C'est la capitaine du bateau "Sea-Watch", arrêtée après avoir secouru des migrants en Méditerranée ?
Cette militante de 31 ans a été arrêtée dans le port de Lampedusa, samedi dans la nuit.
Cette militante de 31 ans a été arrêtée dans le port de Lampedusa, samedi dans la nuit.
Elle a été arrêtée dès son arrivée sur l'île de Lampedusa (Italie). Samedi 29 juin, dans la nuit, la police italienne a emmené la capitaine du navire humanitaire Sea-Watch après son accostage forcé avec 42 migrants à bord. Le navire errait en Méditerranée depuis 17 jours, aucun pays européen n'étant prêt à l'accepter. Après avoir bravé l'interdiction du gouvernement italien, Carola Rackete, 31 ans, est désormais accusée de "résistance à un bateau militaire", ce qui est passible de dix ans d'emprisonnement. Mais qui est cette jeune femme qui défend ses convictions au risque de la prison ?
Une écologiste spécialiste du froid et capable de "naviguer au milieu des glaces"
Elle est née à Kiel, au bord de la Baltique, dans le nord de l'Allemagne. Si les images diffusées sur les réseaux sociaux par l'ONG Sea-Watch la montrent en débardeur sous le soleil méditerranéen, sa spécialité de départ est plutôt le froid et la recherche polaire, en Arctique et en Antarctique. "J'ai toujours vraiment aimé les zones polaires, parce qu'elles sont très belles et inspirantes. Mais y travailler est parfois triste parce qu'on y voit directement ce que les humains font à la planète", explique-t-elle à l'AFP. Son CV sur LinkedIn mentionne ses études en sciences de l'environnement à l'université d'Edge Hill, en Grande-Bretagne, et ses expéditions en Arctique pour étudier l'impact du dérèglement climatique.
Parallèlement, elle se forme à la navigation. Parmi ses compétences revendiquées sur LinkedIn : "naviguer au milieu des glaces". Elle est montée à bord de plusieurs bateaux croisant en Arctique, dont l'un appartenant à Greenpeace, comme officier de marine, avant de devenir capitaine du Sea-Watch.
Une volontaire humanitaire en Méditerranée, fidèle à ses convictions
C'est à partir de 2016 que la jeune femme s'engage comme bénévole en Méditerranée. Elle commande le navire humanitaire Sea-Watch, qui porte secours aux naufragés. Elle participe aussi aux missions aériennes de Pilotes volontaires, une ONG qui tente de repérer les bateaux de migrants au large de la Libye. "Dans la carlingue qui fonce à plus de 250 km/h, à 700 mètres au-dessus de la mer, Carola Rackete (...) balaye la mer avec ses jumelles tout en écoutant la fréquence radio commune des navires de la zone", décrit Le Monde.
Depuis plusieurs mois, les navires humanitaires en Méditerranée sont montrés du doigt par plusieurs gouvernements européens, dont l'Italie, qui les désignent comme complices des passeurs. Carola Rackete, elle, considère que "si tu as besoin d'être secouru, tout le monde a le devoir de te secourir". "Peu importe comment tu arrives dans une situation de détresse. Les pompiers s'en moquent, les hôpitaux s'en moquent, le droit maritime s'en moque", tranche-t-elle. Elle assume ses convictions : "Nous, les Européens, avons permis à nos gouvernements de construire un mur en mer. Il y a une société civile qui se bat contre cela et j'en fais partie."
Une "emmerdeuse" pour les uns, une héroïne pour les autres
Lors de sa cinquième (et dernière) mission en mer, Carola Rackete recueille 42 migrants. Aucun pays européen n'accepte d'ouvrir ses ports au bateau. Elle prend alors la décision de forcer le blocus imposé par Matteo Salvini et d'entrer dans les eaux italiennes "quoi qu'il en coûte" pour aller débarquer dans le port de Lampedusa. Le ministre de l'Intérieur italien l'avait prévenue le 26 juin : "Ceux qui se foutent des règles doivent en répondre, je le dis aussi à cette emmerdeuse de capitaine du Sea-Watch qui fait de la politique sur la peau des immigrés, payée par on ne sait qui."
Carola Rackete n'a pas reculé. Et sa décision divise. Samedi, de nombreux habitants ont applaudi lorsqu'elle est apparue à la descente du navire, encadrée par les policiers. "Les menottes !", "Honte !", "Va-t'en !" ont-ils crié en applaudissant les forces de l'ordre, comme le montre cette vidéo relayée sur les réseaux sociaux.