Le Général Français Henri Gouraud |
Patrimoine exceptionnel qui souffre et se dégrade au fil des années, la cédraie de l’Atlas n’est pas seulement une forêt d’arbres et de cèdres, mais recelle en elle une histoire qui se transmet d’une génération à l’autre. Celle du cèdre Gouraud n’est connue que par les habitants de la région, alors que deux histoires se mélangent pour enfin donner un récit sur les vraies raisons derrière ce nom, partagé avec l’une des figures du protectorat français.
Pour la première, racontée par Michel Tarrier, nous apprend que le nom du cèdre Gouraud a été donné suite au passage des troupes du général Henri Joseph Eugène Gouraud dans la région pendant la première guerre mondiale. Henri Gouraud avait perdu un bras pendant la guerre des Dardanelles en 1915, ayant opposé des troupes britanniques et françaises à l’armée de l’Empire Ottoman dans l’actuelle Turquie.
H.J.Gouraud |
Joseph-François Poeymirau |
«C'est en avril 1917 que le Général Gouraud, Résident général au Maroc, fait une tournée à Meknès, Fès, Moulay Idriss, Aïn leuh et la région d'Azrou où il est impressionné par un immense cèdre. Il fait alors la pose en compagnie du colonel Poeymirau au pied de ce magnifique cèdre du Moyen-Atlas et c'est le photographe Ratel qui prend un cliché qui parait dans la presse», indique pour sa part le site Dafina. Les deux versions restent, donc, similaires en fin de compte.
Un cèdre vieux de 800 ans et mort en 2003
Mais le cèdre Gouraud n’est pas célèbre que grâce à son nom ; il l’est aussi pour son destin tragique. L'arbre multicentenaire est, en effet, déclaré mort depuis 2003 pour des raisons qui restent encore floues. Monumental Trees pense que cette mort est causée par «les travaux de terrassement à proximité des racines» de l’arbre réputé comme l’un des plus gros cèdres du royaume.
Le cèdre est alors conservé debout où il est encore visible jusqu’à aujourd’hui. Pour ce qui est des mesures de circonférence, on l'estime entre 8,30 et 8,40 mètres sur écorce. Sa hauteur totale serait comprise entre 40 et 42 mètres alors que son âge serait de presque 800 ans, ajoute «les Têtards Arboricoles».
Espèce assez rare, certains avancent même que cette variété de cèdre ne se trouve que dans une zone très restreinte. Ils la situent même entre Ouguemas au nord-est, puis vers Hebri au sud et au-dessus de Toumliline à l’ouest, dans un rayon de 10 à 15 km vers le sud et l’ouest à partir du fameux cèdre de Gouraud.
Les 150 000 ha de cèdre marocain sont répartis sur trois massifs : le Rif, le Haut-Atlas mais l’essentiel se trouve dans le Moyen-Atlas (50 km au sud de Fès et Meknès). «Les Têtards Arboricoles» ne manque pas de souligner que la cédraie de l’Atlas est «en danger». Il cite notamment la surexploitation, le surpâturage et la coupe des branches basses pour nourrir le bétail comme principales causes. En 2013 déjà, l’Union internationale pour la conservation de la nature a classé dans sa liste rouge le cèdre marocain comme l’un des conifères menacés d’extinction.
En novembre de l’année en cours, 300 jeunes cèdres ont été plantés à la sortie ouest d’Ifrane par des jeunes marocains et étrangers. Un reboisement que le Maroc doit encourager pour préserver cette espèce.
Le lieu attire beaucoup de touristes,
pour le cèdre mais aussi les singes Magots, des macaques de Barbarie,
qui vivent en liberté dans la forêt. Attirés par toute la nourriture que
les touristes donnent, on est sûr d'en voir en rentrant simplement de
quelques centaines de mètres à l'intérieur de la forêt à partir du cèdre
Gouraud. Vous pouvez acheter des cacahuètes dans les baraquements près
du cèdre pour donner aux singes, mais ils vendent aussi des barres
chocolatées... et les singes adorent ça.