Des scientifiques chinois créent des bébés via CRISPR
La naissance des premiers humains génétiquement modifiés constituerait un exploit médical remarquable, mais elle suscitera également la controverse. Là où certains voient une nouvelle forme de médecine qui élimine les maladies génétiques, d’autres voient une pente glissante vers les améliorations, les bébés sur mesure et une nouvelle forme d’eugénisme. La technologie est chargée sur le plan éthique car les modifications apportées à un embryon seraient héritées pour les générations futures et pourraient éventuellement affecter l’ensemble du pool génétique. C’est actuellement illégal dans une grande partie de l’Europe, aux États-Unis et en Chine. On ne sait pas s’il a obtenu une permission spéciale ou ignoré son statut légal.
Un sondage d’opinion réalisé récemment par l’Université Sun Yat-Sen a révélé que 60% des 4 700 Chinois interrogés seraient favorables à la légalisation des enfants édités si l’objectif était de traiter ou de prévenir la maladie. Les sondages ont trouvé des niveaux de soutien similaires aux États-Unis pour l’édition de gènes. Mais il y a très peu de soutien pour les « bébés sur mesure » dont l’apparence physique ou la personnalité a été modifiée.
La Southern University of Science and Technology a déclaré dans un communiqué du 26 novembre qu’elle n’était pas au courant des expériences de He Jiankui, qu’elles n’étaient pas réalisées à l’université et qu’il était en congé depuis février.
Plus de 100 chercheurs biomédicaux chinois ont mis en ligne un communiqué condamnant fermement les déclarations de He. « L’expérimentation humaine directe ne peut être décrite que comme « folle » », lit-on dans le communiqué. Les scientifiques ont appelé les autorités chinoises à enquêter sur cette affaire et à introduire une réglementation stricte en la matière. « La boîte de Pandore a été ouverte et nous aurons peut-être l’occasion de la fermer avant qu’elle ne soit irréparable. »