L’Antarctique absorbe aujourd’hui beaucoup de chaleur « par le
haut », un foyer à mettre au crédit de plus de deux cents ans d’activité
humaine. Mais il semblerait que le 6e continent se réchauffe également
« par le bas ». Une mystérieuse source de chaleur, cachée sous la
surface, semble en effet être à l’origine de sa fonte.
Un article publié ce mardi 7 novembre
par la NASA révèle la présence sous l’Antarctique d’un panache de magma à
environ 2 kilomètres sous la surface de la région de la Terre Marie
Byrd. Ce phénomène géologique consiste en une remontée de roches venant
du manteau terrestre, dont la chaleur extrême pourrait expliquer la
fonte et la fente des glaces observée à l’extrême Sud de notre planète.
Une hypothèse qui avait déjà été envisagée il y a trente ans par des
scientifiques de l’Université du Colorado, qui tentaient alors
d’expliquer l’étrange structure en forme de dôme dans cette région de la
partie occidentale de l’Antarctique.
La chaleur interne de la Terre réchauffe
constamment la surface de notre planète, y compris la roche contenue
sous les calottes glaciaires. Sous l’effet de la chaleur, les calottes
fondent légèrement, mais l’accumulation de neige et de glace est
généralement suffisante pour compenser ces pertes. Au fil des ans
cependant, les chercheurs ont remarqué une anomalie à l’ouest de
l’Antarctique. Ici même, l’amincissement de la calotte glaciaire est
plus drastique, plus important que partout ailleurs sur le continent,
selon les données satellitaires. Malgré le scepticisme de nombreux
scientifiques, la Nasa a donc tout de même tenu à vérifier l’hypothèse
avancée il y a 30 ans. Une imagerie numérique en 3 dimensions aura
finalement permis aux chercheurs de déterminer qu’environ 150 milliwatts
de chaleur géothermique par mètre carré étaient émis. Tout simplement
colossale.
Ce panache de magma, que les chercheurs
estiment situé à environ 2 kilomètres sous la surface, est évidemment en
lien avec la récente fonte de glaces observée dans l’ouest de
l’Antarctique, attribuée au changement climatique généré par l’Homme. Il
est en revanche beaucoup plus ancien que la période de réchauffement,
et même que la calotte polaire, puisque celui-ci se serait formé il y a
50 ou 110 millions d’années, bien avant la formation de la couche de
glace. Le réchauffement climatique ne fait depuis qu’accélérer cette
fonte.