- La construction des tunnels de Cu Chi
- Les tunnels de Cu Chi, une véritable ville souterraine
Une des particularités surprenantes de Cu Chi sont les minuscules trous d'entrées, camouflés par le feuillage. Certains de ces trous sont si petits qu'ils peuvent plus ressembler à des terriers d'animaux qu'à une habitation humaine. Une fois la porte fermée, la trappe du tunnel est quasi imperceptible sous les feuilles et la terre. On trouve également des trappes d’entrées dans les porcheries ou dans la maison des villageois.
Un problème se posait. Les soldats américains pouvaient identifier l’entrée des tunnels à l'aide de leur chien. Pour cacher leur odeur, les Viet Cong ont utilisé des morceaux d'uniformes, des savons ou de l'après-rasage de soldats américains pour tromper le flair des chiens. Les Vietnamiens ont également imaginé d'autres moyens ingénieux pour tromper l’ennemi.
Les semelles plates en caoutchouc des sandales portées par les Viet Cong ont une particularité. Ils pouvaient les porter à la fois à l’endroit et à l’envers. Ainsi, elles pouvaient être portées à l’envers pour tromper l’ennemi. Ce dernier pensait que les Viet Cong se dirigeaient dans une direction mais en réalité, les résistants marchaient dans la direction opposée.
Ce réseau complexe, construit en zigzag, s'étend dans toutes les directions. Il y a plusieurs petits tunnels qui partent depuis les tunnels principaux, permettant d’accéder à de nombreux endroits tels que des hôpitaux, des quartiers d'habitation, des cuisines, des abris anti-bombes, des théâtres et des fabriques d'armes.
La fumée des cuisines et des fabriques d'armes était évacuée à travers de longs évents et sortaient à une centaine de mètres plus loin, sous un tas de feuilles ondulées. Les bouches de ventilation au niveau du sol étaient également déguisées en termitières ou camouflées de la même manière que les petites entrées des tunnels.
Ces tunnels secrets, qui reliaient les villages et pouvaient même passer en dessous des bases militaires américaines, n'étaient pas seulement des fortifications pour les guérilleros vietnamiens mais c’était également un lieu de vie accueillant une communauté.
Enfouis sous le sol, parfois juste en dessous des batailles sanglantes, se trouvaient des écoles et des espaces publics comme des hôpitaux, où des enfants naquirent et où des victimes de guerre furent opérées. Il y avait même des théâtres où l’on diffusait des films de propagande pour encourager l'esprit combatif et patriotique des soldats. Il y avait également des artistes qui divertissaient les habitants avec des chants, des danses et des histoires traditionnelles.
Pendant la guerre, la vie des vietnamiens réfugiés qui vivaient dans ces tunnels était très difficile. Ces derniers se cachaient pendant plusieurs mois à l’intérieur. L'air, la nourriture et l'eau étaient rares et les tunnels étaient très souvent envahis par des “invités indésirables” comme les fourmis, les cafards, les araignées, les rats et les serpents. La maladie était omniprésente, en particulier le paludisme qui, après les blessures de guerre, était la deuxième cause de décès des réfugiés.
Les rizières et les cultures fruitières étaient détruites par les bombardements. Par conséquent, en attendant l'approvisionnement des produits de première nécessité, le régime alimentaire des habitants de ce « village souterrain » pouvait se composer seulement de tapioca, de feuilles, de racines et d’insectes.
- Les pièges mortels des tunnels de Cu Chi
Il fut également très pratique pour développer toute une panoplie de pièges dangereux divers et variés. Ces derniers étaient en majorité des explosifs déclenchés par des fils : les soldats américains furent par exemple tués et blessés par des grenades ou tombèrent dans des trappes remplies de scorpions ou de serpents venimeux lorsque les soldats marchaient sur les fils des pièges.
Les forces vietnamiennes utilisaient également d'autres pièges encore plus mortels. Ils construisaient des trappes qui, une fois piétinées, laissaient tomber la victime dans une fosse remplie de pieux aiguisés, pointus et verticaux. Les soldats américains furent donc sauvagement empalés. D'ailleurs, beaucoup de pièges ont été fabriqués à l'aide de débris d'artillerie américaine, détruite lors des affrontements et bombardements.
Comme les bombardements intenses étaient inefficaces contre les tunnels de Cu Chi, le commando américain changea sa stratégie d’attaque. Il réquisitionna certaines troupes américaines, appelées les “tunnel rats” pour inspecter et « nettoyer » ces pièges.
Comme les tunnels sont très étroits, les “ tunnel rats » étaient le plus souvent des hommes armés, menus et de petites tailles, qui passaient des heures dans ces tunnels pour atteindre l’ennemi et détruire les pièges, en faisant appel à leur odorat et leur ouïe.
Aujourd'hui, quelques parties des tunnels sont ouvertes au public. Elles ont été agrandies pour que les visiteurs étrangers puissent les visiter. Ces tunnels sont régulièrement nettoyés et traités pour que les visiteurs puissent les découvrir plus confortablement.