C’est une curiosité dont on ne sait presque rien. À Margate, au Royaume-Uni, la Shell Grotto, tapissée de 4,6 millions de coquillages, n’en finit pas de faire tourner les têtes.
Il faut passer dans un quartier résidentiel et monter la petite colline. Une discrète boutique déborde de souvenirs à la gloire du coquillage. Parce qu’ici, le mollusque, ou plutôt sa carapace, est roi.
La petite station balnéaire de Margate, dans le Kent (Angleterre), abrite la célèbre grotte aux coquillages ou Shell Grotto, dont on ne sait rien ou presque depuis 183 ans.
4,6 millions de coquillages
Une date semble faire l’unanimité, celle de sa découverte en 1835 par un certain James Newlove et son fils, alors qu’ils creusaient une mare aux canards sur leur terrain. En 1838, la grotte ouvre au public mais restera propriété privée.
Longue de 32 mètres, elle est tapissée de 4,6 millions de coquillages. En y entrant par le passage nord, on arrive dans une rotonde, débouchant sur un dôme en forme de puits apportant la lumière de l’extérieur.
Puis c’est le passage en serpentin comportant plusieurs panneaux de coquillages à la symbolique inconnue. On débouche enfin dans l’étrange salle de l’autel réalisé avec des coquilles d’huîtres. Certains y ont vu une représentation de la vie jusqu’à la mort et l’au-delà.
Origine inconnue
Impossible de dater sa construction ni d’en connaître la raison. Parmi les théories les plus farfelues, on peut citer les Templiers, les francs-maçons, les Phéniciens, un ouvrage funéraire, l’excentricité d’un riche habitant… Certains ont avancé une date de construction de 3 000 ans !
Au XVIIIe siècle, les fantaisies architecturales composées de coquillages étaient fréquentes et un signe de richesse, destiné à être vu. Alors pourquoi cacher la grotte ? Un repaire de contrebandiers a aussi été évoqué.
Ce qui est sûr, c’est que les moules, coques, huîtres, bulots et pétoncles sont locaux, fixés dans la craie avec de la colle à base de poisson. Ceux-ci ont perdu leurs couleurs à cause de l’éclairage au gaz utilisé pendant presque un siècle. Seuls les bigorneaux viennent de la côte Ouest.
Motifs ou symbolisme ?
Dans un article du Telegraph du 27 mars 2018, la propriétaire Sarah Vickery dit que ce mystère « rend les gens fous » ! « Ils veulent que nous sachions, qu’il y ait des documents, poursuit-elle. Mais il n’y en a pas. La découverte de la grotte semble avoir été une surprise pour les habitants. »
Et au final pourquoi trancher, alors que la grotte amène le visiteur à se questionner ? « C’est comme regarder les nuages, ajoute Sarah Vickery, dans le même article. Chacun y voit qu’il veut. Les amateurs d’architecture y verront des motifs, les visiteurs plus religieux y verront du symbolisme… »
Une datation au carbone permettrait d’y voir plus clair. Trop cher. Et puis ce serait peut-être la fin d’une jolie histoire.