La nouvelle enquête du Haut commissariat au plan (HCP) sur les jeunes et dont les résultats ont été dévoilés vendredi dernier, arrive à point nommé. Printemps arabe et utilisation d’Internet et des réseaux sociaux mettent de plus en plus ce pan de la population au devant de la scène. Mais qui sont les jeunes marocains ? Qu’aiment-ils ? En quoi croient-ils ? À quoi aspirent-ils ?
Il aura fallu une quinzaine de jours à l’équipe dépêchée par le HCP pour mener son enquête. La tranche d’âge choisie est assez large, puisqu’elle englobe les 18-45 ans. Jeunes à 45 ans ? De quoi en laisser perplexes plus d’un. « L’augmentation de l’espérance de vie de 47 ans en 1962 à 74,8 ans en 2010 donne un espace plus large à la notion de jeunesse », explique Ahmed Lahlimi, Haut Commissaire au Plan. Avant d’avancer une seconde raison, à savoir le souhait d’étudier les différences entre les Marocains nés dans la période de l’ajustement structurel, et ceux nés durant celle de « l’ouverture économique et démocratique » du pays. Parmi les caractéristiques relatives au niveau d’instruction de ces jeunes, on note qu’ils ont en général un faible niveau d’enseignement. Un jeune sur trois n’a aucun niveau scolaire, et seuls 9 % des jeunes ont un niveau d’enseignement supérieur. Une réalité encore plus présente chez les femmes et les ruraux. Diplômés ou non, ces jeunes réussissent-ils à décrocher un emploi ? Au vu des résultats de l’enquête, certaines franges semblent accuser le coup plus que d’autres.
Les femmes chôment plus que les hommes.
On note un faible niveau d’activité notamment parmi les jeunes femmes et un taux de chômage élevé parmi les citadins. Les jeunes chômeurs sont en effet le plus souvent des femmes, le taux d’activité étant trois fois moins élevé dans leurs rangs (28,5 %) que dans ceux de leurs congénères de sexe masculin (86 %).
Toujours chez leurs parents.
Autre phénomène évoqué dans l’enquête et qui ne surprend pas vraiment, les jeunes vivent plus longtemps chez leurs parents. L’enquête du HCP vient confirmer cette réalité visible. On apprend ainsi que plus de la moitié des jeunes (54 %) vivent toujours dans le foyer parental. Une situation qui est plus présente chez les 18-25 ans (81 %) que chez les 35-44 ans (25 %). Les hommes sont par ailleurs plus enclins que les femmes à s’éterniser chez leurs parents (67 % contre 41 %). Mais il y a une raison à cela qui se dévoile quand on apprend que la majorité de ceux qui restent, hommes ou femmes, sont célibataires (81 %). Cependant, proximité ne conduit pas forcément à des frictions entre générations. La proximité avec les parents, même jusqu’à un âge assez avancé, ne semble pas affecter les relations parents-enfants, puisque seuls 9 % disent souffrir de tensions avec leurs géniteurs. Sur l’échelle des valeurs, la famille est d’ailleurs placée en pole position chez les jeunes (54,6 %), suivie de la religion (24,1 %) et du travail (10,4 %). Au final, la principale raison qui les fera sortir du cocon familial, ce sera pour la plupart le mariage (65,2 %), suivi par le travail et les études. Quelle est justement la recette à un mariage réussi, d’après eux ? Les deux clés d’une vie en couple réussie sont la fidélité (pour 91 % d’entre eux) et les enfants (81 %) ! À côté de cela, la participation des hommes aux tâches domestiques (39 %) et la préservation de la liberté individuelle (30 %) ont également été citées.
Réformer l’enseignement et la santé !
Les jeunes générations sont pour finir vivement préoccupées par leur avenir. Leurs inquiétudes se rejoignent dans la majorité des cas. Face à des préoccupations dénommées, cherté de la vie (84 %), chômage (78 %) et baisse des ressources (78 %), ils proposent des solutions. « L’emploi et l’égalité des chances sont avancés par 96 % des jeunes et la réforme de l’enseignement par 83 %. L’habitat décent arrive en troisième position des priorités (81 %), suivi de l’amélioration des services de santé (76 %) ».