Traditionnellement, le phénomène intervient autour de la mi-mars, lors de la fonte des neiges au printemps, ou des crues abondantes à l'automne. Mais cette année, l'Europe de l'Est a connu un mois de janvier particulièrement doux et humide favorisant l'apparition précoce de cette boue collante, redoutable pour les engins militaires.
Napoléon et les nazis victimes de la raspoutitsa.
Ces terres noires très fertiles qui ont fait la richesse agricole de l'Ukraine ont déjà mis à mal d'autres armées qui tentaient d'envahir la région. Les troupes de Napoléon en ont fait la pénible expérience, retardées lors de leur retraite de Russie fin 1812 au point d’être rattrapées par les rigueurs de l’hiver et de subir de nombreuses pertes qui entraîneront par la suite la chute de l'Empereur. Les nazis qui tentaient de prendre Moscou durant la seconde Guerre mondiale ont également connu le même sort, et ont dû attendre un hiver de plus pour lancer leur offensive, ratée. Mais la raspoutitsa freinera également les troupes soviétiques lors de leur contre-offensive en 1943.
Le temps des mauvaises routes.
Ce phénomène est pourtant bien connu des populations vivant en Ukraine, en Russie et au Bélarus. Il se produit généralement au printemps avec le radoucissement des températures et la fonte de la neige qui transforme une grande majorité des routes du pays en un gigantesque champ de gadoue. L'armée russe avait d'ailleurs anticipé ce phénomène en lançant son assaut pendant que l'hiver était là, mais le redoux actuel causé par le réchauffement climatique a avancé de quelques semaines l'apparition de la raspoutitsa.
Et en effet, on ne compte plus le nombre de photos et vidéos où l'on voit des chars russes empêtrés dans la boue, obligeant les soldats à les abandonner sur place. “Il y a déjà eu beaucoup de situations dans lesquelles des chars russes et d’autres véhicules sont passés par les champs et ont été bloqués. Les soldats ont été obligés de les abandonner et de continuer à pied”.