Terre de mythes et de légendes, la Chine regorge d’endroits sacrés, et les religions historiques y ont toutes de nombreux sanctuaires. Parmi ceux-ci, les montagnes tiennent une place prépondérante dans l’histoire chinoise : ainsi le mot pèlerinage (朝圣 / cháoshèng) est issu de la phrase « faire un pèlerinage / présenter ses respects à une montagne sacrée (朝拜圣山 /cháobài shèngshān) . C’est là qu’on trouve des temples perdus, de sages ermites, des dieux parfois. L’empereur lui-même est tenu d’accomplir des rituels sur les montagnes sacrées.
Parmi celles-ci, cinq ont une dimension à part : simplement appelées les Cinq Montagnes sacrées (五岳 / wǔ yuè), elles symbolisent les cinq points cardinaux chinois (nord, sud, est, ouest, centre) :
Au nord (北岳) le mont Heng du Nord (恒山 / héng shān), situé dans le Shanxi, qui culmine à 2 016 m. Il est composé de deux sommets, et fut tout au long de l’histoire chinoise un lieu de batailles.
Au sud (南岳) le mont Heng du Sud (衡山 / héng shān), situé dans le Hunan, d’une hauteur de 1 360 m. Composé de soixante douze sommets, ce mont aurait été le lieu de résidence et de mort de Zhurong, un ancêtre mythique qui serait devenu dieu du feu.
A l’est (東岳), le mont Tai (泰山 / tài shān), situé dans le Shandong, culmine à 1 545 m. Il est situé dans les plaines de Qu et Li, le berceau historique de la civilisation chinoise. Il s’agit de la plus ancienne montagne sacrée, qui conserve encore aujourd’hui le nom de 天下第一山 / tiānxià dìyī shān, « Montagne la plus connue sous le ciel » (cad du monde). Elle est aussi connue sous le nom de Mont Dai (岱山). C’est sur cette montagne que Qin Shi Huangdi, le premier empereur de Chine, a effectué les rites au Ciel et à la Terre, qui consacrèrent son avènement. On y trouve aussi un temple datant de la dynastie des Han occidentaux (206-9 av. J.-C.), classé au patrimoine mondiale de l’Unesco en 1987.
A l’ouest (西岳), le mont Hua (华山 / huá shān), situé dans le Shaanxi, possède une altitude de 2 220 m. Sa forme lui vaut aussi le nom de 仙掌 / xiān zhǎng, « main d’immortel« . Il est constitué de nombreuses parois à pic, qui rendent son ascension dangereuse. Il n’existe qu’un seul chemin, de quinze kilomètres, qui mène à son sommet, et qui est à l’origine du dicton 自古华山一条路 / 自古華山一條路 / zìgǔ huáshān yī tiáo lù, « depuis l’antiquité un seul chemin mène au mont Hua ». Les empereurs, devant la dangerosité du lieu, accomplissaient leurs rites dans des temples situés à faible altitude.
Enfin, au centre (中岳), le mont Song (嵩山 / sōng shān), situé dans le Henan, atteint quant à lui une altitude de 1 512 m. Il est selon la tradition le mont sacré le plus visité par les empereurs : Wu Zetian, fondatrice de la dynastie Zhou, y accomplit les rites sacrés au début de son règne. On y trouve aussi le monastère de Shaolin, aussi que les ruines du plus ancien observatoire astronomique chinois, construit sous les Zhou occidentaux, ainsi qu’un autre datant de la dynastie Yuan.