A l’inverse, le pouce est le doigt le plus petit. On en connaît l’explication: le formidable outil qu’est la pince constituée par le pouce et l’index doit sa précision à la petite taille du pouce, relativement à l’index. Seuls les primates bénéficient de ce caractère évolutif qui a permis à nos ancêtres non seulement de s’accrocher aux branches, mais surtout de saisir les objets. La préhension a fait les primates et, s’affinant, a contribué à faire l’homme.
Récemment, des expérimentations menées sur des souris de laboratoire ont permis d’affiner nos connaissances en la matière. On s’est en effet aperçu que, une fois les ébauches de membres formées, les gènes Hox, toujours présents, commandent également la formation des amorces de doigts selon leur ordre. Le premier code pour le pouce, le dernier pour l’auriculaire. Autre découverte fondamentale : une fois l’ébauche de l’auriculaire apparue chez la souris, un autre gène est activé. Baptisé Sonic Hedgehog, il code pour une protéine dont la concentration, différente d’une ébauche à l’autre, déciderait de la longueur de chaque doigt.
Mais pourquoi le troisième doigt du pied n’est-il pas le plus long, à l’instar du majeur? Parce que le plan de développement du pied est différent. Contrairement à celui des grands singes, le pied n’est pas préhensile, il est juste « marcheur ». Un troisième doigt plus long contrarierait la locomotion humaine en laissant traîner le pied sur le sol, alors même qu’il voudrait le quitter.