Les Lituaniens sont les plus grands buveurs d’alcool dans le monde. Des initiatives tentent de lutter contre l’alcoolisme.
À quelques mètres de la gare de Vilnius, derrière la lourde porte en bois d’une bâtisse attenant à une église, une vingtaine d’hommes échangent sur leur dépendance à l’alcool, un problème criant de santé publique en Lituanie.Les Lituaniens sont les plus grands buveurs d’alcool dans le monde avec une consommation de 18,2 litres d’alcool pur par an et par habitant, selon l’Organisation mondiale de la Santé (OMS), devant les Biélorusses, les Moldaves et les Russes. À titre de comparaison, la consommation est en France de 11,7 litres, contre 11,4 en Allemagne et 12,3 litres en Grande-Bretagne, selon l’OMS.
À l’époque soviétique, le fait de boire sur le lieu de travail était toléré pour toutes sortes d’occasions. Aujourd’hui, pour un baptême ou un enterrement, l’alcool est toujours très présent. Souvent les gens sont insatisfaits de leur vie en Lituanie et l’alcool est un exutoire pour oublier leurs problèmes.
Parmi les causes avancées à cet alcoolisme, une santé mentale défaillante et des problèmes relationnels, chez beaucoup d’hommes notamment. Selon des chiffres de l’OMS en 2014, 16,7 % des hommes lituaniens abusent de l’alcool ou sont même dépendants. La bière vient en tête, suivie de la vodka.
Pour le psychologue Visvaldas Legkauskas, de l’université Vytautas le Grand à Kaunas, le grand coupable est « le pessimisme lituanien ».
Depuis 15 ans, la population lituanienne a chuté de 600 000 personnes, à 2,9 millions d’habitants, à la suite principalement d’un exode massif dans le but de rechercher de meilleurs salaires à l’étranger. En Lituanie, le salaire moyen est de 600 € net, l’un des plus bas de l’Union européenne, et le pays connaît un niveau d’inégalités et de pauvreté relativement élevé.
La lutte contre l’alcoolisme faisait partie des promesses de campagne de l’Union des paysans et des Verts (LGPU, centre), qui a remporté les législatives d’octobre 2016 à la surprise générale. Son leader organise même depuis dix ans un festival culturel sans alcool dans son village.
Et face à l’ampleur du fléau, les autorités ont pris des mesures récemment.
Le 1er juin, le Parlement a adopté à une large majorité de nouvelles dispositions : l’âge légal pour la consommation de l’alcool a été porté de 18 à 20 ans, la vente en est interdite entre 20 h et 10 h, et sa publicité doit être complètement interdite à partir du 1er janvier 2018. Enfin, les élus ont relevé le taux d’accise sur l’alcool.
Mais à voir les expériences passées en matière de lutte contre l’alcoolisme, le ministre de la Santé Aurelijus Veryga n’est guère optimiste. Déjà en 1998, la Lituanie avait adopté une stratégie qui prévoyait de réduire la consommation de 25 %. Elle a en réalité augmenté de 130 %.
Pour le prêtre Kestutis Dvareckas, la nouvelle loi n’est pas suffisante. Pourquoi faut-il toujours qu’au magasin je passe par le rayon des alcools avant d’atteindre celui des produits laitiers ? .
Au village de Semeliskes, à 20 km de Vilnius, Ona, vendeuse dans le petit magasin local, est sceptique. « Même si les prix ont augmenté, personne n’y fait attention. Les gens achèteront tant qu’ils auront de l’argent, et ils achèteront cinq bouteilles au lieu d’une pour être certains d’en avoir » en réserve.
Pour être efficaces, les restrictions touchant les ventes devraient se doubler de mesures d’accompagnement, estiment les spécialistes.
Or la prise en charge des alcooliques est encore très aléatoire en Lituanie où les traitements ne sont pas remboursés par l’État, selon la Caisse nationale d’assurance maladie.
Et l’offre publique de soins est minime. Seuls cinq centres pour personnes dépendantes fonctionnent dans le pays.
Pour Aurelijus Veryga, le ministre de la Santé, c’est là le chantier auquel il faut s’attaquer. « Il faut pouvoir assurer un accès égal (à des centres spécialisés) à toutes les personnes concernées dans les différentes régions. »
Pour le psychologue Visvaldas Legkauskas, de l’université Vytautas le Grand à Kaunas, le grand coupable est « le pessimisme lituanien ».
Depuis 15 ans, la population lituanienne a chuté de 600 000 personnes, à 2,9 millions d’habitants, à la suite principalement d’un exode massif dans le but de rechercher de meilleurs salaires à l’étranger. En Lituanie, le salaire moyen est de 600 € net, l’un des plus bas de l’Union européenne, et le pays connaît un niveau d’inégalités et de pauvreté relativement élevé.
La sobriété, nouveau leitmotiv
Le prêtre Kestutis Dvareckas a réussi à redevenir sobre grâce au soutien de son entourage et à un programme d’abstinence en 12 étapes similaire à celui des Alcooliques anonymes.
Pour transmettre son expérience, il a créé ce groupe de parole en 2009, où le dialogue, la thérapie et la prière permettent aux participants de reprendre pied. Une association fondée cette année rassemble vingt communautés comme la sienne.La lutte contre l’alcoolisme faisait partie des promesses de campagne de l’Union des paysans et des Verts (LGPU, centre), qui a remporté les législatives d’octobre 2016 à la surprise générale. Son leader organise même depuis dix ans un festival culturel sans alcool dans son village.
Et face à l’ampleur du fléau, les autorités ont pris des mesures récemment.
Le 1er juin, le Parlement a adopté à une large majorité de nouvelles dispositions : l’âge légal pour la consommation de l’alcool a été porté de 18 à 20 ans, la vente en est interdite entre 20 h et 10 h, et sa publicité doit être complètement interdite à partir du 1er janvier 2018. Enfin, les élus ont relevé le taux d’accise sur l’alcool.
Mais à voir les expériences passées en matière de lutte contre l’alcoolisme, le ministre de la Santé Aurelijus Veryga n’est guère optimiste. Déjà en 1998, la Lituanie avait adopté une stratégie qui prévoyait de réduire la consommation de 25 %. Elle a en réalité augmenté de 130 %.
L’alcool plus simple à acheter que le lait
Dans ce petit pays, 732 personnes, surtout des hommes, sont décédées en 2015 des suites de la consommation d’alcool, selon les données du département de contrôle de l’alcool, du tabac et des drogues ; 76 personnes sont mortes des suites d’accidents de la route provoqués par des conducteurs, cyclistes ou piétons en état d’ivresse ; et 726 autres ont été blessées.Pour le prêtre Kestutis Dvareckas, la nouvelle loi n’est pas suffisante. Pourquoi faut-il toujours qu’au magasin je passe par le rayon des alcools avant d’atteindre celui des produits laitiers ? .
Au village de Semeliskes, à 20 km de Vilnius, Ona, vendeuse dans le petit magasin local, est sceptique. « Même si les prix ont augmenté, personne n’y fait attention. Les gens achèteront tant qu’ils auront de l’argent, et ils achèteront cinq bouteilles au lieu d’une pour être certains d’en avoir » en réserve.
Pour être efficaces, les restrictions touchant les ventes devraient se doubler de mesures d’accompagnement, estiment les spécialistes.
Or la prise en charge des alcooliques est encore très aléatoire en Lituanie où les traitements ne sont pas remboursés par l’État, selon la Caisse nationale d’assurance maladie.
Et l’offre publique de soins est minime. Seuls cinq centres pour personnes dépendantes fonctionnent dans le pays.
Pour Aurelijus Veryga, le ministre de la Santé, c’est là le chantier auquel il faut s’attaquer. « Il faut pouvoir assurer un accès égal (à des centres spécialisés) à toutes les personnes concernées dans les différentes régions. »