Déclin économique, crise politique, catastrophe naturelle, accident : les raisons sont nombreuses qui conduisent un hôpital, une ville, un bateau, une maison à se retrouver désertés.
Or il arrive que ces endroits, une fois remplis de leur propre vide, en viennent à dégager une irrésistible poésie, et que cette poésie, le photographe s’en saisisse, voire la sublime.
Voici une sélection de quelques-uns des plus beaux lieux fantômes de la planète.
- Au Maroc, à Ben Smim, un grand édifice sanitaire abandonné et oublié !
A Ben Smim, une région montagneuse du moyen Atlas d’une beauté exceptionnelle, à égale distance d’Azrou et d’Ifrane, à un kilomètre à vol d’oiseau de l’aéroport d’Ifrane, se trouve un édifice phare et historique connu sous le nom de l’hôpital Ben Smim ou de sanatorium antituberculeux de Ben Smim.
C’est un vaste cirque bien exposé au midi, à l’altitude de 1650 mètres.
Les bâtiments sont construits sur la pente à la côte 1520 mètres, dans une petite forêt de chênes verts dominant une vaste prairie. Cet édifice imposant, renommé au niveau international, construit en 1945 par les autorités du protectorat et inauguré le 18 avril 1955, est actuellement abandonné à son triste sort, occupé par les rongeurs et hanté par les clochards et la menace de ruine.
Cet hôpital de 35 hectares et à capacité d'accueil de 400 lits, a entamé sa déperdition depuis 1974, date de sa fermeture définitive par décision ministérielle.
- Le Christ des Abysses veille sur les morts en mer.
Dans les profondeurs de la baie de San Fruttuoso de Camogli, en Italie, veille un Christ, les bras tournés vers la surface, placé là en 1954 à l'initiative de Duilio Marcante. Considéré comme l'un des fondateurs de la plongée sous-marine italienne, ce dernier souhaite ainsi rendre hommage à son ami Darius Gonzatti, mort quelques années auparavant lors d'une expédition. La statue, surnommée le Christ des Abysses, est plus largement dédiée à tous ceux qui ont péri en mer. D'une hauteur de 2,50m et signée Guido Galletti, l'œuvre a été fondue à partir de médailles de marins, d'éléments navals et même de cloches. Subissant les affronts de la mer, elle doit être entretenue chaque année. C'est lors d'une telle intervention, début septembre 2013, que Marco Faimali, chercheur italien de l'Institut de Science Marine (ISMAR) - Conseil National de la Recherche (CNR), a pris ce superbe cliché.
- Epave ou forêt flottante ?
Rendue à la nature, l'épave du bateau à vapeur Ayrfield (baptisé à l'origine Corrimal), est colonisée par la mangrove, à Homebush Bay, localité située dans la banlieue de Sydney, en Australie. Construite il y a une centaine d'années, l'embarcation longue de quelque 80 mètres, est arrivée en ces lieux en 1972, pour sa retraite, après avoir notamment servi à l'approvisionnement des troupes américaines dans la région Pacifique pendant la Seconde Guerre mondiale.
- Une fosse titanesque, vestige de l'excavation de diamants à ciel ouvert.
Image satellitaire du cratère de la mine de diamants Mir, en Iakoutie, dans l'Extrême-Orient russe, tel que visible sur le logiciel de visualisation de la Terre Google Earth. Avec ses 525 mètres de profondeur et son diamètre de 1,2km, c'est l'une des plus grandes excavations au monde. Après avoir fourni pour plus de 17 milliards de dollars de diamants, elle est abandonnée depuis 2001. L'exploitation du précieux minerai par la compagnie Alrosa se fait désormais par voie souterraine. Anecdote : les hélicoptères et petits avions ont interdiction de survoler le site, des appareils ayant été aspirés par le cratère par le passé.
- Le sable a repris ses droits sur le village de Kolmanskop.
Le village fantôme de Kolmanskop, en Namibie, photographié en juillet 2006 . Retour sur l'histoire des lieux : nous sommes en 1908, dans le sud de la Namibie, alors colonie allemande, lorsque l'ouvrier Zacharias Lewala trouve un diamant et le montre à son patron. De là l'édification du village de Kolmanskop, en plein désert, pour exploiter le minerai. Les équipements les plus modernes y sont installés, dont un hôpital, un casino ou encore une unité de fabrication de glace. Seulement, une fois le filon épuisé, le site est abandonné, et le sable y reprend ses droits. Kolmanskop envahi par les dunes est aujourd'hui une destination prisée des touristes.
- Le déclin du Parti communiste bulgare
Ce n'est pas un hasard si cette salle de congrès du Parti communiste bulgare a été édifiée au sommet de la Bouzloudja, culminant à 1.441 mètres d'altitude. C'est là qu'en 1881, les socialistes se sont réunis en secret pour organiser le mouvement communiste. Cent ans plus tard, en 1981, un monument y a donc été édifié et richement orné de fresques faites de mosaïques de marbre et de verre. La chute du régime communiste a conduit à l'abandon du site, qui n'a cependant pas été rasé. Restent donc des lieux en pleine décrépitude, dont le cuivre qui ornait la coupole a été pillé, n'en laissant que le squelette, comme on le constate sur cette photo de l'agence Sipa prise en 2009.
- La station balnéaire transformée en ruines de sel.
Difficile d'imaginer que ces lieux désolés, dans la pampa argentine, résonnaient de vie il y a encore une trentaine d'années. Ici s'élevait la station balnéaire d'Epecuen, qui recevait jusqu'à 20.000 curistes chaque été. Voici ce qu'il en reste – la photo date de 2011 – après le drame qui y est survenu le 10 novembre 1985, lorsqu'explosèrent les murs d'enceinte du lac sur les rives duquel était construite la ville. Les habitants n'eurent que le temps de prendre quelques effets personnels et de quitter les lieux. Le niveau de l'eau a depuis baissé, laissant apparaître les ruines de la cité et ses arbres morts. Ce décor est d'autant plus impressionnant qu'il est blanchi par la salinité particulièrement élevée du lac : 380 grammes de sel par litre d'eau, contre 140 grammes par litre pour l'eau de mer.
- Le berceau du commerce moderne en pleine décrépitude.
Visibles à Anvers, en Belgique, ces ruines sont en quelque sorte le berceau du commerce moderne. Il s'agit des vestiges du premier bâtiment conçu spécifiquement pour abriter une bourse de commerce. D'abord élevé en 1531, il est reconstruit à plusieurs reprises, dont la dernière remonte à la fin du XIXe siècle. Cette photo de 2012 laisse apparaître son style néogothique. Abandonné peu avant l'an 2000, le site doit être prochainement réhabilité, mais sa reconversion traîne en longueur. En attendant, il reste strictement désert.
- Les maisons-ovnis de Sanzhi.
Ces maisons-ovnis – devant leur nom à leur forme singulière – ont été construites en 1978 en bord de mer, à Sanzhi, district de la ville de New Taipei, à Taïwan. Pour quelle raison le projet a-t-il finalement été abandonné en 1980 ? Les versions divergent, mais la plus probable est que l'argent soit venu à manquer en cours de route.
- Vie et mort d'un bateau.
En 1884, le Gayundah, canonnière de sa Majesté, entre en service. Elle effectue ce dernier en Australie jusqu'à 1921, date à laquelle elle est désarmée et vendue. Commence alors pour elle une deuxième carrière, en tant que péniche sur le fleuve Brisbane, qui se poursuit jusqu'en 1950. Toute rouillée et déchiquetée, son épave sert aujourd'hui de brise-lames, à Woody Point, dans l'Etat du Queensland.