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Yémen : l’ancien président Saleh tué par des rebelles Houthis

 

L’ancien dirigeant yéménite a été tué dans des combats entre ses troupes et celles des chiites Houtis. Les deux camps rebelles ont rompu leur alliance le 2 décembre dans la capitale Sanaa.

La crise au Yémen s’envenime encore un peu plus. L’ancien président Ali Abdallah Saleh a été tué dans des affrontements à Sanaa, indique lundi plusieurs sources. Tout d’abord annoncée par les rebelles chiites Houthis, l’information a été confirmée par le parti de Saleh. Les deux partis se livrent à des affrontements meurtriers depuis la rupture le 2 décembre de leur alliance dans la capitale Sanaa.
«Il est tombé en martyr en défendant la République», a déclaré Faïka al-Sayyed, une dirigeante du Congrès populaire général (CPG), attribuant son meurtre aux Houthis. La mort de l’ex-président yéménite, 75 ans, pourrait constituer un tournant majeur dans le conflit qui ensanglante le pays depuis son départ du pouvoir en 2012.
Au centre de la « pire crise humanitaire au monde » selon l’ONU, la guerre au Yémen avive les tensions régionales et la rivalité entre l’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite, accusé par Ryad de soutenir militairement les rebelles Houthis, ce qu’il réfute. 8 750 personnes sont mortes depuis l’intervention de l’Arabie saoudite et de ses alliés en mars 2015.

Les Houthis accusent l’ex-président de trahison

Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi, à la tête du gouvernement reconnu par la communauté internationale, a annoncé une opération pour reprendre Sanaa et appelé les Yéménites à «ouvrir une nouvelle page» de l'histoire du pays. Une vidéo remise à un journaliste par les rebelles Houthis montre le cadavre de ce qui semble être l’ancien président Saleh.
Des combats font rage depuis mercredi dans la capitale Sanaa, que les deux parties rebelles contrôlaient conjointement depuis 2014 au détriment du gouvernement internationalement reconnu d’Abd Rabbo Mansour Hadi réfugié à Aden, dans le sud. Ils avaient fait jusqu’à lundi matin au moins 100 morts et blessés -des combattants mais aussi des civils-, selon des sources de sécurité et hospitalières.
Dans un développement spectaculaire, Ali Abdallah Saleh avait tendu la main à l’Arabie saoudite samedi, proposant à Ryad de « tourner la page » en échange d’une levée du blocus qui étrangle la population. Les Houthis avaient dénoncé une « grande trahison ».

Le président veut marcher sur Sanaa

Face à la fin de l’alliance rebelle, l’actuel président Hadi a de son côté « donné pour ordre à son vice-président Ali Mohsen al-Ahmar, qui se trouve à Marib (100 km à l’est de Sanaa), d’activer la marche […] vers la capitale », a annoncé lundi un membre de son entourage.
Baptisée « Sanaa l’Arabe », l’opération -à l’issue plus qu’incertaine- consisterait, selon le membre de l’entourage de M. Hadi, à prendre la capitale en tenailles sur plusieurs fronts, notamment à l’est et au nord-est.
Selon des sources militaires loyalistes à Marib, sept bataillons ont reçu l’ordre de marcher sur Sanaa sur le front est. Outre le soutien de la coalition sous commandement saoudien, les militaires loyalistes se sont assuré l’appui des tribus de Khawlane qui contrôlent l’est de Sanaa, ont ajouté les mêmes sources.
Afin d’affaiblir les Houthis, le gouvernement Hadi a dans le même temps annoncé sa volonté d’offrir une amnistie à tous ceux qui cessent de collaborer avec ces rebelles. Cependant, à Sanaa, les Houthis donnaient l’impression lundi de prendre le dessus sur les forces de M. Saleh, selon des journalistes sur place.


Les scènes de violences se poursuivent

Les derniers développements font craindre des risques encore accrus pour la population, notamment à Sanaa : non seulement des affrontements entre rebelles se poursuivent, mais la capitale a été secouée dans la nuit de dimanche à lundi par des raids aériens.
Après plus de trente années de règne sur le Yémen, Ali Abdallah Saleh avait été contraint de céder le pouvoir à M. Hadi en février 2012, dans le sillage du Printemps arabe. Il avait scellé deux ans plus tard une alliance avec les Houthis, issus de la minorité zaïdite -une branche du chiisme-, après les avoir longtemps combattus.