670 : Fondation de Kairouan, dans l’actuelle Tunisie, par les envahisseurs arabes.
681-683 : Campagne de Oqba ben Nafi jusque dans l’ouest du Maghreb. Il gagne Ceuta où le patrice byzantin Julien s’entend avec lui. Tanger (Tingi), qui résiste, est prise et sa population est réduite en esclavage. On ne sait pas précisément jusqu’où le conquérant s’est avancé le long des côtes atlantiques. Il est tué sur la route du retour, au sud de l’Aurès, lors du combat de Tahuda.
698 : Les Byzantins perdent définitivement Carthage. Le calife ommeyade de Damas confie à Musa ben Nusayr le commandement de l’Afrique du Nord. Musa entreprend au cours des années suivantes la conquête du futur Maroc en s’avançant vers les plaines atlantiques puis en s’emparant de la région de Volubilis tandis que l’un de ses fils pousse la pénétration du pays jusqu’au Sous. Les Berbères marocains se convertissent rapidement à l’Islam et, s’ils se soulèvent ensuite à plusieurs reprises contre les conquérants arabes, ils ne remettront jamais en cause leur adhésion à la religion musulmane.
Début du VIIIe siècle : Des Kharidjites s’établissent à Sidjilmassa dans le Tafilalet pour y fonder la ville qui sera au cours des siècles suivants le principal emporium du commerce transsaharien. C’est de là que partiront les caravanes en direction de l’Adrar et d’Aoudaghost, la porte du Bilad-al-Sudan, le Pays des Noirs. Les caravanes pourront ainsi accèder au royaume noir du Ghana puis – plus tard, au XIIIe siècle – par les salines de Teghaza et l’oasis d’Oualata au Mali et à Tombouctou. L’or venant du Bambouk, du Bouré ou du Lobi, c’est-à-dire des régions voisines du Sénégal, du Niger et de la Volta empruntera pendant des siècles ces mêmes pistes du sud vers le nord.
711-715 : Les envahisseurs venus du Maroc sous la conduite de Tarik et de Musa détruisent, après avoir remporté la victoire du rio Guadalete, le royaume wisigothique d’Espagne et ne laissent aux chrétiens ibériques qu’un modeste réduit territorial, établi autour du Pays basque et des Monts Cantabriques. Le reste de la péninsule passe sous le contrôle des conquérants arabes et berbères pour devenir, pendant plusieurs siècles Al-Andalus, c’est-à-dire l’Espagne musulmane qui entretiendra des rapports étroits avec le Maroc dont elle ne sera séparée que par le détroit de Gibraltar. La conquête de l’Espagne a contribué à créer une solidarité, née de la razzia, entre les nouveaux venus arabes et les populations berbères marocaines qui ne participèrent pas à la résistance menée plus à l’est avec Qusayla et la Kahina contre les envahisseurs orientaux.
740 : Intégré à l’Empire ommeyade des califes de Damas dès 708, le Maroc s’en trouve séparé en se ralliant au kharidjisme. Cette hérésie est née à la faveur de la guerre de succession qui a suivi la mort du calife Othman. Parmi les partisans d’Ali, le gendre du Prophète, certains lui reprochèrent alors sa volonté de compromis avec son adversaire, l’Ommeyade Mo’awiya, et se séparèrent de lui. Ali fut même assassiné quelque temps plus tard par un kharidjite. Contre les tenants d’une succession héréditaire, les kharidjites vont réclamer que le calife soit élu par tous les musulmans. Ils considèrent également que ceux-ci sont tous égaux, qu’il s’agisse des Arabes, touchés les premiers par la nouvelle révélation, ou les convertis qui s’y sont ralliés ensuite. Les maladresses et les abus commis par certains gouverneurs arabes favorisèrent l’extension de la révolte, qui débute dès 734. En 742, une armée califale envoyée en renfort est détruite sur les rives de l’oued Sebou.
750 : Le remplacement de la dynastie ommeyade par celle des Abbassides, qui établit bientôt à Bagdad le centre de gravité de l’espace musulman, entraîne le développement de l’anarchie dans l’ensemble du Maghreb. Le califat parvient ensuite à rétablir son autorité à Kairouan et en Ifriqiya – l’ancienne province d’Afrique romaine – mais perd le contrôle de toute la partie occidentale de la Berbérie où s’établissent des petits royaumes kharidjites tels que celui de Sidjilmassa au Maroc. Alors que la Tunisie – où la dynastie aghlabide reconnaît l’autorité du calife – ou les régions appelées à constituer plus tard l’Algérie connaîtront de nouveau la domination orientale – à partir de l’expansion ottomane dans ce deuxième cas – le Maroc en demeurera désormais presque totalement indépendant. Une fois cette indépendance acquise, l’influence du kharidjisme ira en déclinant. Il n’avait été que le prétexte religieux d’une réaction autochtone face à l’hégémonie arabo-orientale. Le rayonnement ultérieur de Kairouan et de Cordoue ramène rapidement le Maghreb, dès les IXe et Xe siècles, vers la tradition sunnite – sans oublier cependant, dans l’est de la région, l’épisode chi’ite correspondant à l’apparition du Califat fatimide. Les Berbères – qui se sont débarrassés de la domination des conquérants arabes tout en adhérant à l’Islam – n’hésitent pas cependant à choisir comme fondateurs des royaumes qui voient alors le jour des chefs venus d’Orient : Ibrahim ibn Aghlab à Tunis, Ibn Rostem à Tahert, Idriss à Volubilis ; le même phénomène se reproduit à Cordoue avec l’Ommeyade Abd er Rahman.
786 : La défaite subie en Orient par les insurgés chiites favorables aux descendants d’Ali, le gendre du Prophète, conduit un de leurs chefs Idriss, issu de Hassan le premier fils d’Ali et donc du Prophète, à fuir vers l’Occident. Il est accueilli dans la région de Volubilis (Oualili) par les Berbères Awarba.
788-791 : Règne d’Idriss Ier, qui réunit autour de lui une coalition de tribus berbères liée aux Awarba et peut ainsi prendre le contrôle du nord de l’actuel Maroc, pousser vers l’est jusqu’à la région de Taza, vers le sud jusqu’au Tadla et vers l’ouest jusqu’aux plaines atlantiques.
789 : Fondation de Fès par Idriss Ier, dans une région fertile, riche en eau, sur la rive droite de l’oued Fès, à l’emplacement de l’actuel quartier des Andalous.
791 : Mort d’Idriss Ier, peut-être empoisonné sur l’ordre du Calife de Bagdad Haroun al-Rachid.
803-828 : Règne d’Idriss II. Fils posthume d’Idriss Ier, il n’est proclamé qu’à l’âge de douze ans, après une régence exercée par Rachid, un affranchi de son père, puis par Abou Khaled. Une fois au pouvoir, Idriss II prend soin de maintenir la coalition berbère qui avait assuré la victoire paternelle mais constitue une administration et une garde personnelle formées surtout d’Arabes.
809 : Idriss II fonde à Fès une nouvelle ville baptisée Al-Aliya, sur la rive gauche de l’oued Fès, à l’emplacement de l’actuel quartier des Kairouanais. La ville devient alors la capitale du royaume idrisside. Elle s’enrichit en 818 de l’apport de nouveaux venus qui sont les réfugiés partis de Cordoue lors de la répression consécutive à la révolte déclenchée contre l’émir ommeyade Al-Hakim Ier. D’autres réfugiés fuyant les persécutions des Aghlabides arrivèrent également de Kairouan et de l’est du Maghreb. Ce n’est que durant la période almoravide que les deux villes ainsi créées de part et d’autre de l’oued n’en constitueront plus qu’une, enfermée dans une enceinte commune.
828-848 : Règne de Mohammed, fils d’Idriss II.
848 : Yahia, fils de Mohammed, succède à son père. Il abandonne le pouvoir à ses oncles et l’État idrisside se dissocie rapidement.
920 : Fès est prise par une armée berbère commandée par Mesala ben Mabbous, gouverneur de Tahert pour le compte des Fatimides du Maghreb oriental.
974 : Les derniers émirs idrissides établis dans la région de Tanger sont vaincus par une expédition ommeyade venue d’Espagne. Les Idrissides ont joué un rôle fondateur en établissant la tradition chérifienne, en luttant contre le kharidjisme des tribus et en préparant ainsi la victoire de l’orthodoxie sunnite, en développant enfin la civilisation urbaine qui contribuera aux progrès de l’islamisation en profondeur du pays.
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