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Les hôpitaux anglais réfléchissent à placer des patients chez des particuliers

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                                                 Le logo du National Health Service,                                                 le service de santé publique du Royaume uni.
Une première expérience sur l'hébergement privé de patients devait avoir lieu dans le comté de l'Essex. Même si elle a été rapidement ajournée après des réactions outrées, le ministre de la Santé Philipp Dunne a déclaré qu'il fallait prendre au sérieux toutes les initiatives pour désengorger les hôpitaux.
À la guerre comme à la guerre? Si l'initiative montre une certaine agilité d'esprit, elle soulève la question de la dignité avec laquelle une grande nation traite ses malades. L'idée de l'hôpital universitaire du comté de l'Essex, qui consiste à faire héberger des patients dans des domiciles privés, semble faire son chemin en dépit des doutes et des oppositions. Avec un objectif: régler le problème d'engorgement des hôpitaux britanniques (un problème également bien connu en France). Selon les chiffres avancés par le Guardian, le «bedblocking» a augmenté de 40% l'année dernière, et on estime à 8000 le nombre de décès consécutifs à des soins trop tardifs, à cause de lits inutilement occupés. Toujours selon le média britannique, certains jours, jusqu'à 6000 patients sont gardés à l'hôpital alors qu'ils «ne nécessitent pas d'y être».

Héberger des patients pour 50£ par nuit

Le plan de l'hôpital universitaire du comté de l'Essex est simple: déléguer la garde de patients à des particuliers résidant à proximité, générant ainsi une activité économique et permettant de désengorger les urgences et les établissements de santé à moindre coût. Pour tester les réactions et la faisabilité d'un tel programme à plus grande échelle, une expérience portant sur une trentaine de patients volontaires doit être menée. Le projet est porté par une start-up, CareRooms, qui veut se placer en intermédiaire et mettre en contact les établissements de santé et les particuliers tentés par la location d'une chambre à des fins de convalescence. L'entreprise prendrait une commission, mais on ne sait pas qui exercerait dans les faits un contrôle sur ces hébergements délicats.
 
Pour les hôtes, la rémunération devrait se situer autour de 50 livres par patient et par nuit. Apparemment, peu de règles sur le lieu d'accueil: il suffit de posséder une chambre et de réserver au patient une salle de bain. Des contraintes très légères, justifiées par le fait que seuls des patients avec des «pathologies légères» pourraient être ainsi délocalisés. Le principal problème, reste qu'au contraire d'un hôpital, avec ses normes (parfois écrasantes), où toutes les chambres offrent les mêmes services et la même ambiance; les particuliers offriraient des qualités de service très différentes. Selon The Independant , les hébergeurs n'auraient d'ailleurs pas à justifier d'une quelconque expérience médicale.

Une idée choquante?

Dès l'annonce de ce projet radical, les réactions se sont multipliées, majoritairement négatives. Un groupe de défense des investissements publics dans la santé, regroupant des médecins et professionnels, s'est déclaré «choqué» de l'initiative, faisant un parallèle avec la situation peu glorieuse des maisons de retraites et autre établissements délégués: «presque toutes les semaines, on rapporte des abus et des services dégradés dans les maisons et résidences de santé». L'association ajoutait que le «contrôle de ces placements de patients dans des maisons privées serait une tâche lourde et risquée». L'ancien ministre travailliste Lord Clark a prédit que les «patient vulnérables seraient mis dans des foyers dont l'hôte n'a aucune expertise médicale».

Le ministre de la Santé ne ferme aucune porte

Consciente du tollé et des complications à prévoir, la NHS (l'administration publique de la Santé) et l'hôpital du comté de l'Essex ont annoncé qu'il était trop tôt pour lancer l'expérience, dans une annonce alambiquée: «Nous tenons à préciser que, à ce stade précoce, le Conseil [de l'hôpital local] a seulement accepté de continuer à explorer la viabilité du projet», ne prenant aucune décision ferme sur la continuation ou non du dit projet.
Mais l'idée n'était-elle pas justement de connaître les réactions du public? Après l'épisode, le ministre de la Santé britannique Philipp Dunne ne s'est pas montré catégorique sur l'avenir de l'hébergement privé. Interrogé par la BBC, le conservateur a d'abord souligné qu'il ne s'agissait pas d'une politique nationale, et que «tout ce qui est innovant doit être soigneusement examiné et évalué avant d'être généralisé». «Mais je ne dirais pas que tout nouvelle approche de soin est nécessairement mauvaise», a-t-il toutefois conclu.