Le pape François est à Fatima (Portugal) ce samedi pour commémorer le centenaire des apparitions de la Vierge, marquées par un « secret » confié par elle à trois enfants.
C’est l’une des rares fois où Benoît XVI est sorti de son silence depuis sa renonciation au pontificat. Il y a un an, le 21 mai 2016, il publiait un communiqué pour couper court à des rumeurs à propos du secret de Fatima. Un site lefebvriste américain, « One Peter Five », affirmait qu’une partie du troisième secret de Fatima n’aurait jamais été révélée par l’Église. « De pures inventions, totalement fausses », déclarait le pape émérite, insistant sur le fait que « la publication du troisième secret de Fatima est complète ».
Un message avec un portée prophétique
Que d’encre aura coulé à ce sujet, que de controverses se seront développées, depuis cent ans et les événements rapportés par trois petits bergers de la campagne portugaise ! En ce printemps 1917, Lucia dos Santos, une fillette de 10 ans, garde régulièrement les moutons de ses parents, en compagnie de ses cousins, Francisco et Jacinta Marto, respectivement âgés de 9 et 7 ans. Les enfants d’Aljustrel, petit hameau de la paroisse de Fatima, se rendent souvent à la Cova da Iria, une combe fertile et verdoyante située à 2 kilomètres de chez eux. Le 13 mai 1917, la Vierge Marie apparaît pour la première fois aux petits bergers, puis à cinq autres reprises, s’échelonnant chaque mois jusqu’au 13 octobre de la même année. Alors que les pastoureaux jouent, ils voient un éclair, puis « une dame toute vêtue de blanc, plus brillante que le soleil, irradiant une lumière plus claire et plus intense qu’un verre de cristal rempli d’eau cristalline, traversé par les rayons du soleil le plus ardent », raconteront-ils. À Lucia qui lui demande d’où elle vient, la « dame » répond : « Je suis du ciel. »C’est lors de la troisième apparition, le 13 juillet, que la Vierge leur révèle ce qui sera appelé le « secret de Fatima ». En réalité, « il ne s’agit pas d’un secret unique qui aurait été uniformément révélé aux trois enfants », précise l’historien Yves Chiron dans Fatima, vérités et légendes (1). Les deux premières parties du message seront dévoilées par Lucia en 1941 dans ses mémoires. Quant à la troisième partie, il faudra attendre 2000 pour en connaître la teneur. « C’est un message qui a une portée prophétique et eschatologique », analyse l’historien Joachim Bouflet.
Révélations de Fatima : « des appels à la conversion et à l’espérance »
La première partie de ce message consiste en une vision de l’enfer. « C’est quelque chose qu’on peut avoir du mal à entendre aujourd’hui, surtout en France où le message de Fatima est très mal connu, reconnaît le dominicain Louis-Marie Ariño-Durand (3). Pourtant, il ne s’agit pas de nous faire peur, mais de nous faire préférer le ciel par-dessus tout. » La seconde partie concerne la dévotion au « cœur immaculée de Marie », la Vierge demandant que lui soit « consacrée » la Russie. Elle annonce une guerre « plus grande » que celle en cours. À cette époque, l’Europe est déchirée par la Première Guerre mondiale, et la Russie connaît les premiers soulèvements qui conduiront à la Révolution d’octobre. Enfin, la troisième et dernière partie du message parle d’un « évêque vêtu de blanc », « tué par un groupe de soldats tirant des balles et des flèches contre lui ».
Un secret à révéler « quand l’Église jugera le moment venu »
Dans un premier temps, conformément à ce que leur a demandé la Vierge, les enfants gardent le silence sur ce qui leur a été confié. Au curé de Fatima, qui les interroge dès le lendemain de l’apparition, ils ne révèlent rien. Lucia ne parlera pas davantage à l’administrateur de la ville voisine de Vila Nova de Ourem, qui l’a convoquée avec son père pour faire cesser ce désordre public et mettre fin à cette « machination cléricale ». Les trois enfants seront même retenus pendant deux jours, les 14 et 15 août, à la prison publique, et menacés d’être jetés dans l’huile bouillante s’ils ne dévoilent pas ce fameux secret. Pour Frère Louis-Marie Ariño-Durand, le sens de ce mystère, à révéler « quand l’Église jugera le moment venu », est à rapprocher de celui entretenu par le Christ au début de sa vie publique sur sa personne et ses miracles. « C’est une pédagogie », estime-t-il.Dans les années qui suivent les apparitions, la dévotion à Notre-Dame de Fatima se développe d’autant plus que les dizaines de milliers de personnes réunies le 13 octobre 1917 ont assisté à un phénomène extraordinaire, appelé par un journaliste d’O Século « la danse du soleil ». « Le soleil a tremblé, le soleil a eu des mouvements jamais vus et brusques en dehors de toutes les lois cosmiques », décrit-il. Dans le même temps, l’Église mène l’enquête, via une commission canonique, pour déterminer la véracité des événements. Les apparitions sont authentifiées en 1930.
Mais l’histoire de Fatima n’est pas finie. Pendant plusieurs années, Lucia, la seule survivante des trois voyants, devenue religieuse, insiste auprès de son évêque, puis des papes successifs eux-mêmes, pour qu’ait lieu la « consécration du monde au cœur immaculé de Marie, avec une mention spéciale pour la Russie ». Elle détaille cette demande dans ses mémoires rédigées en 1941. Une première prière de consécration est prononcée par Pie XII le 8 décembre 1942. Cependant, Lucia la juge « incomplète », car elle n’a pas été faite « en union avec tous les évêques du monde », comme demandé par la Vierge. Il faudra attendre le 25 mars 1984 et une cérémonie organisée par Jean-Paul II pour que Lucia estime que la consécration demandée a été faite dans les règles. Mais aujourd’hui encore, dans les courants les plus traditionalistes, des pétitions circulent pour demander au pape François « de lever toutes les ambiguïtés existantes et de consacrer une bonne fois pour toutes la Russie au Cœur immaculé de Marie »…
La troisième partie du secret suscite maintes interprétations
Tout comme la consécration de la Russie, la troisième partie du secret va susciter maintes interprétations fantaisistes ou complotistes. En 1944, Lucia met par écrit ce troisième secret et le transmet au pape Pie XII, indiquant qu’il ne doit pas être rendu public avant 1960. Jean XXIII sera le premier à prendre connaissance du contenu de l’enveloppe cachetée, tout en décidant de ne pas le révéler.C’est finalement en 2000 que le pape Jean-Paul II choisit de dévoiler ce secret, persuadé que l’« évêque vêtu de blanc » tombant sous les balles n’est autre que lui-même, qui a survécu à une tentative d’assassinat le 13 mai 1981, jour anniversaire des apparitions de Fatima. Convaincu que c’est à la protection de Marie qu’il doit la vie, il fera même enchâsser dans la couronne de la statue de Notre-Dame-de-Fatima la balle extraite de son corps après l’attentat. Le cardinal Ratzinger, alors préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, explique lors de la révélation du secret : « Les événements décrits semblent se référer à des choses passées. (…) Ceux qui attendaient des révélations apocalyptiques excitantes sur la fin du monde ou sur le cours de l’histoire vont être déçus. »
Fatima, une longue histoire avec les papes
Pour une majorité des fidèles, la question du secret est réglée. « Au Portugal, les théories conspirationnistes n’ont pas d’écho, assure le Père Carlos Cabecinhas, recteur du sanctuaire de Fatima. Pendant un an, nous avons exposé au sanctuaire le manuscrit de Sœur Lucia, dans lequel est décrit le secret. Les pèlerins ont pu le lire dans son intégralité. » Mais certains demeurent encore persuadés que tout n’a pas été dit. L’article de « One Peter Five », démenti par Benoît XVI, affirmait que la partie « cachée » du message de la Vierge Marie aux pastoureaux de Fatima évoquait « un mauvais concile et une mauvaise messe ». Pour d’autres, le « vrai » troisième secret serait une annonce de la destruction de Rome et la mort de millions de personnes en une description apocalyptique.
De telles allégations proviennent « d’une frange intégriste de l’Église, très anti-pape », analyse Joachim Bouflet. Des spéculations parfois nourries par des divergences entre les différentes versions des mémoires de Lucia. L’historien attend beaucoup de la publication des pièces du procès en canonisation de Lucia. « J’espère qu’elle a écrit son interprétation du secret, ajoute-t-il. Le message de Fatima est valable pour le XXIe siècle, et n’a pas encore révélé tout son mystère. »
Film documentaire sur le troisième secret de Fatima. Une enquête dans le monde entier. En 1917 à Fatima au Portugal, la vierge Marie est apparue à trois enfants. Trois secrets leurs ont été révélés. Deux se sont produits, le troisième a mis plus de 40 ans à être "divulgué". Ce troisième secret de Fatima alimente toujours les controverses et les inquiétudes, et n'aurait pas été véritablement divulgué.
Ce film documentaire présente le résultat d’une enquête de plus de 4 ans dans plusieurs pays, afin de lever davantage le voile sur la femme la plus populaire de l’histoire et de son troisième secret…
Vous pensiez tout savoir sur le troisième secret de Fatima, que l'église avait tout dit. Ce documentaire va vous révéler le résultat d'une enquête exclusive : le 3e secret.