Imaginez-vous partir à New York. Mais pas question cette fois de prendre l’avion ou le bateau. Non. Vous partez par la route. Le trajet qui vous attend fait plus de 20 000 km. Si vous arrivez à rouler à 100 km/h 10 h par jour, vous prendrez votre petit-déjeuner à Manhattan en 20 jours de route. Si vous repartez illico sur vos pas, vous mettrez donc un peu moins de six semaines pour un aller-retour ! Mais ce ne sont pas les vacanciers que visent les porteurs d’un des projets les plus fous de ces dernières années...
Relier l’Europe de l’Ouest aux États-Unis non pas par la mer, mais par la route, tel est l’incroyable défi que s’est lancé Vladimir Iakounine, président des chemins de fer russes. Un projet qui replacerait la Russie au centre du monde…
Les porteurs de ce projet fou sont russes et conduits par Vladimir Iakounine, puissant patron des chemins de fer et proche de Vladimir Poutine. Un homme important donc, pour un projet hallucinant, la « Trans Eurasian Belt », entendez la ceinture trans-Europe-Asie.
Le principe ? Rallier l’Europe de l’Ouest aux États-Unis par la route. Paris - New York sans quitter sa voiture. Une route transcontinentale gigantesque qui transiterait naturellement par Moscou et la Sibérie. Le projet de Iakounine, qui double l’autoroute d’une ligne ferroviaire, s’appuierait au départ sur les infrastructures existantes : les autoroutes reliant déjà Paris à Moscou via l’Allemagne et la Pologne. La route emprunterait ensuite le tracé de l’autoroute transsibérienne sur plusieurs milliers de kilomètres avant de bifurquer vers le nord-est et d’atteindre le détroit de Béring, frontière naturelle entre l’Extrême-Orient russe et l’Alaska.
Un projet « civilisationnel »
Le détroit et ses 88 km de distance entre les deux continents offre un obstacle immense – mais pas insurmontable aux yeux des Russes. Ces derniers envisagent la construction soit d’un pont, soit d’un tunnel géant pour le franchir.
Inutile de dire que ce projet titanesque coûterait dans sa totalité près de 300 milliards d’euros (250 milliards pour la route et 35 à 40 milliards pour le pont ou le tunnel) et constituerait un chantier aux nombreux défis : conditions météo extrêmes, logement des ouvriers et ingénieurs à assurer dans des régions inhabitées et hostiles, matériaux très résistants aux variations de température…
Mais cela ne fait pas peur aux Russes qui y voient un projet « civilisationnel » et au-delà le moyen de replacer la Russie au centre des échanges internationaux entre Europe, Asie et Amérique. Pas sûr qu’Européens et Américains s’emballent d’emblée pour le projet…