Une étude menée par des scientifiques américains révèle des chiffres inquiétants : sur plus de 250 bouteilles d'eau analysées dans neuf pays, 93% contiennent des particules de plastique. Retrouvés en moyenne au nombre de 10,4 par litre d'eau, ces résidus pourraient provenir du processus d'embouteillage. La découverte inquiète, alors que les conséquences sanitaires des microplastiques sont encore méconnues, et souligne de nouveau l'urgence de limiter la production de matières plastiques.
Pour se désaltérer, quoi de mieux qu'une bonne gorgée d'eau fraîche ? Rien de tel en cas de petite ou de grande soif, mais boire de l'eau de bouteille est aussi l'occasion d'ingérer un peu de... plastique ! C'est ce que révèle une étude menée par des scientifiques américains.
Dirigée par Sherri Mason, professeur à l'université de l'Etat de New York à Fredonia, l'équipe de chercheurs a analysé l'eau contenue dans plus de 250 bouteilles, vendues dans neuf pays sous onze marques différentes à travers le monde. Une présentation de leurs travaux, disponible sur la plateforme Orb Media, permet de découvrir les résultats alarmants de leurs tests.
De grandes marques concernées
93% des échantillons étudiés contenaient des résidus de plastique. Et les grandes marques de ce marché, le plus dynamique au monde dans le domaine des boissons, évalué à 147 milliards de dollars par an d'après Orb Media, ne semblent pas meilleures élèves que leurs concurrentes : Evian, Nestle Pure Life, ou encore San Pellegrino sont toutes concernées.
Loin d'être pur, le liquide contenu dans les bouteilles s'avère contaminé par diverses substances synthétiques, telles que le polypropylène, le nylon, ou encore le polytéréphtalate d'éthylène, un plastique bien souvent employé dans leur fabrication, et reconnaissable à son sigle en trois lettres inscrit sur le fond des flacons : PET.
Les particules de plastique, bien qu'invisibles à l'oeil nu, n'en sont pas moins bien présentes dans les eaux minérales, et pas qu'à l'état de traces. Les scientifiques en ont, en moyenne, retrouvées 10,4 par litre d'eau, d'un diamètre moyen de 0,1 millimètre (soit 100 micromètres).
D'autres particules bien plus petites (jusqu'à 6,5 micromètres) dont la nature plastique reste à confirmer ont également été trouvées et en plus grand nombre : 314 par litre en moyenne. Pas de quoi s'étrangler, mais suffisant pour mettre en doute leur innocuité sur notre santé alors que les conséquences de ces particules sur l'organisme sont encore méconnues.
Eau en bouteille
Le processus de fabrication mis en cause
Pour expliquer cette pollution de l'eau de bouteille par des particules de plastique, les scientifiques émettent une hypothèse :"Je pense que cela vient du processus d'embouteillage. Je pense que la plupart du plastique vient de la bouteille elle-même, de son bouchon, du processus industriel d'embouteillage", avance Sherri Mason dans une déclaration à l'AFP.
Les flacons en plastique ne semblent toutefois pas les seuls à être incriminés, comme le souligne l'étude : "De l'eau dans des bouteilles en verre contenait aussi des microplastiques". Omniprésentes dans tous types de bouteilles, les micro-particules le sont aussi dans l'eau du robinet, comme l'avaient révélé de précédentes analyses.
"Les chiffres que nous avons trouvés ne sont pas catastrophiques, mais c'est inquiétant", commente pour BBC News, Sherri Mason avant de poursuivre : "Il ne s'agit pas de pointer du doigt des marques particulières, c'est vraiment de montrer que le plastique est partout, qu'il est devenu un matériau tellement persistant dans notre société et qu'il se répand dans l'eau - tous ces produits que nous consommons au quotidien".
Le plastique envahit aussi les milieux naturels
Le plastique s'insinue décidément dans la moindre goutte d'eau. En témoigne également l'invasion des océans par les déchets plastiques. Il semble donc urgent de limiter la production des ces matières synthétiques, et notamment des bouteilles, comme le suggère la responsable nord-américaine de l'ONG Oceana, Jacqueline Savitz, impliquée dans la lutte contre la pollution des océans.
"Nous savons que les plastiques s'accroissent dans les animaux marins, et cela signifie que nous y sommes aussi exposés, certains d'entre nous, tous les jours", avertit la spécialiste. "Il est aujourd'hui plus urgent que jamais de faire des bouteilles d'eau en plastiques un objet du passé", conclut Jacqueline Savitz. Espérons que cette perspective se concrétise rapidement, alors que le plastique nous envahit aujourd'hui jusqu'à plus soif.
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