Le mariage forcé auquel a dû faire face la toute jeune Nada n’est pas unique. Ses immenses yeux noirs dévorent son petit visage. A 11 ans, Nada Al Ahdal s'est enfuie de chez elle, pour ne pas être marier de force. Mais elle est une des rares à avoir osé quitter sa famille si jeune pour l’éviter. C’est son oncle, Abdel Salam al-Ahdal qui l’a recueillie et qui filme la fillette, issue d’une famille modeste composée de huit frères et sœurs.
Pleine de détermination, elle demande dans la vidéo de son témoignage : « Je n’aurais eu aucune vie, aucune éducation. N’ont-ils vraiment aucune compassion ? Ils ont menacé de me tuer si je partais chez mon oncle. Quel genre de personne peut menacer son enfant comme ça ? ». Et si la petite fille, qui semble déjà si mature, a eu la chance de pouvoir échapper à son destin, elle sait que ce n’est pas le cas de tous les enfants victimes de mariages forcés. « Certains enfants ont décidé de se jeter dans la mer. Ils sont morts maintenant. Ce n’est pas normal pour des enfants innocents » s’insurge-t-elle. « Allez-y, mariez-moi et je me tuerai » lance-t-elle à ses parents en guise de conclusion.
Pour mémoire, c’est chaque année 10 millions d’adolescentes et de fillettes qui ont à faire face à une situation de mariage forcé, les plus jeunes ont 8 ans. Au Yémen, c’est un quart des jeunes filles qui sont mariées avant quinze ans.
Chez nous, sans qu’il n’existe de réels chiffres officiels sur le nombre de victimes de femmes mariées de force, et, depuis «l’affaire Amina», cette jeune fille de 16 ans qui s’est suicidée après avoir été obligée d’épouser son violeur, le Maroc tente d’effacer son image de pays irresponsable.