Situé en Micronésie, l’atoll de Pingelap, ainsi qu’une île voisine, abritent de nombreux habitants affligés d’une maladie rare de la vision. Le nombre de cas enregistrés, beaucoup plus important qu’ailleurs, s’explique par l’histoire de l’île.
La maladie des yeux éteints
La maladie des yeux éteints, ou “maskun” en langue locale, frappe entre 5 et 10% de la population de Pingelap. Dans le reste du monde, cette affection, appelée achromatopsie, ne touche qu’une personne sur 30.000 environ.
Les personnes souffrant de cette maladie ne peuvent percevoir les couleurs, ont une faible acuité visuelle et supportent mal la lumière. Les malades voient donc le monde en noir et blanc. Ils profitent cependant d’une excellente vision nocturne.
Cette affection invalidante gêne les activités quotidiennes, surtout dans un climat très ensoleillé, et empêche les enfants de suivre leurs cours normalement.
Dans les pays au système de santé développé, les malades portent des lunettes spéciales, dotées de verres filtrant la lumière et de dispositifs grossissants. Mais, pour la plupart, les habitants de Pingelap n’ont pas les moyens de s’en procurer.
Dans les années 1950, de nombreux habitants de Pingelap ont émigré sur l’île voisine de Pohnpei. Ils ont apporté l’achromatopsie dans leurs bagages, faisant de l’île le second plus grand foyer mondial de la maladie.
Les conséquences d’un cyclone
De nombreuses légendes se sont formées autour de cette étrange maladie. Des rumeurs attribuèrent aussi l’origine du “maskun” à des habitants revenant de l’étranger.
Pour trouver la véritable explication, ou du moins la plus probable, il faut remonter en 1775. Cette année-là, un terrible cyclone ravage l’île et en détruit les ressources naturelles. La famine décime la population de l’atoll.
Une vingtaine d’habitants survit, dont le roi et quelques hommes. Malgré leur petit nombre, ils ont tôt fait de repeupler l’île. Mais cette situation singulières entraîne des unions consanguines.
C’est ainsi que le roi de l’île, porteur de l’anomalie génétique, s’unit à plusieurs femmes qui en sont elles-mêmes porteuses. Et c’est à la quatrième ou cinquième génération que l’achromatopsie apparaît et s’installe durablement dans le patrimoine génétique des descendants des rescapés du cyclone meurtrier.