Le phénomène du porno vengeur a pris
une telle ampleur que la justice s'en mêle. Eclairage sur l'intimité d'un couple déballée en ligne.
C'est devenu la terreur des « ex ».
Le « revenge porn » consiste à mettre en ligne des photos ou vidéos
intimes, à la suite d'un conflit ou d'une rupture avec son partenaire.
Le
phénomène a pris une telle ampleur aux Etats-Unis que certains Etats ont été
amenés à légiférer : en Californie, le porno vengeur est passible depuis l'an
dernier de six mois d’emprisonnement et d'une amende de 1.000 dollars. En
Grande-Bretagne, le gouvernement Cameron prépare une loi. En France aussi, avec
l’article 226-1 du Code pénal, des condamnations ont commencé à tomber.
Pourquoi le « revenge porn » a-t-il pris une
telle ampleur ? Est-ce que c’est un phénomène vraiment nouveau et inédit, lié à
l’émergence des réseaux sociaux ?
Le « revenge porn » est au
croisement de plusieurs phénomènes. D'abord des phénomènes qui ne sont pas
forcément négatifs : le pouvoir de l'image, qui a en grande partie remplacé
celui des mots dans la valorisation, associé pour une fille ou une femme au
fait "d'offrir" en toute confiance au garçon ou à l'homme qu'elle
aime une image immortalisée de son intimité corporelle ou d'un moment passé
avec lui.
Ensuite des phénomènes plus
inquiétants. A savoir le sentiment d'impunité qu'on peut avoir à poster
anonymement des images sur le net, qui procure un sentiment de toute-puissance
à l'homme détenteur de pareilles images.
Autre fait inquiétant : une certaine
crise actuelle de l'identité masculine par rapport à la montée de valeurs
féminines dans la société. On observe des phénomènes de compensation d'un
mal-être face à un échec dans un cursus scolaire, familial, professionnel,
conjugué à une certaine culpabilisation dans la société de la culture masculine
associée au souvenir de siècles d'oppression machiste et de violence.
Cela peut nourrir chez certains une
envie délirante de s'acharner sur une « ex ». La négation de la
liberté sexuelle de la femme vient combler le sentiment d'abandon,
l'amour-propre blessé et le vide existentiel. La volonté de détruire l'autre
vient soulager la détresse personnelle.
Mais ce qui est intéressant, c'est
qu'il y a un public pour cela, une sorte de "communion" de tout le
public masculin à ce sacrifice, alors que l'attitude symétrique n'existe pas :
les femmes ne postent pas des images « X » de leur « ex »
masculin, et il n'y aurait probablement pas de public féminin pour cela. Cela
renforce l'idée qu'il s'agit bien d'un symptôme de la crise de l'identité
masculine.
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