Ce comportement peut relever de la médecine et de la psychiatrie, ou de la psychologie sociale et de l'anthropologie culturelle. Il fait encore l'objet d'études socioculturelles et médicales visant à mieux comprendre l'étiologie (causes) de la maladie. Ces causes restent mal comprises et controversées.
Le pica peut être bénin, ou au contraire mettre en jeu le pronostic vital.
Types de pica.
Les différents types de pica se distinguent en général par la nature des éléments ingérés. Ils sont désignés par le nom grec de l'élément suivi du suffixe -phage (phagein : manger).
La forme de pica la plus répandue, historiquement et géographiquement, et la plus étudiée, est la géophagie (ingestion de terre). C'est un phénomène quasi universel, signalé à toutes les époques, et qui consiste à ingérer de la boue, de l'argile, de la craie… ou tout autre type de terre ou minéral, pour des raisons nutritionnelles, culturelles ou psychologiques. Dans cette catégorie on trouve aussi la coniophagie (poussière) : chez le petit enfant ; chez l'adulte, pour des raisons religieuses, poussières de lieux saints ou d'objets consacrés (tombeau, relique), ainsi que la lithophagie (pierres, cailloux).
Chez le petit enfant, la plumbophagie (plomb) est un problème de santé publique. Il s'agit de l'ingestion d'écailles de peinture au plomb (céruse) se détachant des murs des habitats anciens et dégradés (cette ingestion pouvant provoquer plombémie voire saturnisme).
Chez les adolescents et jeunes adultes, la trichophagie (cheveux, laine, autres fibres) a d'abord été observée chez les jeunes filles anglophones à cheveux longs, qui mâchent leurs propres mèches. Si ce comportement persiste, les risques d'ingestion s'accumulent, et à la longue des boules de cheveux se forment dans l'estomac, causant de graves problèmes digestifs.
La plupart des autres picas sont rares (moins de cent cas publiés dans le monde) ou très rares (moins de dix cas) :
Chez la femme enceinte, outre la géophagie (fréquente), on trouve des pica particuliers comme l'amylophagie (amidon). Il s'agit de l'empois d'amidon, utilisé par les blanchisseuses. Cette ingestion a été observée dans des zones rurales du sud des États-Unis, chez des femmes enceintes pour soulager leurs nausées et vomissements de grossesse, et pour faciliter l'accouchement.
L'appétit vorace ou l'ingestion exagérée, en très grande quantité, d'un seul aliment spécifique, peut être considérée comme une forme de pica : comme la géomélophagie (pommes de terre crues), la gooberphagie (cacahuètes), lectophagie (laitue, mâche).
Des picas s'observent plus particulièrement en situation de famine : foliophagie (feuilles, herbes et plantes non comestibles), xylophagie (bois : paysans faisant bouillir du bois, après le passage d'une armée vivant sur le pays).
D'autres dans des situations psychiatriques : coprophagie (matières fécales), émétophagie (vomi), acuphagie (objets pointus et tranchants) et sa variante la hyalophagie (morceaux de verre). L'hématophagie peut se manifester dans le vampirisme clinique.
Dans des contextes culturels ou traditionnels particuliers, on peut observer l'urophagie (urine, utilisée comme médicament historique), la mucophagie (mucus d'invertébrés ou de poissons). La cautopyeriophagie est l'ingestion de têtes d'allumettes brûlées ; s'en rapproche l'ingestion de cendres de cigarettes, de suies de pipe.
La pagophagie (givre, neige, glace) est un terme inventé par un médecin de l'U.S Air Force ; mâcher ou sucer de la glace serait aussi un moyen de perdre du poids ou d'arrêter de fumer. S'en rapproche la consommation d'aliments encore en état de surgelés (observée chez la femme enceinte).