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Le peuple des ordures


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Partout dans le monde, plusieurs millions de personnes vivent au milieu des ordures, et grâce aux ordures. de Paris à Bogotá en passant par New Delhi, décortiquant ainsi le florissant business des déchets et du recyclage.
Embarquement pour un tour du monde à la rencontre d’une population rarement étudiée, souvent méprisée. A Levallois-Perret, en banlieue parisienne, Mauricette fait les poubelles. Elle récupère puis bricole divers objets qu’elle revend au marché des biffins de Saint-Ouen, sous le périphérique. Elle n’a pas d’autre choix pour arrondir ses fins de mois et compléter sa petite retraite. Dans le monde, pour des milliers de gens comme elle, la « récup » est le seul moyen de gagner un peu d’argent. 

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En Inde, à New Delhi, sur une montagne d’ordures, dans une nuée de mouches, des gens de tous âges s’affairent à fouiller, à trier. Parmi eux, Ali, 16 ans et déjà neuf années de travail derrière lui. Il vit avec son frère et sa mère dans une cabane au pied de la décharge. Des dizaines de camions y recrachent chaque jour des trésors potentiels : plastique, verre, métal. En revendant des bouteilles vides, Ali gagne environ 50 euros par mois, à peine de quoi acheter nourriture et vêtements. Pourtant, le jeune homme aspire à une vie normale : « Ce que je veux faire plus tard ? Je veux trouver un travail, être jardinier, ou je veux un travail où je serai le patron. Je ne suis pas heureux. » 


Un moyen de survie menacé

Au Ghana, la caméra suit Idrissou, 18 ans et cinq ans « d’expérience ». Malgré les risques pour sa santé, il récupère le cuivre sur une décharge de déchets électroniques, la « spécialité » du pays. Ici, le cuivre et les composants d’ordinateurs valent de l’or, et plus encore depuis que les Chinois viennent faire des affaires en rachetant des microprocesseurs. Dans l’Afrique de la débrouille, tout se transforme : la tôle des vieux frigos devient des récipients, l’aluminium des carcasses ­d’ordinateur se réincarne en marmites, une vieille télé achetée 5 euros est réparée puis revendue cinq fois plus cher. ­­A des milliers de kilomètres de là, à Bogo­tá, en Colombie, c’est une femme qui est la porte-parole des recicladores, les recycleurs. Nohra a passé son enfance dans une décharge. Aujourd’hui, elle se bat pour obtenir des droits et sauver ce métier qui fait vivre des familles entières, alors qu’un consortium privé s’occupe à présent de la gestion des déchets. En Inde aussi, les compagnons de galère d’Ali organisent des meetings, revendiquent le droit de scolariser leurs enfants et d’avoir un statut. Ainsi, ces glaneurs ont aujourd’hui la volonté de se défendre dans des sociétés qui, après les avoir longtemps méprisés, tentent de récupérer leur gagne-pain. 


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