Le premier ministre Pedro Sanchez avait fait de l’exhumation de la dépouille du dictateur l’une de ses priorités. Les députés ont approuvé son décret.
La chambre a approuvé le texte par 172 voix pour,
2 contre et 164 abstentions.
Pedro Sanchez l’avait promis en arrivant au pouvoir, au début de juin. Les députés espagnols ont approuvé, jeudi 13 septembre, le décret du gouvernement socialiste autorisant l’exhumation des restes du dictateur Francisco Franco de son mausolée, près de Madrid. La chambre a approuvé le texte par 172 voix pour, 2 contre et 164 abstentions.
« Justice. Mémoire. Dignité. Aujourd’hui, l’Espagne fait un pas historique (…) Aujourd’hui, notre démocratie est meilleure », a aussitôt réagi Pedro Sanchez sur Twitter.
Francisco Franco, vainqueur d’une sanglante guerre civile (1936-1939) et qui dirigea l’Espagne d’une main de fer jusqu’à sa mort, en 1975, est enterré à la Valle de los Caidos dans une tombe à son nom, toujours fleurie.
« Une anomalie extraordinaire »
Les corps de quelque 27 000 combattants franquistes et de 10 000 opposants républicains reposent aussi à cet endroit, dans une crypte. Devant la chambre, la vice-présidente du gouvernement, Carmen Calvo, a appelé à en finir avec « une anomalie extraordinaire qui consiste à avoir un dictateur dans un mausolée d’Etat et dans un lieu où il puisse être exalté ». « Il n’y aura ni respect, ni honneur, ni concorde tant que les restes de Franco seront au même endroit que ceux de ses victimes », a-t-elle soutenu. Le gouvernement a dit son intention de mener à bien l’exhumation d’ici à la fin de l’année.
La Fondation Franco et les descendants du dictateur, farouchement opposés à l’exhumation, ont prévenu qu’ils utiliseraient « tous les recours légaux » pour s’y opposer, avant de concéder, fin août, qu’ils prendraient en charge sa dépouille si l’exhumation avait lieu.
La mémoire de la guerre civile et de la dictature de Franco continue de diviser en Espagne : la gauche prétend rendre justice aux victimes de la guerre et de la répression, dont des milliers sont encore enterrés dans des fosses communes à travers le pays ; les conservateurs du Parti populaire, qui se sont abstenus lors du vote, comme les libéraux de Ciudadanos, accusent la gauche de rouvrir les blessures d’un passé douloureux.
Le précédent chef de gouvernement socialiste, José Luis Rodriguez Zapatero (2004-2011), avait lui aussi essayé de résoudre le problème de la Valle de los Caídos. Une commission d’experts avait conclu, en 2011, qu’il valait mieux ne pas toucher au monument, « construit dans la souffrance », ni essayer « de le remplacer par un autre qui symboliserait l’Etat de droit ». Elle conseillait plutôt d’expliquer en détail les circonstances de sa construction, par des milliers de prisonniers républicains pendant dix-huit ans (1941-1959), dans une Espagne profondément traumatisée par la guerre civile.