Un petit tour dans le coquet centre-ville de Kaliningrad ce jeudi après-midi, avant Belgique - Angleterre, suffit à comprendre que les supporters anglais se font très discrets, beaucoup plus que d’habitude en grande compétition internationale.
Des bières, mais du silence
Le long de la Pregolia, fleuve qui se jette dans la mer Baltique située à quelques kilomètres, quelques dizaines d’entre eux sont sagement attablés. Ils profitent du soleil généreux et des pintes de bière servies dans des gobelets en plastique. En dehors de quelques drapeaux fixés sur des rambardes ("Brighton boys", "English and proud", "London boys"), point de volonté de se faire remarquer, point d’effusions prononcées dont ils ont l’habitude à l’approche d’un match international à l’étranger.
"Vardy’s on fire"
Un peu plus loin, sur la grand-place de l’hôtel de ville, certains ont quand même fait tomber le t-shirt et chantent "Vardy’s on fire", adaptation anglaise du désormais célèbre "Will Grigg’s on fire", le chant culte des supporters nord-irlandais à l’Euro 2016, lui-même adapté de "Freed From Desire", de la chanteuse Gala. Mais c’est tout.
On est loin des traditionnelles hordes avinées qui prennent possession des villes lorsqu’elles se déplacent hors de leurs frontières pour encourager leur sélection nationale, passent la journée à se saouler à la bière, à chanter à tue-tête et à multiplier les excès avant de se rendre au stade.
Les incidents de Marseille en mémoire
On est encore plus loin de Marseille, pendant l’Euro en 2016, où cela avait dégénéré quand quelques centaines de hooligans russes étaient venus pour en découdre et avaient mis la ville sens dessus dessous, provoquant un blessé grave (35 blessés en tout) et de violents incidents qui avaient indigné le monde entier.
"Un sentiment anti-russe en Angleterre"
La Coupe du monde ayant lieu en Russie, un pays où le hooliganisme est un fléau, les supporters anglais n’ont pas souhaité prendre le risque de venir, d’autant qu’une crise diplomatique sévit entre les deux pays.
À Volgograd, pour leur entrée dans la compétition contre la Tunisie, ils n’étaient que 5 000, alors qu’ils se comptent plutôt en dizaines de milliers, d’habitude. Aucun d’incident majeur n’a été à déplorer jusqu’ici. Seuls deux fans se sont pour le moment fait remarquer, arrêtés il y a dix jours en état d’ébriété dans un train entre Moscou et Volgograd.
À Kaliningrad, ils seront encore moins. "Environ 3 000 Anglais font le déplacement, pour 1 600 tickets vendus, indique Oliver Holt, journaliste au Mail on Sunday. Alors que les Belges sont venus en masse."
Le reporter évoque les incidents de Marseille, mais aussi un certain "sentiment anti-russe en Angleterre, depuis que Poutine est au pouvoir. Les problèmes en Crimée, l’empoisonnement d’un ancien espion sur notre sol et d’autres faits diplomatiques font que les Anglais n’ont pas confiance en la Russie et ne veulent pas venir ici."
Dommage pour eux, car le Mondial se passe pour le moment très bien pour les supporters étrangers. Dommage aussi, car l’équipe nationale d’Angleterre est dans de bonnes dispositions depuis le début de la compétition et semble capable d’aller loin cette année, peut-être faire au moins aussi bien qu’en 1990 (demi-finale) ou en 2002 (quart de finale). De quoi motiver les Anglais à changer d’avis et à venir en Russie si les "Three Lions" continuent leur bon parcours ?