Printemps arabes

Ce qu’il est convenu d’appeler le «printemps arabe» se distingue des autres processus révolutionnaires de l’histoire car ce sont des révolutions sans leader. Ni en Egypte, ni en Tunisie, ni en Syrie et encore moins en Libye, aucune de ces révolutions n’est menée par un leader affirmé. Il ne s’en est pas dégagé par la suite. Plus encore, ces mouvements ne sont pas initiés par une catégorie sociale spécifique.
Bien au contraire, tous les groupes contestataires, de l’extrême gauche à l’extrême droite, ont participé à la chute des différents régimes.
Ce phénomène signifie que dans ces révolutions, le pire est programmé. A travers l’histoire, lorsqu’une catégorie sociale part à la conquête du pouvoir, elle fait tomber le régime et instaure son propre règne.
Dans le cas d’espèces, ce sont des catégories sociales disparates qui se sont alliées. La lutte pour le pouvoir est encore à venir. Nul ne peut prédire ni la forme ni le degré de violence que ces affrontements vont prendre.
Certes, des élections ont eu lieu en Egypte et en Tunisie, mais il serait erroné de croire qu’elles viennent conclure le processus. Il y a fort à parier, qu’au lieu de réguler la lutte pour le pouvoir, ces élections vont l’exacerber. Et ce d’autant plus que depuis plus d’un an, en raison justement de l’instabilité, l’activité économique tourne au ralenti, voire s’est arrêtée dans des secteurs stratégiques. Ce qui élargit les zones de pauvreté et multiplie les motifs de révoltes violentes.
Sans remonter bien loin, l’histoire a montré que la révolution iranienne a mangé ses propres enfants au cours des deux premières années du nouveau régime. Tous les groupes libéraux et modernistes ont été laminés, bien qu’ils fussent au début la vitrine de la révolution.
Dans la phase actuelle, ceux qui profitent le plus des printemps arabes, sont les partis islamistes, lesquels forcément tomberont dans des guerres fratricides.