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Crise dans les facultés de médecine : C’est parti pour durer ?

La crise profonde qui secoue les facultés de médecine a poussé les étudiants à boycotter, depuis six mois, cours, stages et examens. Ces derniers protestent contre la « non interaction » du gouvernement avec leurs revendications, en tête desquels le rejet de la réduction de la durée de leur formation de sept à six ans. Le ministre de la Santé qui a pris part à une réunion au parlement a multiplié les appels aux étudiants pour qu’ils rejoignent les bancs. Devant un silence du ministre en charge de l’Enseignement supérieur.


La crise qui couve depuis des mois s’est matérialisée, le 26 juin dernier, par le boycott massif des examens dans les facultés de médecine. Une progression à laquelle le gouvernement ne s’attendait pas en imaginant avoir trouvé la solution en faisant valoir sa réforme et en annonçant la date des examens de printemps. L’affaire a pris d’autres dimensions en alimentant le débat, y compris dans l’enceinte parlementaire où l’opposition a quitté l’hémicycle en signe de protestation contre le dédain affiché par les ministres face à un problème d’une grande gravité à l’heure où le pays peine à disposer de ressources humaines à même d’assurer la pérennité au projet de couverture sociale tant loué. Ce n’est qu’après qu’Abdellatif Miraoui, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de l’Innovation, et Khalid Ait Taleb, ministre de la Santé et de la Protection sociale, ont répondu présents en se joignant à une réunion conjointe des commissions des secteurs sociaux et de la culture. Pour lançer un appel aux étudiants en médecine pour qu’ils fassent confiance au gouvernement et passent leurs examens.


K. Ait Taleb a reconnu mercredi « l’existence d’une crise de communication qui a conduit à un manque de confiance entre les étudiants et le gouvernement ». Dans une démarche plus conciliatrice, il s’est empêché de trancher en soulignant que la réforme est là : à prendre ou à laisser ! « Nous avons demandé aux étudiants de participer à cette réforme. Nous ne voulons que le bien des étudiants et, en tant que professeurs, nous ne leur imposerons jamais une réforme qui pourrait les contraindre, car le professeur est le premier garant de la qualité de la formation de l’étudiant« , a-t-il déclaré. Le gouvernement avait présenté une offre aux étudiants et que les problèmes liés aux stages n’existent plus, a-t-il rappelé, précisant qu’il y avait une réponse positive de la part du ministère de l’Enseignement supérieur concernant les aspects pédagogiques, et que le système 4+2 ne s’appliquerait qu’aux nouveaux étudiants.
Le ministre a aussi insisté sur le fait que le gouvernement avait demandé aux étudiants de lui faire confiance et de reprendre les cours, notant que « les obstacles seraient surmontés, les notes +zéro+ seraient supprimées et les étudiants expulsés réintégrés ».
Concernant la question du calendrier, il a été demandé aux étudiants de passer les examens, et les doyens de chaque faculté auraient la flexibilité nécessaire pour s’adapter aux besoins des étudiants. K. Ait Taleb a également mentionné que la réforme en cours pourrait évoluer dans quelques années, car la médecine est en constante évolution. Cette réforme, a-t-il dit, repose sur un diagnostic de la situation actuelle du système de santé et des besoins de la population. « Le monde entier procédera à des réformes du système de santé, qu’on le veuille ou non, car la médecine évolue rapidement avec les avancées technologiques, la médecine génétique et l’intelligence artificielle », a-t-il encore fait valoir.
Aussi, le ministre a insisté sur le fait que les étudiants en médecine d’aujourd’hui devraient être des acteurs du changement, appelant les futurs médecins à faire preuve de confiance et à s’engager dans cette dynamique. Les professeurs sont les garants du bon déroulement des choses, a-t-il réitéré. « Ce qui nous manque pour sortir de cette impasse, c’est que les étudiants nous fassent confiance et passent les examens, et les doyens et les directeurs des hôpitaux universitaires les accompagneront », a-t-il affirmé, avant de souligner : « Nous ne voulons pas que les étudiants échouent, nous voulons leur réussite car nous avons un besoin urgent de diplômés en nombre suffisant ».
Le ministre a prié les étudiants à retourner en cours « car plus nous retardons, plus les choses deviennent difficiles, même pour les doyens, en raison des questions de programmation, des nouvelles entrées et des concours, qui créent des problèmes de planification ». Et de rappeler: « Nous sommes ici pour résoudre les problèmes des étudiants. Le chef du gouvernement a présidé plusieurs séances pour apporter des solutions (…) Ce qui a été présenté est très important et changera leur parcours et leur vie. Nous ne freinons pas l’ambition des étudiants marocains, nous voulons qu’ils deviennent des ambassadeurs du Maroc dans le monde. S’ils veulent émigrer, qu’ils le fassent, mais nous voulons former suffisamment de médecins pour qu’ils restent au Maroc ».
A rappeler que la Coordination nationale des étudiants en médecine (CNEM) avait établi un programme de lutte dans toutes les facultés de médecine et de pharmacie du pays. Programme qui comporte un rassemblement local à Rabat le 7 juillet, un rassemblement régional à Agadir le 8 juillet, une marche régionale à Marrakech le 10 juillet, une marche locale à Tanger et un rassemblement à Casablanca le 11 juillet, un rassemblement à Fès et une marche à Oujda le 12 juillet, ainsi qu’un rassemblement à Marrakech.

                                    Perspectives.