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L’énergie nucléaire dans le monde

L’énergie nucléaire contribue pour environ dix pour cent à la production mondiale d’électricité (situation janvier 2021). Sur les 33 pays qui exploitent des centrales nucléaires dans le monde entier, 13 – dont la Suisse – couvrent plus d’un quart de leurs besoins en électricité avec des centrales nucléaires. Sur les 36 nations de l’OCDE, 18 produisent de l’électricité via de telles centrales. Dans ces pays, la part de l’énergie nucléaire est, en moyenne, d’un peu moins de 30%. En 2020, ce sont les Etats‑Unis qui ont produit le plus d’électricité nucléaire avec 94 installations (deux sont en construction), devant la France (56 réacteurs), la Chine (49 réacteurs) et la Russie (38 réacteurs).
Début 2021, on recensait dans le monde 441 réacteurs en exploitation dans 33 pays. Sur les 33 centrales nucléaires japonaises en état de fonctionnement, seules neuf étaient connectées au réseau début 2021. Les autres étaient à l’arrêt. Au Pays du Soleil Levant, depuis l’accident de réacteur de Fukushima-Daiichi, en 2011, toutes les centrales nucléaires opérationnelles ont été peu à peu déconnectées du réseau. Là-bas, les exploitants ne peuvent redémarrer les réacteurs que s’ils réussissent toutes les étapes de la procédure de remise en service renforcée.
Contrairement à l’Allemagne et à la Suisse, la plupart des autres pays disposant de l’énergie nucléaire continuent d’investir dans cette technologie qui préserve les ressources et l’environnement. Ainsi, début 2021, 54 centrales nucléaires étaient en construction dans le monde, dont 14 en Chine.


Après Fukushima, de nombreux pays ont fait inspecter leurs installations nucléaires et revu leur politique énergétique. Dans le contexte post-Fukushima, les pays de l’UE et la Suisse ont soumis leurs centrales nucléaires à un test de résistance afin d’éliminer les éventuelles lacunes de leurs installations. En Suisse, l’autorité de surveillance nucléaire, l’IFSN, a ordonné de vastes contrôles de sécurité. Elle a lancé un plan d’action pour exploiter les enseignements tirés de l’accident japonais. Ces travaux se sont achevés fin 2016. Les résultats des tests de sécurité étaient fondamentalement bons pour la Suisse, même si certains points faibles potentiels peuvent être éliminés et les marges de sécurité augmentées.
La succession des faits lors de l’accident de Fukushima a été analysée avec précision dans le monde entier. Le gouvernement japonais et une commission nommée par le Parlement ont conclu que l’origine n’était pas la technique, mais une culture de la sécurité insuffisante : les connaissances en la matière acquises au fur et à mesure sur le plan international n’avaient pas été prises en considération et intégrées sous forme de rééquipements techniques, comme par exemple en Suisse. Si les normes internationales avaient été respectées dans l’installation de Fukushima, l’accident ne serait pas arrivé.
Etant donné que du point de vue technique, il n’y a pas de raison de renoncer à l’énergie nucléaire et à ses avantages importants dans la mesure où l’on respecte les normes internationales, quasiment toutes les nations disposant de l’énergie nucléaire poursuivent leurs programmes nucléaires civils. Il y a en outre toute une série de pays qui réfléchissent à la possibilité d’entrer dans le nucléaire. Ainsi, le Bangladesh, la Biélorussie, les Emirats arabes unis et la Turquie ont déjà lancé la construction de leurs premières centrales. Aujourd’hui, plus de 130 centrales nucléaires sont en phase d’étude ou d’autorisation de par le monde. Une proportion significative de ces projets concerne l’Asie, notamment la Chine et l’Inde. L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) s’attend à une forte augmentation de l’utilisation de l’énergie nucléaire dans cette région.

Travaux de construction aux Etats-Unis et en Europe de l’Ouest
Aux Etats-Unis, le Congrès a adopté une nouvelle loi sur l’énergie durant l’été 2005 qui encourage les énergies dégageant peu de CO₂ et ouvre ainsi largement les portes à la construction de nouvelles centrales nucléaires. L’Etat a rationalisé la procédure d’autorisation et assume le surcoût des six premières nouvelles centrales nucléaires au cas où l’opération prendrait du retard sans que le maître d’ouvrage puisse en être tenu responsable. Jusqu’au début 2010, des demandes de construction et d’exploitation pour un total de 28 centrales nucléaires ont été adressées à l’autorité de surveillance. Toutefois, environ la moitié des demandes ont été retirées par leurs auteurs pour des raisons économiques. Jusqu’à mi-2018, l’autorité a donné son accord pour la construction de 14 centrales nucléaires. Seules deux d’entre elles sont actuellement en construction.

Les Etats-Unis encouragent toutes les formes d'énergie
 pauvres en CO2: ici, la construction d'une des deux 
nouvelles tranches nucléaires sur le site 
de Virgil C. Summer, 
en Caroline du Sud. 
En Europe, la Finlande construit sa cinquième centrale nucléaire à Olkiluoto. Il s’agit d’un réacteur européen ultramoderne à eau sous pression (EPR). De plus, les préparatifs pour la construction d’une nouvelle centrale nucléaire en Finlande sont en cours. Le pays veut ainsi réduire sa dépendance vis-à-vis des importations de courant en provenance de Russie. En Europe, un autre EPR est en construction depuis fin 2007 en France, sur le site de Flamanville, en Normandie.

La première centrale nucléaire française du type EPR
 doit commencer à produire de l’électricité
 aux alentours de 2020.

Début 2008, le gouvernement britannique a décidé de remplacer ses centrales nucléaires vieillissantes par de nouvelles. La Grande-Bretagne prévoit actuellement d’augmenter sa capacité nucléaire de 16’000 mégawatts sur huit sites d’ores et déjà définis. Le Royaume doublerait ainsi la part du nucléaire, de 20% actuellement à plus de 40%. Ceci explicitement pour réduire sa dépendance vis-à-vis des énergies fossiles ainsi que ses émissions de gaz polluants à effet de serre. Le projet de construction de Hinkley Point, dans le sud de l’Angleterre, où deux réacteurs de type EPR doivent être construits, est le plus avancé.

Europe de l’Est : du charbon et du gaz à l’énergie nucléaire

Plusieurs pays d’Europe centrale et d’Europe de l’Est misent aussi sur l’énergie nucléaire. Ils veulent réduire leur dépendance vis-à-vis du charbon et des importations de gaz naturel ou remplacer leurs centrales nucléaires existantes par de nouvelles installations modernes. En Slovaquie, deux réacteurs de modèle russe sont ainsi en construction. La Roumanie a mis en service sa centrale nucléaire la plus récente en 2007 (Cernavoda 2, un réacteur canadien Candu à eau lourde). Le pays prévoit de construire deux autres unités du même type au cours des prochaines années avec l’aide chinoise.

La construction de nouvelles centrales nucléaires en Bulgarie, en République tchèque et en Lituanie est également sérieusement envisagée. La Hongrie aussi souhaite construire de nouvelles centrales nucléaires. En 2014, elle a donc conclu un accord avec la Russie pour la construction de deux tranches.

La Russie et l’Asie misent sur l’énergie nucléaire

La Chine est passée tardivement à l’énergie nucléaire. Le pays n’a mis sa première centrale nucléaire en service qu’au début des années 1990. Aujourd’hui, 49 centrales nucléaires approvisionnent le pays en électricité (situation: janvier 2021). Leur part dans le mix électrique chinois est de 4%. Cette proportion va fortement augmenter au cours des prochaines années: plus d’une douzaine de centrales nucléaires sont en construction et trois douzaines sont à un stade de planification avancé. Le Bangladesh et la Corée du Sud mènent eux aussi des activités de construction et les deux pays ont chacun lancé la construction de leurs deux premières centrales.

La Russie et l’Inde poursuivent également des projets de développement ambitieux. La Russie souhaite mettre en service deux nouvelles constructions par an afin de pouvoir exporter davantage de gaz naturel à bon prix en Europe de l’Ouest. Fin 2017, sept réacteurs étaient en construction, parmi lesquels la première centrale nucléaire flottante au monde dont les deux petits réacteurs permettront l’alimentation en électricité et en chauffage de l’Arctique russe. En Inde, six réacteurs étaient en construction fin 2017 et environ 20 installations supplémentaires étaient prévues. Le Pakistan ajoute deux nouveaux réacteurs aux quatre dont il dispose déjà.

Le Proche-Orient et l’Amérique latine s’y mettent

Il est remarquable que les Emirats arabes unis, qui disposent d’importants gisements de pétrole, aient décidé de miser pour l’avenir sur l’énergie nucléaire: en été 2012, ils ont commencé à construire la première de quatre centrales nucléaires du type coréen. Celle-ci devrait commencer à produire de l’électricité en 2019. Les quatre réacteurs devraient tous être en service d’ici à 2020/2021. La Turquie elle aussi prévoit d’entrer dans le nucléaire. La première centrale nucléaire du pays est ainsi en construction depuis avril 2018 sur le site d’Akkuyu, sur le littoral méditerranéen, et quatre autres réacteurs sont prévus sur le site de Sinop, dans le nord du pays.

L’Iran a mis sa première centrale nucléaire en service en 2011. Le pays souhaite construire d’autres réacteurs avec l’aide russe. Des réacteurs russes doivent également être construits en Egypte, qui n’exploite actuellement aucune centrale nucléaire. L’Argentine, le Brésil, le Mexique et l’Afrique du Sud préparent actuellement l’extension de leur parc nucléaire actuel. En Argentine, la troisième centrale nucléaire du pays a été mise en service début 2014. La troisième centrale nucléaire brésilienne doit commencer à produire de l’électricité en 2023.

De bonnes raisons de construire de nouvelles centrales nucléaires

Ces constructions sont motivées par de bonnes raisons:

  • Les centrales nucléaires du boom des années 1970 vont atteindre le terme de leur durée d’exploitation économique prochainement. Il faut penser suffisamment tôt à leur remplacement.
  • La demande en électricité ne cesse d’augmenter à travers le monde, notamment dans les pays émergents à forte population comme le Brésil, la Chine ou l’Inde qui, depuis des années, affichent une forte croissance économique. D’après les estimations de l’Energy Information Administration américaine, la demande mondiale en électricité pourrait quasiment doubler d’ici à 2025.
  • La stabilité des prix de l’énergie nucléaire, qui, contrairement aux sources d’énergie fossiles, ne dépendent pas du prix du combustible, rend l’énergie nucléaire attrayante.
  • Les nouvelles énergies renouvelables ne peuvent pas être régulées et ne produisent pas de façon adaptée aux besoins.
  • La protection de l’environnement et la raréfaction des matières premières plaident en faveur de l’énergie nucléaire qui ne rejette quasiment pas de gaz à effet de serre et préserve l’environnement.
Après deux décennies de tassement de l’activité de construction, les chantiers de centrales nucléaires reprennent. Les nombreuses évolutions techniques dans le domaine de la construction des réacteurs au cours des dix dernières années doivent faire leur preuve commercialement.

Les Émirats arabes unis entrent dans l’ère nucléaire

Les Émirats arabes unis ont mis en exploitation la première centrale nucléaire du monde arabe, véritable illustration de leur volonté de diversifier leur économie. La pétromonarchie développe aussi les énergies renouvelables et souhaite attirer davantage d’investissements liés aux hautes technologies.


Douze ans après avoir dévoilé leur programme nucléaire « pacifique », les Émirats arabes unis ont mis en service, vendredi 31 juillet, le premier réacteur de la centrale de Barakah, dans le nord-ouest du pays.

Le premier pays arabe à produire de l’énergie nucléaire civile
À terme, cette centrale comptera 4 réacteurs et aura la capacité de produire 5 600 mégawatts d’électricité, soit environ 25 % des besoins en énergie du pays. Sa construction, estimée à environ 22,5 milliards d’euros, est assurée par un consortium mené par le groupe sud-coréen Korea Electric Power Corporation (Kepco).
Les Émirats arabes unis deviennent ainsi le premier pays arabe à produire de l’énergie nucléaire civile. Ce programme répond à une des priorités de la politique émirienne : la diversification de son économie. Selon Mohammed Ibrahim Al Hammadi, directeur général d’Emirates Nuclear Energy Corporation (Enec), « des milliers d’emplois seront créés grâce à la mise en place d’une industrie nucléaire locale ».

50 % d’énergie propre en 2050
Le projet est « un excellent moyen pour Abu Dhabi de compléter ses revenus pétroliers », confirme Jim Krane, de l’université Rice à Houston.
Dans ce pays qui compte 9,6 millions d’habitants, les besoins en électricité sont croissants, notamment du fait de l’utilisation systématique de la climatisation. Hormis le nucléaire, le pays a aussi mis en place un programme ambitieux pour développer les énergies renouvelables, avec l’objectif de produire 50 % de son énergie à partir de sources propres d’ici à 2050.
Le démarrage de cette centrale pourrait permettre au pays d’attirer des investissements « dans différents secteurs porteurs, comme la haute technologie », estime Scott Livermore, économiste en chef chargé du Moyen-Orient au sein du cabinet d’études Oxford Economics.

Une mission vers Mars
La pétromonarchie espère sortir de sa dépendance aux revenus de l’or noir pour tendre vers « une économie du savoir », basée sur l‘innovation et la recherche. En plus du nucléaire, les Émirats arabes unis ont, par exemple, lancé le mois dernier la première mission spatiale arabe vers la planète Mars.

Pour Abu Dhabi, la diversification est un besoin impérieux. Son économie est déjà la plus développée des pays réunis au sein du Conseil de coopération du Golfe. Mais la baisse des prix du pétrole devrait avoir un effet négatif sur son économie. Et du fait de la crise du Covid-19, le PIB pourrait se contracter de 7,8 % en 2020