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Comme Jakarta, ces cinq mégalopoles s’enfoncent inexorablement

La capitale indonésienne Jakarta, mégalopole de 10 millions d’habitants, s’enfonce peu à peu sous les eaux, si bien que les autorités prévoient de la déplacer 1 200 kilomètres à l’est, sur l’île de Bornéo. Mais ce n’est pas la seule. En Amérique du Nord, en Afrique ou en Asie, voici cinq autres grandes villes dont le sol s’affaisse inexorablement et qui seront un jour submergées.
  • Lagos, Nigeria


Lagos, au Nigeria, compte plus de 20 millions d’habitants, selon les estimations. La ville, bâtie autour d’une lagune, est aussi l’une des plus dynamiques au monde. Et c’est ce qui explique pourquoi elle coule.
Lagos attire de plus en plus d’habitants, mais les logements et les terrains constructibles manquent, rapportait l’Agence France-Presse (AFP) en juillet. Alors, des tonnes de sable sont draguées dans l’océan, pour fabriquer du béton et gagner du terrain sur les eaux de l’Atlantique.
Le problème, c’est qu’à 25 mètres seulement des côtes, les fonds marins sont creusés de trous de parfois 7 ou 8 mètres de profondeur, selon une étude réalisée par les autorités locales et relayée par l’AFP. Résultat, « les courants s’y engouffrent, gagnent en puissance et attaquent le littoral ».
Et à Lagos, la submersion est aussi une réalité. Ainsi, le quartier de Lekki, construit sur des marécages rensablés, « s’enfonce un peu plus dans les eaux » chaque année, et à la saison des pluies, « les inondations envahissent chaque année davantage » le secteur.
  • La Nouvelle-Orléans, États-Unis

Les spécialistes alertent sur le devenir de la Nouvelle-Orléans, dans le sud des États-Unis, depuis plusieurs années. En 2003 déjà, une étude réalisée par des chercheurs de l’Institut d’études géologiques américain révélait que la zone s’enfonce à raison d’un centimètre par an.
Cette situation s’explique notamment par la géographie, souligne la chaîne de télévision américaine CNN : la ville se trouve près des eaux du golfe du Mexique, et sur un sol meuble. Autre facteur aggravant, l’installation d’un système de drainage, dans les années 1900, pour assécher des marécages et permettre à la ville de s’étendre. La manœuvre a privé les sols d’eau et de sédiments.
Et sans ces deux éléments permettant de « rendre les sols plus stables », selon CNN, « les anciens marécages se sont enfoncés de 2,4 à 3,6 mètres », selon une étude publiée par le géographe américain Richard Campanella en 2007. Située dans une région frappée à plusieurs reprises par des ouragans violents, la Nouvelle-Orléans est également très vulnérable à la montée des océans.
  • Bangkok, Thaïlande
Bangkok s’affaisse, mais est également vulnérable 
aux pluies torrentielles de la mousson et
 à la montée du niveau de la mer.  

C’est une équation aussi simple qu’inquiétante. Bangkok, la capitale thaïlandaise, est construite à 1,5 m au-dessus du niveau de la mer, sur des terres marécageuses, et s’enfonce « d’un à deux centimètres » par an.
Un ensemble de facteurs explique ce phénomène : des décennies de pompage des nappes phréatiques, la construction d’immenses gratte-ciel…
Dans le même temps, le niveau des eaux du golfe de Thaïlande, qui borde la mégalopole, augmente de 4 mm par an. Et le littoral s’érode. La métropole de plus de 14 millions d’habitants est également très vulnérable aux pluies torrentielles de la mousson, et donc aux inondations.
Alors, Bangkok a dû s’adapter. Les autorités ont mis en place un réseau de canaux de 2 600 kilomètres, avec des stations de pompage et des tunnels souterrains pour évacuer les eaux de pluie, notamment. Autre mesure, en 2017, un parc permettant de lutter contre les inondations a été construit. Baptisé Chulalongkorn Centenary Park, il est équipé de réservoirs souterrains pouvant accueillir plus de 4,5 millions de litres d’eau, selon le quotidien britannique The Guardian. L’équipement a été pensé pour drainer puis réorienter des eaux de pluie.
  • Pékin, Chine
La métropole de Pékin compte plus de 24 millions d’habitants. 

Certains quartiers de la capitale chinoise s’enfoncent de 11 centimètres par an, selon une étude publiée en 2016 par des chercheurs de l’Université normale de la capitale à Pékin, de celle de Newcastle du Royaume-Uni, et d’Alicante en Espagne.
Pour parvenir à ces conclusions, les scientifiques avaient étudié des images satellites de la métropole de plus de 24 millions d’habitants. Selon les auteurs de l’étude, si Pékin s’enfonce, c’est à cause de l’assèchement de ses nappes phréatiques, dont les eaux ont été trop pompées. Le Guardian expliquait le mécanisme : « Des puits sont creusés, les nappes phréatiques s’assèchent, et le sol devient compact, comme le serait une éponge qui a séché. » Les auteurs de l’étude alertaient sur les impacts potentiels du phénomène, notamment sur les infrastructures, et en particulier le réseau ferré.
  • Dacca, Bangladesh
Dacca compte plus de 17 millions d’habitants. 

Comme pour Pékin, c’est notamment l’extraction d’eau des nappes phréatiques qui fait couler Dacca, la capitale du Bangladesh. C’est ce que soulignait un rapport publié en octobre 2018 par l’organisation non gouvernementale britannique Christian Aid.
Là aussi, le pompage des eaux souterraines fragilise les sols, et la mégalopole de plus de 17 millions d’habitants s’enfonce de 1,4 centimètre par an. Ses zones les plus urbanisées sont situées entre 6 et 8 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Mais l’exploitation des nappes phréatiques n’est pas la seule explication du phénomène : les plaques tectoniques jouent aussi un rôle. « Les mouvements de la plaque indienne et de la plaque birmane contribuent aussi à l’affaissement de Dacca », note encore le rapport de Christian Aid.
Au même moment, ailleurs au Bangladesh, la montée du niveau des océans déplace des millions de personnes. En effet, les eaux du golfe du Bengale, au sud-ouest de Dacca, montent très vite. 1,5 million de personnes se sont déjà réfugiés à Dacca pour échapper à la montée des eaux, note encore le rapport.