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L’Amérique rend hommage à John McCain par la voix d’Obama et de Bush


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Farouche opposant à Donald Trump, le sénateur républicain, décédé il y a une semaine, ne souhaitait pas que le président assiste à ses funérailles nationales à Washington.


Le sénateur républicain de l’Arizona John McCain et ancien candidat à l’élection présidentielle américaine de 2008 est mort samedi 25 août dans l’Arizona à 16 h 28 heure locale. Il avait 81 ans. Héros de la guerre du Vietnam, populaire, McCain laisse l’image d’un homme politique engagé, défendant l’intérêt général et ses convictions, y compris parfois contre son propre camp, ce qui lui a valu une forte popularité. Retour, en images, sur le parcours de celui que les Américains qualifient volontiers de « rebelle ».

Les Etats-Unis ont rendu hommage, samedi 1er septembre, au défunt sénateur John McCain, lors de funérailles nationales à la cathédrale de Washington. Cette cérémonie constituait le point d’orgue d’une semaine d’hommages au « héros américain », connu pour son anticonformisme et pour sa capacité à transgresser les lignes politiques, que le président Donald Trump a ostensiblement ignorés.

Barack Obama a rendu un hommage appuyé à l’ancien sénateur républicain, contre lequel il fut opposé lors de la présidentielle de 2008. « Il a fait de nous de meilleurs présidents, (...) et il a rendu ce pays meilleur », a lancé l’ex-président démocrate (2008-2016).


L’ancien président américain Barack Obama rend hommage à son adversaire de 2008, le sénateur John McCain, lors de la cérémonie d’hommage à la cathédrale nationale de Washington, le 1er septembre.
L’ancien président américain Barack Obama rend hommage
 à son adversaire de 2008, le sénateur John McCain, 
lors de la cérémonie d’hommage à la cathédrale nationale
 de Washington, le 1er septembre

Son prédécesseur républicain George W. Bush (2000-2008), opposé à M. McCain lors de la primaire de 2000, a quant à lui rappelé qu’il « reconnaissait toujours que ses opposants étaient malgré tout des patriotes et des êtres humains ». « Il aimait la liberté avec la passion d’un homme qui a connu son absence », a-t-il poursuivi, en référence à la captivité de l’ancien pilote de chasse au Vietnam. Sur le chemin de la cathédrale, le cortège funèbre a fait halte brièvement au Monument aux anciens combattants du Vietnam, où sa veuve, Cindy McCain, a déposé une gerbe à la mémoire des soldats tombés durant la guerre.

Ni Trump ni Palin
La semaine d’hommages à John McCain suit un ordonnancement qu’il avait lui-même décidé. Mort le samedi 25 août à 81 ans dans son Etat de l’Arizona, après une année de combat contre un cancer du cerveau, il avait fait savoir qu’il ne souhaitait pas que Donald Trump assistât à ses obsèques. Pas plus que Sarah Palin, sa colistière de l’élection présidentielle perdue de 2008, dont il écrit dans le dernier tome de ses Mémoire regretter le choix.
Aux yeux de ses amis, républicains comme démocrates, John McCain incarnait une tradition politique radicalement opposée à celle de Donald Trump. « Héros américain », fils et petit-fils d’amiraux, il fut prisonnier et torturé pendant la guerre du Vietnam, avant d’entamer une carrière de trente-cinq ans au Congrès.


La famille du sénateur John McCain près de son cercueil, sur les marches de la cathédrale nationale de Washington, le 1er septembre.
La famille du sénateur John McCain près de son cercueil,
 sur les marches de la cathédrale nationale 
de Washington, le 1er septembre

Farouchement antirusse

« Nous partagions, malgré nos différences, une fidélité à quelque chose de plus élevé, les idéaux pour lesquels des générations entières d’Américains et d’immigrés se sont battues et se sont sacrifiées », a dit de lui Barack Obama, dont le discours devrait être le temps fort des cérémonies.
John McCain fut l’adversaire de Barack Obama en 2008. Il sauva néanmoins sa réforme du système de santé, l’Obamacare, une dizaine d’années plus tard au Sénat, en votant contre un projet de réforme voulu par Donald Trump. Mais c’est plus récemment qu’il avait décoché ses flèches les plus acérées contre l’actuel président, qualifiant à la mi-juillet sa rencontre controversée avec Vladimir Poutine à Helsinki d’« un des pires moments de l’histoire de la présidence américaine ».

« L’Amérique de John McCain n’a pas besoin de retrouver sa grandeur »

Donald Trump était donc le grand absent du jour à la cathédrale de Washington. Il a dépêché à la cérémonie son plus proche collaborateur, le général John Kelly, ainsi que son ministre de la défense, Jim Mattis, et son conseiller à la sécurité nationale, John Bolton. Pendant la cérémonie, il a joué au golf dans l’un de ses clubs, avant de multiplier les tweets sans aucun rapport avec le sénateur.
Dans son discours d’hommage à son père, Meghan McCain n’a pas mâché ses mots envers ceux qui l’avaient critiqué, visant en creux l’actuel locataire de la Maison Blanche : « Nous sommes rassemblés pour célébrer la mort de la grandeur américaine, la vraie, et non pas la rhétorique bon marché de ceux qui ne s’approcheront jamais du sacrifice auquel [John McCain] a consenti. » « L’Amérique de John McCain n’a pas besoin de retrouver sa grandeur car l’Amérique est toujours grande », a-t-elle ajoutée, en référence au slogan trumpien « Make America Great Again » (« rendre à l’Amérique sa grandeur »).


Meghan McCain devant le cercueil de son père John McCain, à la cathédrale nationale de Washington, le 1er septembre.
Meghan McCain devant le cercueil de son père John McCain,
à la cathédrale nationale de Washington, le 1er septembre.

L’hommage de 10 000 personnes

L’ancien secrétaire d’Etat Henry Kissinger, 94 ans, ainsi que des amis parlementaires de John McCain, se sont également exprimés lors de cette cérémonie organisée à la cathédrale de Washington, qui est à la fois le siège du diocèse épiscopalien et l’un des plus grands édifices religieux du pays. Parmi les porteurs du cercueil de John McCain, grand critique du régime de Vladimir Poutine, figurait aussi l’historien et dissident russe Vladimir Kara-Murza.
Vendredi, plus de 10 000 personnes étaient venues s’incliner devant sa dépouille lors d’une première cérémonie d’hommages au Capitole, marquée par la présence, digne et stoïque, de sa mère Roberta McCain, 106 ans, au côté de sa veuve Cindy McCain, et de leurs sept enfants.
L’ancien sénateur et ancien pilote de chasse sera inhumé dimanche lors d’une cérémonie privée à l’Académie navale d’Annapolis, non loin de Washington, dont il fut dans les années 1950 un élève turbulent et indiscipliné, se signalant déjà par son anticonformisme et son franc-parler.