Qu'est ce que les humains trouvent de si fascinant dans l'empilement de pierres ?
On en trouve des exemples un peu partout dans le vaste monde.
Etrangement, souvent leur nom signifie humain. Ainsi, en Allemand et en Néerlandais, les cairns sont appelés respectivement Steinmann et Steenman, qui signifient littéralement « homme de pierre ».
Dans l'antiquité, en Grèce, on trouvait déjà des empilements de pierres pour marquer les routes.
On trouve beaucoup d'empilements de pierre au sommet des montagnes ou pour marquer des itinéraires. Ce n'est peut être pas un hasard si les empilements de pierres sont souvent assimilés a une représentation d'humain.
En Bretagne, ces empilements de pierres sont le plus souvent appelés des cairns. Le mot vient de l'écossais Càrn. Il désigne plusieurs types de collines ou des tas de pierres naturels. En Ecosse, l'empilement de pierre sur des collines semble être une vieille coutume.
Parfois, les empilements de pierre sont destinés à être des tombeaux. Au Néolithique cette pratique était très courante, en Inde ou au Tibet, les Stûpas ont probablement été érigés pour les mêmes raisons. En Bretagne, le grand Cairn de Barnenez est un bon exemple d'un ensemble de tombeaux recouverts de pierres.
En latin, on parle de Tumulus pour désigner une bosse qui recouvre une tombe. Le tumulus peut être très simplement fait de terre, ou plus élaboré avec un empilement de pierre, ou encore construit avec une chambre funéraire mégalithique. Ce dernier type de tumulus est plus connu sous le nom de Dolmen.
On a l'habitude de se représenter les dolmens comme des grandes tables de pierres empilées. Mais on oublie parfois qu'à l'origine la structure de pierre était totalement recouverte de terre. C'est l'érosion qui a enlevé la terre au fil des siècles et qui nous permet de voir les empilements de pierre à nu.
Je ne saurais trop conseiller la visite d’un Cairn appelé Tumulus de Gavrinis sur une petite île au milieu du golfe du Morbihan accessible par bateau exclusivement en visite guidée. (Je consacrerai un article sur ce monument exceptionnel à plus d’un titre)
De part sa nature, l'être humain est un être qui se bat contre l'entropie, contre le nivellement et l'usure qui règne dans tous les systèmes physiques. L'être humain est un bâtisseur. Il se bat contre le temps. La pierre est un des matériaux qui résiste le plus à l'usure. C'est probablement pour ça que l'on ne retrouve que des empilements de pierres des civilisations disparues.
En construisant des empilements de pierres, l'humain se révolte contre les lois de la physique. L'empilement de pierre est donc le symbole de la volonté humaine de résister aux dures lois de l'univers !
couloir du cairn de Gavrinis
Si vous vous rendez sur l'île de Sein, un petit message.
Sur des sites naturels très visités, on constate une érosion touristique qui s’ajoute à l’érosion naturelle sur des lieux vulnérables. C’est le cas de la côte ouest de l’île de Sein.
Celle-ci n'est pas formée d'un soubassement rocheux continu mais en grande partie de vastes plages anciennes, formées de galets entassés. Son altitude moyenne est de 1.5m ce qui lui valut d’être submergée par une vague en 1830, 1868 et 1897.
Il est primordial de ne pas prélever un de ces galets en souvenirs ou même de composer des empilements qui déstabilisent la grève et participent largement à l'érosion de l'île.
Cairn de Gavrinis