La guerre en Syrie
Le 15 mars 2011, dans le sillage des révolutions tunisienne et égyptienne, les Syriens se soulèvent pacifiquement contre la dictature du président Bachar el-Assad.
En réponse, l’armée syrienne qu’il dirige tire sur les manifestants. Plusieurs dizaines de personnes sont tuées, les arrestations se multiplient, les militants arrêtés sont torturés.
Cette réponse violente pousse un grand nombre de militaires à déserter l’armée régulière. Rejoignant les civils, ils constituent ensemble l’Armée syrienne libre.
En 2012, l’ASL domine le nord-ouest du pays et ouvre un second front à Alep. La situation leur est favorable : l’armée de Bachar el-Assad est à l’agonie. Les observateurs internationaux pensent que la fin de la dictature est proche.
C’est alors que l’Iran et la Russie entrent en jeu.
Alliés de Bachar el-Assad, ils envoient plusieurs milliers de combattants chiites très entraînés ainsi qu’une grande quantité de matériel militaire. Puis c’est au tour du Hezbollah libanais, un mouvement chiite libanais doté d’un groupe paramilitaire et lié à la république islamique d’Iran, de venir soutenir le régime de Damas.
De son côté, l’Armée syrienne libre patine et demeure handicapée par le fait qu’elle ne dispose pas d’appui aérien, contrairement à l’armée régulière.
Les États-Unis et plus généralement les pays occidentaux ne soutiennent l’ASL que du bout des lèvres. Le programme de formation des combattants en Jordanie n’est encore que symbolique, de même que l’aide financière.
Ce programme n’augmentera de manière significative qu’à partir de 2014, alors que l’ASL est déjà en difficulté.
À l’été 2013, Bachar al-Assad lance une attaque chimique sur la Ghouta orientale, dans la ville de Douma. Cette attaque fait plus d’un millier de morts parmi les civils. Pour le président américain Barack Obama, la ligne rouge est franchie.
Les États-Unis apparaissent comme un allié de poids pour les révolutionnaires qui, aux portes de Damas, attendent ces frappes pour attaquer. Mais Barack Obama ne parvient pas à convaincre le Congrès américain, et change d’avis. Ce revirement de situation crée la zizanie parmi les membres de l’Armée syrienne libre. Elle se divise et une partie se radicalise.
Le conflit s’enlise. Le terrain devient de plus en plus complexe. Pour contrer l’interventionnisme de leur rival iranien, l’Arabie saoudite et le Qatar soutiennent une partie des groupes armés radicaux.
2013 sera une année charnière dans le conflit syrien. Venu d’Irak, le groupe djihadiste État islamique profite du chaos pour s’implanter en Syrie. Combattant tantôt les révolutionnaires, tantôt le régime, leur seul but est de fonder son califat - son État religieux en quelque sorte - dont il annonce la création en juin 2014. En Syrie, ils se choisissent une capitale : Raqqa, à l’Est du pays.
Dès lors, les pays occidentaux ne s’intéressent plus qu’à l’Organisation de l’État islamique. Ils délaissent les révolutionnaires syriens qu’ils ont contribué à former, au profit des Kurdes qui se sont donnés pour mission de combattre l’État islamique au Nord du pays. La Syrie devient pour eux une terre de tous les possibles.
Une fois le califat défait par une coalition internationale qui rassemble 22 pays dont la France, les Kurdes tentent de se maintenir sur le territoire. Ils veulent instaurer leur propre État. Pour la Turquie voisine, il y a danger. Ils craignent que les Kurdes présents sur le sol turc ne fassent sécession. Cette perspective les pousse à intervenir eux aussi en Syrie où ils délogent l’armée kurde.
C’est le chaos général. La Syrie devient un terrain de luttes internationales, loin, très loin de la révolution de 2011 dont le but était d’obtenir plus de liberté par la chute de Bachar el-Assad. En 2018, Bachar el-Assad, accusé d’avoir fait torturer et tuer des milliers de Syriens est toujours souverain en son pays.