Alors que des élections municipales se déroulent jeudi, le budget des mairies britanniques a baissé de 28 % en huit ans. A travers le pays, des bibliothèques ferment, le ramassage des ordures s’espace et les aides aux personnes âgées sont coupées.
A Londres, le 29 mars. Toby Melville
La mairie de Wigan a choisi de ne ramasser les ordures ménagères qu’une fois toutes les trois semaines. Celle de Swindon a fermé tous ses centres Sure Start, consacrés à la petite enfance. A Barnet, décision a été prise de sous-traiter l’ensemble des services municipaux, du standard téléphonique jusqu’au centre d’accueil pour handicapés. Watford a augmenté le prix des enterrements dans le cimetière municipal de 49 %. Quant à la mairie de Northamptonshire, elle n’y arrive plus : en février 2018, elle a dû reconnaître qu’elle ne parvenait pas à équilibrer son budget, ce qui est interdit au Royaume-Uni pour une collectivité locale. Le gouvernement britannique a dû venir à la rescousse.
Le grand plan d’austérité lancé outre-Manche depuis 2010 a fait porter une large partie des coupes budgétaires aux 418 councils du pays, les collectivités locales. L’enveloppe qui leur est versée par l’Etat a chuté de moitié en valeur réelle (corrigé de l’inflation) en huit ans. En comptant les impôts locaux, qui compensent partiellement cette diminution, cela s’est traduit par une baisse de 28 % de leur budget en moyenne, selon les calculs du National Audit Office (NAO), l’équivalent britannique de la cour des comptes.
Une solution politique pratique
Alors que les élections municipales se déroulent dans un tiers des councils du pays jeudi 3 mai, le bilan est désormais préoccupant : « Initialement, les mairies ont réussi à faire face, et à maintenir le niveau de satisfaction du public, mais on arrive maintenant au moment où ça ne peut plus durer », estime Jonathan Carr-West, directeur du Local Government Information Unit, un think tank.
Les collectivités locales ont été particulièrement touchées par l’austérité parce que c’est une solution politique pratique pour faire passer les coupes. Les différentes municipalités ne forment pas un front uni pour s’y opposer, et le grand public ne fait pas forcément le lien entre la hausse du prix...
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