L'envahisseur a un nom : Magicicadas septendecim : de petites cigales de trois ou quatre centimètres, noir et orange. Des "cigales de 17 ans", aussi appelées "cigales zombies" parce qu’elles passent toute leur vie sous terre sous forme de nymphe, c’est-à-dire juste avant d’arriver à l’âge adulte. Elles s’y nourrissent de racines et de sève avant de sortir de terre pour se reproduire et mourir. Rassurez-vous, c’est une espèce qui n’existe qu’aux États-Unis. Lorsqu'elles sortent de terre, il devient difficile de conduire la fenêtre ouverte. Les cadavres jonchent le sol avant de disparaitre et les mâles appelant les femelles peuvent faire un bruit assourdissant, jusqu'à 100 décibels, comme un marteau piqueur.
Un cycle de 13 à 17 ans
La dernière grande éclosion, près de la capitale fédérale Washington, date de 2004. Mais, il y a en eu aussi en 2016 dans les États plus au Sud, comme la Louisiane, où l'espèce à un cycle de vie plutôt de 13 ans. Pour leurs homologues plus au Nord, les scientifiques de l’université Virginia Tech estiment qu’elles sont prêtes pour leur grand bal de reproduction cette année. Mais il faut que la température extérieure soit autour des 17°C après une nuit un peu humide pour les voir sortir toutes en même temps, ce qui devrait arriver d’ici quelques semaines. Une vision un peu apocalyptique, qui vous passe l’envie de faire un pique-nique.
Même si c’est impressionnant, ces cigales ne piquent pas, ne font pas comme les criquets qui ravagent les cultures en Afrique de l’Ouest en mangeant tout sur leur passage. Les arboriculteurs et les viticulteurs américains ont quand même commencé à prendre des précautions en couvrant leurs arbres ou leurs plants.
Une stratégie de survie pour l'espèce
Les scientifiques américains qui les étudient ne savent pas vraiment pourquoi elles vivent ainsi mais ils estiment que c’est une stratégie de survie de l’espèce. Ainsi, en arrivant toutes en même temps pour leur reproduction, elles font le régal de leurs prédateurs : les oiseaux, les écureuils et autres rongeurs. Mais face à la quantité, près de 2 000 insectes par mètre carré, ils n’arrivent pas à suivre la cadence. Et cela permet à une bonne partie de l’espèce de survivre pendant les six semaines que durent leur reproduction. Mais cette capsule temporelle ne les protège pas totalement, les "cigales zombies" sont considérées comme quasi menacées aux États-Unis, notamment en raison d’un champignon mais aussi à cause de l’artificialisation des sols. Difficile pour elles avec le béton de trouver le chemin de la sortie après 17 ans de confinement sous terre.