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San Francisco, ville sans déchets en 2020


Plus d’un millier de tonnes de détritus sont produites quotidiennement à San Francisco.
Plus d’un millier de tonnes de détritus 
sont produites quotidiennement à San Francisco.

Depuis les années 2000, l’État de Californie s’est lancé dans une guerre à grande échelle contre les déchets. Qu’il pourrait bien finir par remporter… À commencer par la bataille de San Francisco où 80 % des déchets produits chaque année sont aujourd’hui recyclés. Et ce n’est qu’un début !

Une poubelle bleue pour le recyclable, une poubelle verte pour le compost, et enfin, une noire, pour les déchets non traitables. Rien de révolutionnaire en apparence. Sauf que ce système de tri des déchets a permis à la ville de San Francisco et à ses 860 000 habitants d’atteindre, en moins de 10 ans, l’objectif de retraiter 80 % du contenu de leurs poubelles.

Surtout, pour la première fois, le recyclage et le compostage devenaient obligatoires pour tout le monde. Avec un système d’amendes comprises entre 100 et 1 000 dollars et un système de location avec des tarifs variables. Évidemment, la poubelle noire était la moins abordable possible afin d’inciter les habitants à opter pour le plus petit modèle et surtout, à vérifier et à revérifier si les déchets ne pouvaient pas être encore mieux exploités.


Recycler plutôt qu’incinérer
Dans le même temps, la ville a interdit certains polluants comme les sacs plastiques et les emballages en polystyrène imputrescibles. De même que la vente de bouteilles d’eau sur l’espace public. Les professionnels, eux, ont fortement été encouragés à adopter des pratiques plus vertueuses. Soit par la contrainte comme ce fut le cas pour les entreprises de la construction (obligation de recycler pour être habilité à travailler dans la ville) soit par la création d’une filière de compostage performante. Une aubaine les restaurateurs et les agriculteurs locaux. Même la Napa Valley qui abrite les plus grands domaines viticoles américains s’est convertie à l’utilisation de ce compost !

Clé de voûte de ce dispositif : la mise en place de la filière de recyclage. Exit donc les décharges publiques et les incinérateurs. Recology, la coopérative en charge de la collecte des ordures de la ville a dès lors fait l’acquisition du plus gros centre de tri de la planète : le Pier 96. Dans cet immense hangar maritime de 20 000 m2, ce sont plus d’un millier de tonnes de détritus qui sont traités chaque jour. Enfin, du côté de Vacaville, Recology a aussi investi dans un immense champ de compostage qui gère 650 tonnes de compost par jour. Lequel est aujourd’hui entièrement revendu aux fermes de la région.

Le zero waste, la nouvelle tendance
Les résultats ainsi obtenus par la ville de San Francisco ont par ailleurs favorisé l’émergence d’une sensibilité écologique et d’un esprit de compétition dans la communauté « friscaine ». Bref, une nouvelle tendance est apparue : celle du zero waste dont assurément, Bea Johnson est devenue l’icône.
Pour dire les choses simplement, le zero waste c’est d’abord un mode de vie. Presque une philosophie en même temps qu’un rapport nouveau à la société de consommation. L’idée, c’est de se désencombrer du superflu, des objets inutiles, de réinterroger la question des « besoins »… Bref, de consommer moins mais mieux tout en prenant son temps et en se concentrant sur l’essentiel. C’est en quelque sort ce que Pierre Rabbhi, l’auteur de La part du colibri, appelle « la sobriété heureuse. »
En 2013, Béa Johnson a démocratisé le concept avec la publication de son ouvrage Zéro déchet. Dans ce dernier la Californienne d’origine française raconte comment le déménagement d’une maison à un appartement a littéralement changé sa vie… Et simplifié au sens strict comme au sens littéral, son quotidien.
À tel point que la production totale de déchets de sa petite famille en un an tient tout en entière dans un bocal de conservation alimentaire de taille moyenne.