Pour se réconcilier avec la mort, le peuple Toraja de l'île indonésienne de Sulawesi, pratique une tradition pour le moins étonnante. Elle consiste à cohabiter durant quelques temps, des semaines voire des mois, avec les défunts comme s'ils étaient encore en vie. Pour la plupart des cultures, la mort représente la fin d’une existence parmi le monde physique. Mais pas pour les Torajas de l'île de Sulawesi en Indonésie.
Ce peuple a pour tradition de garder les défunts encore quelques temps auprès de leur famille après leur trépas. Cette habitude singulière a récemment été documentée dans un article du National Geographic qui met en lumière les croyances et habitudes des habitants de la région. "Un défunt qui réside toujours à la maison n’est pas mort" Parce que ces derniers sont très attachés à leurs ancêtres, les Torajas ont trouvé le moyen de se réconcilier avec la mort. Durant des semaines, des mois et même parfois des années en fonction des familles, ils gardent parmi eux la dépouille de leur proche. Pour eux, "un défunt qui réside toujours à la maison n’est pas mort", souligne le National Geographic. C’est pourquoi, il est impliqué dans un véritable séjour funéraire durant lequel il reçoit symboliquement des prières et de la nourriture quatre fois par jour. Il est habillé et sa famille entretient avec lui des conversations comme s'il était encore en vie. A ce stade, la mort est perçue comme un état de sommeil prolongé. Cette coexistence n’a d’ailleurs pour eux, rien de morbide comme l’explique l’une des personnes interrogées : "Nous n’avons pas peur du corps mort parce que notre amour pour nos ancêtres est beaucoup plus grand que notre peur". Et si garder un défunt pendant des semaines peut poser question quant à une possible décomposition, les Torajas ont une technique bien rodée. Après la mort, les corps sont traités avec du formol qui va stopper la putréfaction. Au lieu de cela, ils vont se momifier, se changeant en des statues figées dans le temps. Un second enterrement Il faut un certain temps avant que le corps soit finalement déposé dans un grand cercueil et placé dans une tombe. Il arrive parfois que la famille organise une sorte de "second enterrement". Appelé ma’nene, la cérémonie consiste à retirer le défunt de son tombeau pour nettoyer son corps et le revêtir de nouveaux vêtements. La lecture de passages bibliques accompagne souvent ces événements. La culture du peuple Toraja est en effet fortement imprégnée de la religion chrétienne, une petite exception compte tenu la prédominance de l’Islam en Indonésie. Quant à cette tradition spécifique, il est impossible de savoir avec précision, depuis combien de temps elle dure. Ce genre de rite est transmis de génération en génération sans qu’aucun document n’y fasse référence. La plupart des anciennes traditions des Torajas qui n'ont commencé à écrire qu'au début du XXe siècle se transmettent encore de façon orale. Cependant, la datation de certains échantillons de cercueils suggèrent que la coutume pourrait remonter à plus de 1.000 ans.