manifeste lorsqu’un sportif amateur dépasse les 10 heures d’activité physique par semaine. « La pratique de certaines activités est d’ailleurs propice à son développement. C’est le cas de la course à pied, de la musculation ou du bodybuilding. Il faut être particulièrement vigilant si vous êtes amateurs de ces sports ».
Les conséquences sur l’organisme
Si la question de la bigorexie inquiète autant, c’est parce que les conséquences sur l’organisme peuvent être désastreuses. Non seulement l’individu est complètement soumis à son addiction, organisant ses journées en fonction et laissant le sport impacter son bien-être, mais cette obsession peut également avoir des conséquences physiques.
« Lorsqu’on est bigorexique, on ne réalise pas que l’on dépasse les limites de son propre corps. On peut ne plus se rendre compte de ses blessures et les laisser traîner pendant plusieurs jours voir plusieurs semaines. C’est très dangereux ». Autre conséquence : « Les troubles du comportement alimentaire, particulièrement l’anorexie, très fréquente chez les bigorexiques ».
Comment s’en sortir ?
Retrouver une meilleure relation au sport n’est pas impossible. « Il faut d’abord prendre conscience du problème, ce qui est la partie la plus difficile. Ensuite, il faut se tourner vers un professionnel de la santé comme un médecin du sport mais aussi un psychologue, un psychiatre ou un médecin addictologue. Un suivi médical est indispensable ». Un professionnel de la santé va avant tout poser un diagnostic et trouver des solutions adaptées à votre cas. « En général, les thérapies cognitivo-comportementales fonctionnent très bien dans le cas des bigorexiques ».
Pour ne pas replonger par la suite, il faut être vigilant. « Oubliez les activités que vous pratiquiez auparavant et commencez des sports moins violents comme le yoga ».