L'Inde et le Pakistan font face à un
épisode sévère de pollution. Les concentrations de particules en
suspension pulvérisaient les plafonds recommandés pour la santé.
De New Delhi en Inde à Lahore au Pakistan,
des dizaines de millions de personnes suffoquaient mercredi dans un
épais brouillard polluant ayant recouvert le nord du sous-continent
indien, un danger récurrent pour la santé publique. Fermeture de toutes les écoles
Mercredi après-midi, une brume lumineuse emprisonnait l'étendue urbaine de New Delhi: l'air était sensiblement lourd à respirer, d'une toxicité équivalente à deux paquets de cigarettes par jour d'après les experts.Face à l'urgence, les autorités locales ont décrété la fermeture de tous les établissements scolaires pour le reste de la semaine. Cinq millions d'écoliers resteront chez eux jusqu'à dimanche au moins.
Les écoles ont été exceptionnellement fermées pour une semaine. |
À Khan Market, l'un des rares magasins de masques de protection de la capitale était en rupture de stock mercredi, a constaté l'AFP. Sur une pelouse du centre de Delhi, des groupes de jeunes gens s'entraînaient comme d'habitude au cricket, apparemment insouciants de la pollution.
Une jeune femme porte un foulard pour se protéger de la pollution. |
« Nous les Indiens, nous ne nous inquiétons pas de ces
choses-là. Nous sommes des personnes spirituelles, nous aimons le yoga,
la méditation et cela enlèvera (la pollution) de notre corps », assurait Pushkal Rai, 27 ans, la bouche tout de même protégée par un foulard.
Le Pakistan également dans le brouillard
Hospitalisations massives, entreprises fermées, avions annulés, horaires décalés dans les écoles: de l'autre côté des barbelés, au Pakistan, Lahore était également piégée dans ce brouillard polluant. Dans l'hôpital Mayo, l'un des plus grands de la ville, des patients attendaient un traitement assis sur des brancards. Plusieurs sexagénaires, allongés, respiraient dans un masque à oxygène. Le nombre de patients a « quadruplé » pour « les problèmes oculaires, les infections respiratoires et l'asthme » liés à la brume maronnâtre, a observé le docteur Irshad Hussain.« La pollution atmosphérique est un tueur silencieux »
En Inde aussi bien qu'au Pakistan, les concentrations de particules en suspension pulvérisaient les plafonds recommandés pour la santé. Ainsi, vers à 16h locales, le compteur de l'ambassade américaine de New Delhi affichait un niveau démentiel de particules ultra-fines (PM2,5), à 1010 microgrammes par mètre cube d'air (?g/m3).Pour Lahore, le compte Twitter @LahoreSmog faisait lui état d'une présence d'environ 600 ?g/m3. L'OMS recommande de ne pas dépasser 25 en moyenne journalière pour la santé. Les épisodes de « smog » sont récurrents en automne et hiver à New Delhi que l'OMS a classée en 2014 comme ville la plus polluée au monde. « La situation actuelle est impropre à la vie humaine », s'est alarmé le docteur Arvind Kumar du Sir Ganga Ram Hospital de New Delhi.
Lire par ailleurs. Particules fines. Où sont les villes les plus polluées du monde ?
Le froid et l'absence de vent plaquent au sol les émissions polluantes des véhicules, usines et centrales, les empêchant de se disperser. Ces particules en suspension accentuent les risques de maladies cardiovasculaires et de cancer des poumons. Les plus petites d'entre elles (PM2,5), grandes comme un trentième d'un diamètre de cheveu humain, parviennent à s'infiltrer dans l'organisme et le sang, à travers les poumons. « La pollution atmosphérique est un tueur silencieux. Vous ne le voyez pas. Il ne se montrera pas maintenant, il se montrera dans quelques mois, quelques années, mais il réduit progressivement votre espérance de vie », a expliqué le docteur Kumar. La pollution est un problème de santé publique majeur pour l'Inde, nation de 1,25 milliard d'habitants en plein développement et aux besoins de croissance immenses. En 2015, la contamination atmosphérique, terrestre et aquatique était présumée responsable de 2,5 millions de décès dans ce pays, plus lourd bilan humain de la planète, a estimé une récente étude publiée dans la revue The Lancet.