La dépouille du dictateur se trouve actuellement dans un mausolée. Le gouvernement espagnol voudrait faire de ce lieu un symbole de "réconciliation" et de "mémoire".
Le gouvernement socialiste espagnol a approuvé, vendredi 24 août, le décret permettant l'exhumation de Francisco Franco, dont la dépouille repose actuellement dans un mausolée. Cette décision fait débat en Espagne, où la question de la mémoire vis-à-vis de la dictature franquiste continue de diviser.
"Nous ne pouvons pas perdre un seul instant", a expliqué devant la presse Carmen Calvo, la vice-présidente du gouvernement d'Espagne. Elle a précisé que l'exhumation, à laquelle la famille de l'ancien dictateur est farouchement opposée, pourrait avoir lieu "à la fin de l'année".
Nous célébrons les 40 ans de l'Espagne démocratique, d'un ordre constitutionnel stable et mûr (...) et ce n'est pas compatible avec une tombe d'Etat où l'on continue à glorifier la figure de Franco.
Vers un vote des députés
Le décret du gouvernement va devoir désormais être voté par la chambre des députés, où les socialistes sont très minoritaires. Ils pourront cependant compter sur l'appui de la gauche radicale de Podemos, des indépendantistes catalans, ainsi que des nationalistes basques pour obtenir la majorité nécessaire.
La solution la plus plausible serait de transférer la dépouille de Franco dans le caveau familial du cimetière du Pardo, au nord de Madrid. Mais en cas d'absence d'accord avec ses descendants, le gouvernement choisira le lieu où l'enterrer, a assuré Carmen Calvo.
Un mausolée critiqué
Aujourd'hui, la dépouille de Franco se trouve dans un complexe monumental situé à 50 kilomètres de Madrid et surplombé par une croix de 150 mètres de haut. Ce mausolée abrite aussi les corps de quelque 27 000 combattants franquistes et d'environ 10 000 opposants républicains. Beaucoup d'Espagnols le voient comme un symbole de division et de mépris pour les républicains, dont les corps, extraits de fosses communes et de cimetières, y ont été transférés sans que leurs familles soient prévenues.
Une fois la dépouille de Franco exhumée, le gouvernement compte faire de ce mausolée un lieu de "réconciliation" et de "mémoire", sur le modèle de ce qui a été fait avec les anciens camps de concentration et d'extermination de l'Allemagne nazie.