Deux jeux de photos qui épuisent les
mots, deux séries de clichés pour dire l'avant et l'après.
Avant : une mère de famille d'une beauté à couper
le souffle qui illumine les albums photos de vacances ; un couple qui
s'épanouit dans une vie de famille égayée par les rires de ses trois enfants ;
une réussite professionnelle dans les métiers du prêt-à-porter qui chasse tout
souci d'argent.
Après : l'horreur qui s'abat comme la lame d'une guillotine ; un corps
tronçonné aux chairs martyrisées ; des lits de douleur et de désespérance ; une
vie réduite à des moignons et à des prothèses. Le cauchemar a pris naissance
dans le bloc opératoire de la maternité du CHU de Bordeaux.
En juillet 2011,
quelques mois après la naissance de son dernier enfant, Priscilla Dray tombe de
nouveau enceinte. Avec son époux, David, cette commerçante bordelaise alors
âgée de 36 ans décide de recourir à une interruption volontaire de grossesse.
L'intervention ne doit durer que quelques heures.
En quittant l'établissement,
comment pourrait-elle imaginer qu'elle perdra bientôt ses deux jambes, un avant-bras
et une main ? « Dès le lendemain, le samedi, j'avais de la fièvre et des
douleurs au bas-ventre. Je suis immédiatement revenue au CHU. J'ai été reçue
par l'interne de garde des urgences... .
L'interne décide finalement de la renvoyer à son domicile après avoir retiré le
stérilet placé après l'IVG. Il faudra attendre le dimanche - soit deux jours
après l'intervention - pour que le médecin de garde diagnostique finalement une
septicémie en étudiant son dossier.
De retour à l'hôpital vers midi,
elle ne reçoit son traitement qu'à 17 heures. C'est ce retard dans
l'administration des médicaments que pointent du doigt les plaignants. La jeune
femme sera amputée de ses quatre membres quelques semaines plus tard.