C'est un scénario cauchemardesque qui est pourtant bien réel. Un nouveau rapport vient mettre en lumière les liens entre réchauffement climatique et le développement de virus infectieux. Dans les puits de glace, incrustés sous la terre depuis des millions d’années, se dissimulent de nombreux virus. Le plus ancien d’entre eux, révélé par Jean-Michel Claverie et son équipe, date de 48 500 ans. Dans une étude publiée dans la revue Viruses, le 18 février 2023, une équipe de scientifique a révélé qu’un virus « zombie », enfermé dans le permafrost en Sibérie, possède des propriétés infectieuses, a rapporté CNN. Après plusieurs extractions, le directeur de l’étude, le chercheur Jean-Michel Claverie, professeur émérite à l’université d’Aix-Marseille, a réveillé cinq nouvelles familles de virus.
Des virus endormis mais particulièrement menaçants
La souche a été prélevée en Sibérie dans un lac souterrain à 16 mètres de profondeur. Les échantillons les plus jeunes proviennent d’un estomac et du pelage d’un mammouth, vieux de 27 000 ans. Ce virus « zombie » est probablement accompagné de « beaucoup » d'autres, selon le chercheur Claverie, interrogé par CNN. « Nous savons donc qu'ils sont là. Nous ne sommes pas sûrs qu'ils soient encore vivants. Mais notre raisonnement est que si les virus des amibes sont encore vivants, il n'y a aucune raison pour que les autres virus ne le soient pas et ne soient pas capables d'infecter leurs propres hôtes », alerte-t-il.
Une grave menace pour la santé publique
« Le fait que les virus infectant les amibes soient toujours infectieux après si longtemps indique un problème potentiellement plus important », a déclaré le professeur. Il craint que la population considère ses recherches comme une curiosité scientifique sans percevoir la perspective d’anciens virus revenir à la vie comme une grave menace pour la santé publique. « S'il y a un virus caché dans le pergélisol avec lequel nous n'avons pas été en contact depuis des milliers d'années, c'est peut-être que notre défense immunitaire n'est pas suffisante », a déclaré Birgitta Evengård, professeure au Département de microbiologie clinique de l'Université d'Umea en Suède. « Il est correct d'avoir du respect pour la situation et d'être proactif et pas seulement réactif. Et la façon de combattre la peur est d'avoir des connaissances. »
Alors que la région de l'Arctique est confrontée à une fonte des glaces de plus en plus préoccupante et rapide, le dégel du pergélisol menace directement les êtres humains. En 2016, une épidémie affectant des dizaines d'êtres humains et plus de 2 000 rennes en Sibérie avait été provoquée par le dégel des sols, causé par un été caniculaire, rappel GEO. Un exemple qui illustre l'importance du pergélisol, selon la climatologue Kimberley Miner, membre de la NASA : « Il se passe beaucoup de choses préoccupantes dans le permafrost. Il est capital de conserver le pergélisol gelé ». Les dégâts semblent pourtant irréversibles. Selon le scénario le plus optimiste du GIEC, le permafrost pourrait perdre près de 40% de sa surface à la fin du XXIe siècle, indique France Culture.