Hitler, Mussolini, Ceauşescu, Saddam Hussein... Avant Ben Laden, la publication des images du corps de certaines personnalités a agité le monde.
• Benito Mussolini
Le 26 avril 1945, Mussolini et sa compagne Clara Petacci, en fuite, sont capturés près du lac de Côme, dans le nord de l'Italie. Deux jours plus tard, après un simulacre de procès, ils sont fusillés et les autorités publient la photo de leurs cadavres. Leurs corps et ceux de cinq autres chefs fascistes sont ensuite exposés sur la piazzale Loreto de Milan, pendus par les pieds. La foule insulte, crache et tire à l'aide de pistolets sur le Duce. Les photographes sont présents et la photo fait la Une de tous les journaux le lendemain.
Mussolini et Clara Petacci pendus à Milan. |
• Adolf Hitler
Pendant longtemps, de nombreuses théories ont circulé sur la mort d'Hitler. A-t-il réellement trouvé la mort dans son bunker où s'est-il enfui? Staline en personne aurait déclaré à Truman en juillet 1945 qu'Hitler était certainement encore vivant et qu'il se cachait. Cette déclaration aboutit à de nombreuses enquêtes. Au cœur des suspicions : l'absence de photo du cadavre et du manque de preuves matérielles concrètes.
Une photo notamment sème le doute: celle d'un sosie du Führer, retrouvé mort dans un bassin du bunker. Dans un premier temps, la photo est diffusée comme étant celle du dictateur. Mais rapidement, il est démontré qu'il s'agit en réalité de Gustav Weler, un sosie. Hitler a-t-il voulu faire croire à sa propre mort en tuant son double? Aucune photographie n'existe du dictateur mort, alors qu'il existe des photos et des vidéos des cadavres des époux Goebbels qui se sont suicidés eux aussi dans le bunker.
Photo du cadavre de Gustav Weler |
Finalement, il est révélé qu'Hitler s'est tiré une balle dans la tête et que sa compagne Eva Braun a absorbé du cyanure. Sur les ordres du chef du troisième Reich, sa garde rapprochée l'aurait, Eva Braun et lui, brûlés et enterrés, à trois mètres de la porte du bunker. Des restes humains sont retrouvés et une autopsie ordonnée. Elle conclut que les cadavres sont bien ceux du couple. En 1956, les magistrats allemands déclarent qu'Hitler est officiellement mort le 30 avril 1945 dans son bunker de Berlin, rejoignant ainsi les conclusions des fédéraux américains. La photo de son crâne est publiée. En 2009, des chercheurs américains assurent toutefois, expertise ADN à l'appui, que le crâne dont la photo a été diffusée par les autorités soviétiques appartient en réalité à une femme, à l'identité inconnue.
• Nicolae Ceauşescu
Le 25 décembre 1989, après un procès expéditif, l'homme d'Etat roumain Nicolae Ceauşescu et sa femme Elena sont déclarés coupables de génocide et condamnés à mort. Ils sont aussitôt fusillés dans la base militaire de Târgovişte.
L'information est diffusée à la télévision mais la population doute. Le soir-même, les autorités décident donc de diffuser les images de l'exécution à la télévision (les images, difficiles, sont visibles ici). La haine envers l'ancien couple dictatorial étant très vive, les autorités décident d'enterrer en cachette, en pleine nuit, les époux dans le cimetière de Ghencea à Bucarest. Sous des croix portant des faux noms. Depuis, les tombes disposent de leurs vrais noms et sont devenu des lieux de pèlerinage. En 2010, les deux corps ont été exhumés pour une vérification d'identité, à la demande de leurs proches. Les analyses ont révélé qu'il s'agissait bien des époux Ceauşescu, qui ont été à nouveau inhumés.
La dépouille de Nicolae Ceauşescu. |
• Saddam Hussein
Arrêté en décembre 2003, le dictateur irakien est condamné à mort le 5 novembre 2006 pour «crime contre l'humanité». Quatre jours plus tard, il est pendu dans une caserne des renseignements militaires irakiens à Bagdad. Aussitôt, des vidéos montrant son exécution sont diffusées sur Internet et les chaînes de télévision irakienne. On y voit Saddam Hussein calme, sans émotion.
Images de la télévision d'Etat en Irak. |
Les images, qui font le tour du monde, insufflent un profond malaise dans les capitales occidentales et renforcent la polémique sur la peine capitale. Le quotidien espagnol El Mundo parle alors de «spectacle télévisé». De nombreux observateurs craignent d'ailleurs que ces vidéos laissent au final une image grandie de l'ancien dictateur et ternisse le nouvel Irak voulu par les Etats-Unis.
Le premier ministre Nouri al-Maliki demande l'ouverture d'une enquête pour savoir qui est à l'origine de la prise et la diffusion de ces images. Selon plusieurs sources, il s'agirait d'un haut dignitaire irakien. Pour autant, l'enquête n'est pas allée plus loin.