En Birmanie, leur population est évaluée à un million, dont près de 800.000 dans la partie nord de l'État Rakhine, épicentre des troubles.
A la fin du 18e siècle, le royaume de l'Arakan, déclinant, est conquis par les Birmans puis par les Britanniques après la première guerre anglo-birmane (1824-1826).
Ces derniers vont pousser des paysans de l'actuel Bangladesh à venir s'y installer. Ce qui vaut aux Rohingyas, musulmans sunnites parlant un dialecte proche du sud du Bangladesh, d'être considérés par la majorité des Birmans comme des immigrés illégaux du Bangladesh. Selon un recensement britannique datant de 1869, les musulmans représentaient alors 5% de la population de l'Arakan. Quelques années plus tard, en 1912, ce chiffre était passé à 30%.
Ces bouleversements démographiques ont fait naître des tensions. Elles se sont accrues avec la domination des Britanniques. Durant la Seconde guerre mondiale, le Royaume-Uni incite les musulmans à se battre contre les bouddhistes nationalistes birmans alliés aux Japonais. En 1942, au moment où les Britanniques quittent la région, des violences intercommunautaires éclatent. La Constitution de 1947 leur reconnaissait un statut légal et le droit de vote.
Mais l'instauration en 1962 de la dictature militaire tend un peu plus la situation pour les minorités ethniques, très nombreuses dans le pays et dont les droits sont niés par le pouvoir central. En 1978 puis en 1991-92, une campagne de répression de l'armée pousse quelque 250.000 Rohingyas à se réfugier au Bangladesh. Entre ces deux vagues, la loi birmane sur la nationalité de 1982 a laissé les Rohingyas apatrides: la nationalité birmane leur est retirée. En 2012, au cours d'une nouvelle vague de violences avec des bouddhistes extrémistes, 200 personnes sont tuées et 120.000 Rohingyas, chassés de chez eux. Depuis, des milliers d'entre eux ont choisi l'exil.