L’archipel birman des Mergui a longtemps été interdit aux étrangers. Aujourd’hui, cette constellation de 800 îlots, l’une des dernières terrae incognitae du globe, s’entrouvre. Enfin ou hélas ?
Jacques Ivanoff possède une autorisation exceptionnelle auprès des autorités birmanes qui lui permet de naviguer au sein de cet archipel. Pour la première fois cette année, la junte la autorisé à naviguer de Mergui jusquà Rangoon. Nous avons pu filmer cette aventure moderne dans un des pays les plus fermé du monde où sévit un régime dictatorial depuis plus de 45 ans : la Birmanie. Ainsi à titre unique, une caméra a pu rentrer dans cette région fermée.
Jacques Ivanoff est un personnage unique : il a découvert sa passion pour cette peuplade en partant sur les traces de son père décédé dans des conditions mystérieuses chez les Mokens dans les années 70. Il a vécu parmi les Mokens de Thaïlande au début des années 80 et il n'est devenu ethnologue qu'au début des années 90 après avoir fait son « terrain d'étude». il est aujourdhui le seul occidental à parler le moken.
Cette expédition, son dernier voyage, doit se conclure par une exposition organisé à Rangoon (Capitale de la Birmanie). Tout au long de ce périple, il tentera de collecter les objets représentatifs de la culture moken malgré les difficultés inhérentes à ce type de projet au sein dune dictature militaire. L'exposition, dédiée à son père, doit clôturer le travail de deux générations dIvanoff chez les Mokens - plus de 45 ans de travaux. Filmer Jacques lors de ce dernier voyage revenait aussi à capter les mémoires et confidences d'un ethnologue qui enterre son terrain : Les mokens sont les derniers hommes libres, ils vivent sous une dictature dans l'un des pays les plus fermé du monde.
L'exploration de l'archipel se fait à l'aide d'un cargo traditionnel birman accompagné d'un équipage de 6 birmans et de deux capitaines. Les moyens de navigation sont rudimentaire : à vue avec carte et boussole. A bord : notre ethnologue, un artiste suisse et de son fils qui gèrent la vie sur le bateau, une photographe et un étudiant en anthropologie qui assiste jacques dans ses travaux.
L'expédition est encadrée par un guide officiel birman (membre du Ministère du tourisme). Celui ci sert de traducteur, négocie les permis et les autorisations de déplacements et fait un rapport détaillé des activités de l'expédition auprès de son ministère.
Lors de ce voyage nous croiserons 6 groupes de Mokens - dont 2 sédentarisés. Nous suivrons leurs activités de collectes (oursins, huîtres et vers de sable), de chasse (tortue), de fabrication (bateau Moken, maquettes pour l'exposition, poteaux aux esprits, charbon de bois, lance et harpon, déforestation), nous observerons leurs relations avec Jacques, les birmans et le tokay (intermédiaire qui achète leurs produits), leurs vies en groupe et au sein de l'archipel.
Ce voyage en mer démarre à Victoria Point (ville à l'extrême sud de la Birmanie frontalière avec la Thaïlande), se poursuit à travers l'exploration de l'archipel de Mergui à la recherche de flottilles mokens puis s'achève par la traversée de la Mer dAndaman de Mergui jusquà Rangoon (lieu ou les objets collectés doivent être déchargé en vue de l'exposition). Ce périple, difficile à organiser, est riche en aventures et rebondissements aussi bien de la part du régime birman (négociation avec les autorités, contrôle des militaires, coup d'état avorté) que des rencontres avec les nomades mokens et les pêcheurs birmans.