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Le « revenge porn » c'est quoi ?


Des photos de stars nues circulant sur les réseaux sociaux (Captures d'écran/Montage)

Le phénomène du porno vengeur a pris une telle ampleur que la justice s'en mêle. Eclairage  sur l'intimité d'un couple déballée en ligne.
C'est devenu la terreur des « ex ». Le « revenge porn » consiste à mettre en ligne des photos ou vidéos intimes, à la suite d'un conflit ou d'une rupture avec son partenaire.

En Israël, le «revenge porn» est considérée comme une agression sexuelle. (Flickr/CC/mrseb)

Le phénomène a pris une telle ampleur aux Etats-Unis que certains Etats ont été amenés à légiférer : en Californie, le porno vengeur est passible depuis l'an dernier de six mois d’emprisonnement et d'une amende de 1.000 dollars. En Grande-Bretagne, le gouvernement Cameron prépare une loi. En France aussi, avec l’article 226-1 du Code pénal, des condamnations ont commencé à tomber.

Pourquoi le « revenge porn » a-t-il pris une telle ampleur ? Est-ce que c’est un phénomène vraiment nouveau et inédit, lié à l’émergence des réseaux sociaux ?



Le « revenge porn » est au croisement de plusieurs phénomènes. D'abord des phénomènes qui ne sont pas forcément négatifs : le pouvoir de l'image, qui a en grande partie remplacé celui des mots dans la valorisation, associé pour une fille ou une femme au fait "d'offrir" en toute confiance au garçon ou à l'homme qu'elle aime une image immortalisée de son intimité corporelle ou d'un moment passé avec lui.
Ensuite des phénomènes plus inquiétants. A savoir le sentiment d'impunité qu'on peut avoir à poster anonymement des images sur le net, qui procure un sentiment de toute-puissance à l'homme détenteur de pareilles images.
Autre fait inquiétant : une certaine crise actuelle de l'identité masculine par rapport à la montée de valeurs féminines dans la société. On observe des phénomènes de compensation d'un mal-être face à un échec dans un cursus scolaire, familial, professionnel, conjugué à une certaine culpabilisation dans la société de la culture masculine associée au souvenir de siècles d'oppression machiste et de violence.


Cela peut nourrir chez certains une envie délirante de s'acharner sur une « ex ». La négation de la liberté sexuelle de la femme vient combler le sentiment d'abandon, l'amour-propre blessé et le vide existentiel. La volonté de détruire l'autre vient soulager la détresse personnelle.
Mais ce qui est intéressant, c'est qu'il y a un public pour cela, une sorte de "communion" de tout le public masculin à ce sacrifice, alors que l'attitude symétrique n'existe pas : les femmes ne postent pas des images « X » de leur « ex » masculin, et il n'y aurait probablement pas de public féminin pour cela. Cela renforce l'idée qu'il s'agit bien d'un symptôme de la crise de l'identité masculine.