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Le chanteur Idir, légende de la musique kabyle, est mort à l'âge de 70 ans.

Véritable monument de la culture kabyle, le musicien s'est éteint à Paris, à l'hôpital Bichat, des suites d'une maladie contre laquelle il se battait depuis des années.


Idir s'est éteint à Paris, à l'hôpital Bichat, dans la nuit de samedi 2 à dimanche 3 mai, des suites d'une maladie contre laquelle il se battait depuis des années.
La mort d’Idir fait pleurer l’Algérie
Ses chansons ont bercé l’enfance de nombreux Algériens et donné de la visibilité à la lutte pour la reconnaissance de la culture berbère.


« Les gens sont tristes. On a perdu un géant »… Dans le village d’Ait Lahcène, perché sur un replat à 800 mètres d’altitude, face à la chaîne montagneuse du Djurdjura, les habitants n’ont « pas de mot » pour décrire leur tristesse. C’est ici, à 140 kilomètres d’Alger et 35 kilomètres de Tizi-Ouzou, que le chanteur Idir, est né en 1949. Il n’est pas seulement un artiste, c’est un ambassadeur de la chanson algérienne en général et de la chanson kabyle en particulier
Idir a connu un succès mondial, non prémédité, avec une berceuse qu'il avait composée, A Vava Inouva ("mon petit papa"). Cette chanson, qui donnera son titre à son premier album sorti en 1976, est considérée comme le premier tube international venu d'Afrique du Nord. Elle sera traduite en quinze langues. Le jeune homme, qui avait étudié la géologie, n'avait pas du tout prévu de faire carrière dans la chanson.


 H O M M A G E S 

  • Idir : l'envol du rosignol, par Yasmina Khadra


Idir nous a quittés. Il s’en est allé sur la pointe des pieds pour ne déranger personne. Il s’est éteint comme un chant d’été à la fin de la colonie, comme se taisent les légendes en Algérie, son pays, son angoisse, son inconsolable litanie.
Idir n’a fait que quitter un exil de transition pour un exil définitif puisqu’il a été contraint de quitter sa terre natale pour aller chercher ailleurs l’écho de sa voix, tel un troubadour errant en quête de sa voie.
Il va beaucoup manquer à nos joies si chahutées de nos jours par nos peines et nos désillusions, mais son absence sera pour nous, Algériens, et pour ses fans de partout, un grand moment de recueillement.
Quant à son silence de mortel, ce n’est que politesse afin que retentisse l’hymne de toutes les résiliences, des montagnes de Kabylie jusqu’aux confins de l’Atakor, et du vertigineux Tassili aux plages de Ben M’hidi.
J’ai rencontré Idir trois petites fois. La première, à Chenoua-plage vers la fin des années 1960. La deuxième, au CCA à Paris que je dirigeais, lorsqu’il avait accepté d’animer bénévolement deux soirées d’affilée tant la demande était immense et la salle si minuscule pour un artiste de son envergure.
La troisième, lors d’un concert auquel il nous avait conviés, mon épouse, mes enfants et moi, à Vitrolles, une ville de Provence.
Mais mon meilleur souvenir a eu lieu en Inde, à un festival du livre, il y a une dizaine d’années. Un riche lecteur avait offert une soirée en mon honneur. Il avait une surprise pour moi. Lors du dîner, une troupe de danseuses en sari flamboyant nous a gratifié d’un superbe ballet tandis qu’une chorale chantait Avava Inouva…. en hindi. Ce fut une très belle surprise.
Repose en paix, Idir. Et dors bien. Nous continuerons tes rêves en écoutant les chansons que tu nous as légués, en héritage et en serment.

  • Lounis Aït Menguellet : "Il y a quelque chose d'immortel chez Idir".

Coup dur en cette belle matinée de printemps ! Pour moi le départ de Idir marque la fin d'une époque pour notre chanson.
À ma dernière visite, il me disait qu'il était peu probable qu'il monte encore sur scène à cause de sa respiration assistée. On s'était mit à imaginer un moyen de dissimuler une bonbonne d'oxygène à côté de lui sur la scène qui lui permettrait de chanter à son aise.
Nos idées, agrémentées de son sens de l'humour bien connu, se sont transformées en une bonne partie de rigolade. La mort n'était pas au programme, aucun de nous n y pensait.
Repose en paix mon ami, ce que tu as laissé t'assure l'immortalité. Mes plus sincères condoléances à ses enfants et à toute sa famille.

  • Le Président Algérien, Abdelmadjid Tebboune : Perte d'une pyramide de l'art algérien.

Samedi soir, le président algérien Abdelmadjid Tebboune a adressé ses condoléances à la famille du chanteur, estimant que l’Algérie perdait « une pyramide de l’art algérien ». Le ministère de la Culture lui a embrayé le pas, rappelant dans un communiqué publié ce dimanche que « l’Algerie, avec la perte d’Idir, tourne une page prestigieuse de l’art engagé ».